Pourquoi des cuillers en bois, en cuisine ? Parce que l'on se
brûle quand on laisse des cuillers métalliques dans les casseroles où un
liquide est chauffé !
La question renvoie à cet
étonnement que l'on a en été, quand on entre, à l'ombre, s'asseoir sur
une chaise, alors qu'on est en short ou en maillot de bain : on sent du
froid quand la chaise est en métal.
Analysons : supposons qu'il fasse une température de 30 degrés, à l'intérieur de la maison ou de l'appartement.
La
chaise, qu'elle soit en bois ou en métal, est à cette température,
parce que, si elle était plus chaude, elle rayonnerait, et ne cesserait
de le faire qu'en étant à 30 degrés; et si elle était plus froide, elle
se réchaufferait. Nous nous asseyons donc sur une chaise dont la
température est de 30 degrés... mais notre corps est plus chaud : par
exemple 37 degrés.
De ce fait, sur une chaise en bois,
notre corps communique rapidement sa chaleur au bois... mais le bois est
mauvais conducteur de la chaleur, ce qui signifie qu'il est chauffé
localement, et que la chaleur déposée à cet endroit y reste.
Bref, le bois vient vite à la température du corps, de sorte que nous ne percevons bientôt plus de différence.
Pour
du métal, au contraire, notre corps chauffe le métal à l'endroit où
nous sommes assis... mais le métal évacue la chaleur vers le reste de la
chaise, de sorte qu'il faut que le corps redonne de la chaleur, et
ainsi de suite.
Pour les cuillers en bois,
c'est le même phénomène de conduction de la chaleur : la cuiller en
métal conduit la chaleur du contenu de la casserole, de sorte que nous
nous brûlons quand nous touchons le manche. Alors qu'avec une cuiller en
bois, seule la partie de cuiller dans la casserole est chauffée.
Tout
cela étant dit, le bois a d'autres avantages, à savoir qu'il ne raye
pas le métal ou les couches anti-adhésives. Inversement, il est
difficile à nettoyer et à débarrasser de ses bactéries, qui peuvent
venir entre les fibres.
Enfin, il a été dit que l'on
pouvait éviter de pleurer en épluchant des oignons si l'on mord dans une
cuiller en bois... mais j'ai fait l'expérience, et cela n'a pas marché.
Je rappelle qu'il suffit d'un seul contre exemple pour abattre une
règle générale. L'idée est donc abattue.
Vient de paraître aux Editions de la Nuée Bleue : Le terroir à toutes les sauces
(un traité de la jovialité sous forme de roman, agrémenté de recettes
de cuisine et de réflexions sur ce bonheur que nous construit la
cuisine)