Au laboratoire, nous avons une sorte de jeux que nous nommons "jogging", et qui consistent à faire des calculs à propos de phénomènes simples : quelle doit être la taille de la boîte où l'on stocke des meringues pour que celles-ci restent croustillantes ? quelle doit être la longueur d'une fourchette qui permettrait de manger avec le diable ? quelle est l'épaisseur de la croûte d'un soufflé ? combien de gouttes d'huile dans une sauce mayonnaise ?
Et ainsi de suite : chaque fois, il s'agit d'imaginer un calcul, c'est-à-dire que nos jogging, nos entraînements, sont en réalité des problèmes et non des exercices, la différence étant qu'un exercice est l'application directe d'une notion du cours, tandis qu'un problème nécessite un peu d'imagination, de créativité, de choix, de débrouillardise...
Et c'est là où il y a une difficulté : beaucoup de nos jeunes amis sont déjà débordés par la simple application des lois qu'ils apprises, et l'expérience prouve que beaucoup ne parviennent pas résoudre les problèmes. Bien sûr, il y a des exceptions, d'une part, et, d'autre part, mon observation n'est pas une dénonciation, mais une analyse pour aller plus loin, pour faire mieux : sic itur ad astra... si l'on ne se complaît pas dans ses propres insuffisances, mais si, au contraire, on les analyse pour les pallier (par du travail bien ciblé).
Bref il y a la nécessité de les aider, et je propose la méthode suivante : face à une question, on commence par la répéter lentement pour bien la comprendre ; puis on décrit la situation avec des mots, en faisant un schéma ou une expérience.
Par exemple, si l'on considère la question de la boite où l'on conserve les meringues, on comprend qu'il faille commencer par considérer les meringues : que sont-elles ? comment les obtient-on ? quelle est leur composition ?
Ayant cette description, par des mots, on arrive généralement sur des adjectifs et des adverbes. Par exemple, pour les meringues : on chauffe "beaucoup" ou bien "longtemps", et ainsi de suite.
Et c'est là qu'une des méthodes caractéristiques de la science nous aide, car cette méthode stipule que tout adjectif, tout adverbe doit être remplacé par la réponse à la question combien ?
Il y a beaucoup de blanc en neige : combien, quel volume ? On évapore de l'eau : combien ? Et ainsi de suite.
A ce stade, on n'a que l'embarras du choix, pour déterminer une question et l'étudier quantitativement ! Chacun choisit ce qui l'amuse, parce que je répète que nos "joggings" sont des entraînements.
Pour calculer l'épaisseur de la croûte d'un soufflé, par exemple, on peut décider de partir de la consommation électrique de four, ou bien de la quantité d'eau évaporée lors de la cuisson d'un soufflé, et ainsi de suite.
Mais reste la règle essentielle des sciences de la nature : toujours remplacer des adjectifs et des adverbes par la réponse à la question "Combien ?".
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
samedi 15 mai 2021
Toujours remplacer adjectifs et adverbes par la réponse à la question "combien ?"
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