Affichage des articles dont le libellé est don. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est don. Afficher tous les articles

vendredi 18 août 2023

Un don ? Non, du travail



Un correspondant aimable m'écrit à propos de mon blog :

"La vulgarisation est un don pour celui qui l'exerce et un cadeau pour l'humanité".

C'est gentil à lui... mais je m'inscris en faux pour une partie : la vulgarisation n'est pas un don, mais du travail... et plus on devient bon scientifique, plus elle devient difficile, parce que l'on se souvient moins de ses propres difficultés.

Les dons ? Connais pas

Commençons par cette affaire de "don"... qui  me rappelle un ami, qui, récemment, m'a dit que, pour écrire, j'avais des "facilités".
Non, non, et non. Tout ce que j'écris me prend beaucoup de temps. Pour mes livres, par exemple, il me faut de nombreuses années avant que je sois prêt à lâcher un manuscrit à un éditeur. Et quand j'écris "nombreuses", c'est entre cinq et quinze.
Pour des textes plus courts, le fait que j'en fasse beaucoup n'est pas un signe de facilité ou de don, mais un temps passé très long... que personne ne voit. Je rumine, j'écris, j'y pense, je corrige, je rature, je réécris, je mets tout à la poubelle avant de recommencer, et c'est au bout d'un très long chemin.

Cela, c'est simplement pour les mots, qui sont écrits. Mais, avant les mots, il y a le choix des explications que l'on donne, et, là, c'est bien plus difficile (si l'on veut faire bien).
Plus difficile, parce que l'enjeu est de bien cibler les explications, de donner toutes les prémisses, toutes les "bases" qui sont nécessaires pour que nos interlocuteurs comprennent.
Et puis, il y a le choix du type de "chemin explicatif". Il semble logique d'aller du connu vers l'inconnu, mais une telle déclaration est simpliste, parce que :
- parfois, des approximations sont indispensables : lesquelles sont-elles supportables ?
- les sciences de la nature sont caractérisées par l'emploi du quantitatif, qui évite les discours inventés ; comment expliquer sans les équations qui fondent la science ?
- il peut y avoir plusieurs chemin, du connu vers l'inconnu : lequel choisir et pourquoi ?
 Bref, la vulgarisation, c'est avant tout du travail ! Et la "capacité" de la faire, voire de la faire bien, relève d'un long apprentissage, d'une pratique attentive, d'un travail acharné.

mardi 1 août 2023

Je ne suis pas bon à... Non : ce n'est pas une question de don, mais de travail !


La semaine dernière, j'ai proposé à un  groupe d'étudiants de Master de se noter eux-mêmes, ou, plus exactement, de proposer leur évaluation, pour une unité d'enseignement de la gastronomie moléculaire. 

N'est-ce pas un bon exercice que d''apprendre à mieux apprécier comment les autres (l'institution, les collègues, etc.) vous apprécient ? Et une façon d'apprendre à mieux appréhender les règles de la vie en société ? 

En tout cas, au lieu d'apparaître comme un "salaud de patron" face aux "gentils ouvriers", au lieu de pérenniser cette lutte des classes qui plombe les rapports entre enseignants et étudiants, je crois bon de brouiller un peu les rôles : de mettre chacun en face de ses responsabilités, sans trop de mauvaise foi. 

Les règles avaient été annoncées clairement : on avait dit qu'une présentation orale sur un thème du choix des étudiants serait fortement critiquée, mais pas évaluée, et que l'on évaluerait ensuite une seconde présentation orale du même sujet, en donnant du temps pour travailler à l'amélioration. 

 

Une (bonne) étudiante me dit ce matin : "je ne suis pas bonne en présentation orale". Et je lui réponds évidemment que cette réponse n'est pas admissible. Si elle n'est pas bonne, c'est principalement parce qu'elle n'a pas travaillé la chose. 

Ce qui me conduit aussitôt à répéter la merveilleuse histoire (vraie) du merveilleux Michael Faraday, qui, nommé directeur de la Royal Institution of London, DUT se mettre à faire des conférences, les Friday Evening Lectures, afin de financer l'institution. Faraday se mit à analyser la question, et il a consigné ses analyses dans un texte merveilleux. Il considère tout : le maintien, les intonations, la nature du discours, l'appui des expériences, la construction de la salle... Tout  ! 

Et c'est ainsi que, ayant travaillé à devenir bon conférencier, Faraday attira les foules pendant des décennies. 

 

Bref, quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a travaillé, et qui a donc appris, n'est-ce pas ?