mercredi 4 juillet 2012

Le véritable scandale alimentaire

Depuis quelques années, le "monde" bruit d'affaires alimentaires. On nous parle de pesticides (des résidus), de contamination par des dioxines, de métaux lourds, de danger des additifs, on nous annonce le pire, à chaque minute...

Je propose de penser que les "marchands de peur" sont des salauds !
Car les faits sont bien différents... et, surtout, par le beau temps d'été, je vois les jardins de banlieues ou de campagne pleins de barbecues : nos concitoyens se bourrent allègrement de benzopyrènes cancérogènes... en toute mauvaise foi, puisqu'ils savent parfaitement que ces composés sont déposés par les flammes, et qu'ils sont dangereux. D'ailleurs, ne doit-on pas rigoler (jaune?) quand on entend dire qu'il faut des acides gras très spécifique... mais que l'on ne demande pas au chocolat ce qu'il contient, ne matière de graisse ?

Oui, le véritable scandale alimentaire, ce n'est pas la contamination des aliments (la très grosse majorité sont parfaitement sains), mais la mauvaise foi du public, et la malhonnêteté des marchands de peur.

De même que nous devons revendiquer ( à l'industrie comme aux artisans) des produits sains, loyaux, marchands, nous devrions faire une loi, comme celle de 1905, pour imposer des informations justes, vérifiées, pertinentes, relativisées...

Quel dommage que quelques uns préfèrent "vendre du papier" au lieu de distribuer une information qui fasse grandir les citoyens.

Tiens, une idée positive : et si l'on demandait à toute personne évoquant des "dangers chimiques" (d'ailleurs, danger, ou risque ?) si elle connaît la différence entre composé, produit, molécule ?

C'est cela, le vrai scandale alimentaire : que des individus effraient leurs concitoyens avec des informations qu'ils ne comprennent pas !

jeudi 28 juin 2012

L'évaluation des étudiants

On me demande régulièrement d'évaluer des étudiants qui viennent en stage.
C'est légitime, car les universités ou écoles qui ont l'audace de me confier de jeunes âmes (simples et naïves ;-) ) doivent aussi s'assurer que tout se passe bien : il en va de leur responsabilité, et, sous ma plume, ce n'est pas un vain mot.

Donc les étudiants viennent, travaillent (j'espère, je crois), apprennent (beaucoup, j'espère), et vient la fin du stage.
Les fiches d'évaluation demandent généralement d'évaluer le travail effectué, la conduite, le comportement, les capacités, etc.

Dans notre Groupe, les amis se comportent nécessairement bien (sinon ils sont virés dans la seconde ;-)), donc la question n'est pas là.
Dans notre groupe, le travail est acharné, assidu. Donc la question ne se pose pas.

En revanche, à la réflexion, je trouve que la question posée par mes amis tuteurs n'est pas juste... parce que je me souviens quand j'étais petit.

En cours de gym, on nous mettait en rang, sur une ligne, et on nous faisait courir le 100 mètres. Le premier avait 20, et le dernier 0.

C'est injuste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Les enseignants sont là pour enseigner, pas pour juger des capacités des élèves.
Conclusion : il faut donc noter SEULEMENT la progression.

Et c'est là que ça se corse : la progression de l'élève dépend notablement de la capacité de l'enseignant à faire progresser l'élève.
Autrement dit, l'évaluateur devrait s'évaluer lui-même.

Qui d'entre nous le fera honnêtement ?

mercredi 27 juin 2012

Je crois que j'en ai déjà parlé, mais j'ai affiné la réflexion


La terrible question de la stratégie de la recherche scientifique

Hervé This


14 juin 2012




Les scientifiques sont en quête de « découvertes ». C'est bien d'accord. Toutefois on ignore trop souvent combien la question est difficile.

Une découverte ? Si l'on savait à l'avance ce que l'on doit découvrir, et comment le découvrir, la découverte n'en serait pas une. Si l'on avait une méthode, une stratégie, une tactique simplement, voire une recette, les choses seraient si simples !
A l'analyse de l'histoire des sciences, je crois au contraire que nous n'avons pas cela, et il semble utile de le dire publiquement, notamment aux jeunes qui s'engagent dans la voie des sciences (si par hasard vous avez quelque chose à proposer, n'hésitez pas à me le faire partager!).




Examinons, par exemple, la découverte de l'iode, par Bernard Courtois (1777-1838) : c'est en préparant du salpêtre pour l'armée qu'il est conduit à utiliser des cendres de varech, et que, chauffant ces dernières, il est étonné par l'apparition d'étranges vapeurs violettes, qu'il découvre un nouvel élément, l'iode.
Pour la mécanique quantique, idem : alors que les physiciens étaient triomphants, qu'ils croyaient avoir atteint le maximum de connaissances sur le monde, il fallut que l'on s'intéresse à une prévision expérimentale réfutée par l'expérience (en gros, comment un fer à cheval chauffé dans une forge émet de la lumière)... pour découvrir finalement, au terme d'un très long accouchement, que la théorie que l'on avait du comportement de la matière était parfaitement fautif.
Faisons bref, et renvoyons ceux qui le souhaitent au merveilleux livre de Jean Jacques : L'imprévu, ou la science des objets trouvés (Le seuil, 1999), ou encore aux oeuvres complètes de Louis Pasteur, pour qui la chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés.


En pratique, comment le scientifique peut-il se comporter, pour faire des découvertes ? Quelle stratégie peut-il avoir ? Bien peu nous a été transmis à ce sujet, parce que cela se saurait depuis longtemps s'il y avait une « recette » de la découverte.
En discutant avec quelques scientifiques reconnus pour leur « réussite » (en termes de découverte, pas en terme de « carrière »;- ) ), je crois que la quasi seule monition soit de traquer le symptome, le modèle qui ne colle pas à la théorie en vigueur, ou encore la généralisation d'un cas particulier (voir le Cours de gastronomie moléculaire N°1, où cela est abondamment discuté).

Au total, il faut donc surtout constater que nous sommes bien démunis, stratégiquement, et que bien prétentieux serait celui qui dirait avoir une autre recette qu'une activité soutenue, attentive.
(mais je me trompe peut être)



Je propose la métaphore suivante :
Le scientifique est dans un paysage vallonné.
Derrière lui, tout est clair, et l'on voit des montagnes qui, dans notre comparaison, représentent les découvertes.
En revanche, devant lui, tout est embrumé, au point de ne pas voir à quelques pas devant soi.

Le scientifique est à la recherche de montagnes qu'il ne voit pas, donc. Comment peut-il faire ?

Comparaison n'est pas raison, mais quand même. Ce qui semble...clair, tout d'abord, c'est que l'immobilité ne conduit à rien. Il faut avancer, pour avoir quelque chance de rencontrer une montagne.
Ce qui semble clair, aussi, c'est que tout pas fait dans une direction où ça monte semble plus favorable qu'un pas fait vers la descente... bien que cela ne soit pas une garantie : il se pourrait qu'une petite montée (minimum local) soit suivie d'une grand descente.
Si l'on admet qu'il y a quelque espoir dans le début d'une montée, si l'on admet que « Dieu n'est pas malicieux » au point de mettre des descentes derrière toute montée, le scientifique doit absolument se raccrocher aux « symptômes », aux ignorances, aux moments où ça coince, puisque les deux exemples donnés plus haut (et mille autres que je ne donne pas) indiquent que c'est ainsi que se sont faites des découvertes importantes...

Evidemment, à côté des découvertes de l'iode et des autres particularités de notre monde, il y a aussi la découverte de formalismes, de cadres théoriques (la chimie supramoléculaires, la matière molle...), mais c'est là un autre type de découvertes (à ne pas négliger bien sûr, mais dont la discussion stratégique doit se faire différemment).



Des propositions ?

dimanche 24 juin 2012

Qu'aurons-nous fait ?

Vendredi soir, en saluant mes jeunes amis du laboratoire, je leur ai demandé ce qu'ils allaient faire, durant les deux jours qu'ils avaient devant eux et que la majorité chôment. La question était : que ferez-vous qui ne soit pas de la "consommation"? que ferez-vous pour faire que le monde de demain soit meilleur que celui d'aujourd'hui ? que ferez-vous pour vous améliorer l'esprit ?
On l'a peu raconté, mais le grand Michael Faraday, qui n'était pas né avec un cuiller en argent dans la bouche, se réunissait, le mercredi soir, avec d'autres Londoniens pour un club "d'amélioration de l'esprit".
Oui, cela existe ! D'ailleurs, à l'époque, il y avait des livres portant ce titre, et le but ultime n'était pas de regarder des matchs de football à la télévision... ce qui permet aux "puissants" de gouverner le monde sans craindre de révolution : du pain et des jeux, la recette n'est pas nouvelle... et il faut prévoir qu'elle continuera d'être utilisée longtemps.
J'ignore si mes jeunes amis auront su éviter d'être des "oies que l'on gave" (des "consommateurs" : mot détestable qu'un certain monde du commerce et du marketing a réussi à faire adopter sans que nous hurlions de rage), s'ils auront dépassé une façon paresseuse de vivre. Je saurai lundi s'ils ont grandi.
Je l'espère.
A quand, dans les écoles, les collèges, les lycées, des "clubs d'amélioration de l'esprit", à côté de clubs de chimie, de mathématiques... à côté des seuls clubs que nous ayons aujourd'hui : ceux de football, de rugby ou de hand ball ?

Conflit de quoi, au juste ?

Notre monde ne cesse de parler de "conflits d'intérêts", et j'ai déjà proposé ici de considérer qu'un "expert" qui n'aurait pas de conflit d'intérêt n'était sans doute pas un expert : toute personne connaissant un sujet doit nécessairement connaître à la fois la question technique (pensons à la médecine, par exemple), la question technologique, la question scientifique, et aussi la question industrielle (une idée cachée dans un tiroir n'est pas une idée : elle n'est rien).
Bref, à vouloir des experts sans conflit d'intérêt, nous aurons soit des médiocres, soit des incompétents, soit rien.

Je me ravise... car, écoutons les mots : "conflit d'intérêts"? Les intérêts n'ont pas de conflits ! Quelle est alors la vraie nature de ce que l'on veut discuter, ce sur quoi on veut éventuellement légiférer ?

jeudi 14 juin 2012

La physique quantique au quotidien

A l'heure où les nanosystèmes sont à la mode, chacun y met sa propre sauce. Et des craintes apparaissent.
Pourtant, le fait principal ne doit pas être oublié. La question posée par ces systèmes (pensons à une centaine d'atomes de cuivre, par exemple, assemblés en un nanoagrégat), ce n'est pas la surface considérablement augmentée par la très fine division, mais, surtout, le fait que des propriétés physiques et chimiques nouvelles apparaissent lors de la division.
Un exemple pour mieux comprendre : quand on prend un anneau de cuivre de 1 centimètre de diamètre, rien ne se passe de particulier; en revanche, quand on dépose une boucle de cuivre très petite (un milliardième de mètre) sur un support inerte (mica, silice...), alors un courant électrique circule spontanément dans la boucle, sans aucune résistance électrique (supraconduction).
Ces propriétés sont dites "émergentes", et c'est cela, l'espoir de la nanotechnologie.
D'ailleurs, ce mot doit nous arrêter : il y a la nanoscience, qui explore les phénomènes tels que dits plus haut, et la nanotechnologie, qui cherche, à partir des résultats des nanosciences, à concevoir des objets nanoscopiques utiles ; et enfin, les nanotechniques, qui réalisent ces objets.


mercredi 13 juin 2012

Dommage que ce soit un peu négatif

Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux !
 
Pablo Neruda



Oui, dommage que ce soit négatif. Je propose donc plutôt ceci : 

Il est heureux
celui qui ne voyage pas, mais se satisfait du monde qu'il ne cesse d'arpenter,
celui qui ne lit pas, mais qui écrit
celui qui joue de la musique et donne du bonheur aux autres de son habileté artistique
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il est heureux
celui qui construit son amour-propre sans offenser l'autre de son égo
celui qui se laisse aider, sachant la force du lien.
Il est heureux
celui qui se forge des habitudes qu'il peut à tout moment secouer
refaisant tous les jours les mêmes chemins, quand il ne les a pas bien vu,
changeant de chemin quand il juge que c'est utile
celui qui change sans cesse de repère,
Ne perd pas de temps à changer la couleur
de ses vêtements
Il est heureux
celui qui évite la passion dévastatrices
et leur tourbillon d’émotions
sachant pourtant être humain, et s'émouvoir du soin d'autrui
Il est heureux
celui qui change de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui prend des risques
pour réaliser ses rêves.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux !
Hervé This, améliorant Pablo Neruda