La terrible question de la stratégie
de la recherche scientifique
Les scientifiques doivent faire des
découvertes. C'est bien d'accord. Toutefois on ignore souvent
combien la question est difficile.
Une découverte ? Si l'on savait à
l'avance ce que l'on doit découvrir, et comment le découvrir, la
découverte n'en serait pas une.
Examinons, par exemple, la découverte
de l'iode. Il aura fallu une observation d'étranges vapeurs
violettes, lors du traitement des algues, pour que l'on se mette à
chercher d'où venait cette vapeur, et que l'on trouve un nouvel
élément.
Pour mécanique quantique, idem :
alors que les physiciens étaient triomphants, qu'ils croyaient avoir
atteint le maximum de connaissances sur le monde, il fallut que l'on
s'intéresse à une prévision expérimentale réfutée par
l'expérience... pour découvrir finalement, au terme d'un très long
accouchement, que la théorie que l'on avait du comportement de la
matière était parfaitement fautif.
En pratique, comment le scientifique
peut-il se comporter, pour faire des découvertes ? Quelle
stratégie peut-il avoir ? Bien peu nous a été transmis à ce
sujet, parce que cela se saurait depuis longtemps s'il y avait une
« recette » de la découverte.
Je propose la métaphore suivante :
le scientifique est dans un paysage vallonné et embrumé, au point
de ne pas voir à quelques pas devant lui ; il cherche les
montagnes, lesquelles sont les découvertes. Comment faire ?
Comparaison n'est pas raison, mais
quand même. Ce qui semble clair, tout d'abord, c'est que
l'immobilité ne conduit à rien. Ce qui semble clair, aussi, c'est
que tout pas fait dans une direction où ça monte semble plus
favorable qu'un pas fait vers la descente... bien que cela ne soit
pas une garantie. Autrement dit, le scientifique doit absolument se
raccrocher aux « symptômes », aux ignorances, aux
moments où ça coince, puisque les deux exemples donnés plus haut
(et mille autres que je ne donne pas) indiquent que c'est ainsi que
se sont faites des découvertes importantes...
Des propositions ?