Il me semble que j'avais sept ans : je venais de recevoir une boîte de chimie pour Noël, et c'était peu après que mon père m'ai dit, me montrant une bibliothèque neuve qu'il avait fait faire dans le nouvel appartement où nous avions déménagé : "Tu vois, tu peux tout lire". Pour le sourire, il faut ajouter que la bibliothèque était surtout pleine de dictionnaires de grecs, de textes de Georges Dumézil, de livres de médecine, de livres d'art...
Mais bon, j'avais ma boite de chimie, et c'était cela le plus important. J'avais commencé par souffler dans de l'eau de chaux pour voir qu'elle se troublait, par renverser un verre sur une bougie qui avait les pieds dans l'eau et observer que le niveau de l'eau montait avant que la bougie s'éteigne...
Puis j'avais lu dans le livret (très mal fait, et plein d'erreurs, je le sais aujourd'hui) d'accompagnement du matériel que l'azote était utilisé comme engrais.
L'azote, un engrais ? Mon père avait de superbes rosiers, dans les jardinières des balcons, et je voulus favoriser leur croissance : il fallait y mettre de l'"azote".
Mais où trouver cet azote ? Bientôt, j'appris que l'ammoniaque contenait de l'azote. Et allons-y pour mettre de l'ammoniaque au pied de toutes les plantes... qui ont crevé.
On le voit : la confusion entre élément, molécule, atome, composé... est source d'erreurs, de confusion. Cette expérience n'est pas à l'origine de mon attachement pour le sens juste des mots, mais elle ne m'a pas non plus fait sortir de cette idée... qui est celle qu'Antoine Laurent de Lavoisier exprime dans l'introduction de son Traité élémentaire de chimie !
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