II. [Corresp. à retenir II]
A. Aptitude à se contrôler, à maîtriser ses réactions, ses sentiments. Synon. mesure, modération. Cette fois, il parut perdre un moment toute retenue, tout contrôle de son dangereux plaisir (BERNANOS, Joie, 1929, p. 641).
Littér. [Avec un compl.] La princesse a fait une sortie féroce contre Gavarni, contre l'artiste et surtout contre l'homme. C'est extraordinaire, le peu de retenue des passions de cette femme (GONCOURT, Journal, 1864, p. 90).
B. 1. Comportement social d'une personne qui sait maîtriser l'expression de ses sentiments, ne pas heurter, ne pas choquer.
Synon. discrétion, réserve, tact. Je l'avais vu périr [un brick français] de loin, sans que l'on pût sauver un seul homme de l'équipage, et, malgré la gravité et la retenue des officiers, il m'avait fallu entendre les cris et les hourras des matelots (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 173). Antoine avait quitté un Rumelles-1914, assuré, maître de lui, un peu suffisant et qui pérorait volontiers sur toutes choses, mais avec une retenue étudiée. Quatre années de surmenage en avaient fait cet homme au rire brusque et convulsif (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 802).
2. [En parlant des rapports entre hommes et femmes] Synon. de décence, modestie, pudeur, réserve. Elles causent avec grâce et une modeste retenue, mais sans embarras, et comme accoutumées à l'admiration qu'elles inspirent (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 218):
2.
... malgré moi mes yeux revenaient à la place où Madeleine dormait
dans ses mousselines légères, étendue sur la rude toile qui lui servait
de tapis. Étais-je ravi? Étais-je torturé? J'aurais plus de peine encore
à vous dire si j'aurais souhaité quelque chose au delà de cette vision
décente et exquise qui contenait à la fois toutes les retenues et tous les attraits.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 167.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 167.