« L'enthousiasme est une maladie qui se gagne » : cette phrase de Voltaire est un cadeau que m'a fait le président directeur général de l'Inra lors d'une remise de décoration.
De mon côté, lors de cette manifestation où j'avais réuni des amis, j'avais fait un discours qui disait en substance que nous sommes ce que nous faisons. Et le président de l'Inra m'a répondu par cette phrase dont j'ignorais l'existence, et que j'ai adoptée immédiatement.
Mais j'ai réfléchi
Enthousiasme ? Certainement : la recherche scientifique me paraît si merveilleuse que je la pratique avec un immense enthousiasme, que j'y mets une énergie considérable.
Et il est vrai que cet enthousiasme est contagieux. Oui, les individus qui ont du « feu » contribuent à réchauffer ceux qui les entourent. L'énergie, l'envie de contribuer, le bonheur de faire, d'apprendre, l'enthousiasme, en un mot, est quelque chose qui se partage, qui diffuse, qui s'étend, qui s'embellit de l’énergie des autres.
Le mot « feu » utilisé plus haut n'est pas choisi au hasard : Aristophane disait qu' « enseigner, ce n'est pas emplir des cruches, mais allumer un brasier ». Il y a cela : rayonner, être contagieux, partager l’enthousiasme.
La formule est-elle telle qu'on la voudrait ?
Avec le mot « contagieux », avec le mot « maladie », il semble y avoir quelque chose de mauvais, mais est-ce juste ? Au fond, on peut imaginer de bonnes ou de mauvaises maladies. Par exemple, si nous transmettons un virus qui protège, alors notre contagiosité conduira à propager une bonne maladie.
Mais ne jouons pas sur les mots. Ou, au contraire, cherchons mieux que la formule de Voltaire. Il faut pour cela un terme qui dénote le rayonnement sans avoir la connotation de la maladie. Le mot « feu » n'est peut-être pas le meilleur, car l'objet qu'est le feu présente des dangers.
Que cherchons-nous à nommer ? Le fait de recevoir de l'enthousiasme et de le réémettre ensuite. On pense immédiatement à la question des relais, à cela près que cette comparaison n'implique pas de multiplicateur. Je ne vois donc pas, pour le moment, et je compte paresseusement sur mes amis pour me proposer autre chose que cette formulation merveilleuse de Voltaire.
Mais en attendant, de toute façon, l'idée demeure : l'enthousiasme est une maladie qui se gagne.
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