Ce matin, une question arrive :
Avec mon
groupe, nous faisons un projet ( pour le bac) sur la mousse au chocolat.
Notre problématique étant : quels sont les différents éléments qui
influent sur l'emulsion de la mousse au chocolat? Nous avons fais
plusieurs expériences pour démontrer que c'était l'oeuf qui influencé
sur l'émulsion. Nous avons fait plusieurs mousses au chocolat, en
mettant du blanc d'oeuf avec du chocolat pour l'une et du jaune d'oeuf
avec du chocolat pour l'autre. Nous avons ensuite regardé au microscope
et nous avons vu qu'il y avait des bulles dans les 2 échantillons. Ma
question est donc la suivante: Je sais que la lécithine, qui permet
l'émulsion se trouve dans le jaune d'oeuf, donc est ce que c'est grace
au jaune qu'il y a l'émulsion? Le blanc d'oeuf ne sert donc à rien ?
En
lisant ce paragraphe, j'ai peur que nos amis n'aient confondu. Moi qui
suis un homme simple, je lis les mots, et voici ce que je comprends :
1.
Il s'agit de mousse au chocolat dont la recette n'est pas donnée, mais
c'est donc une mousse "au" chocolat, et non pas une mousse "de" chocolat
telle que serait un chocolat chantilly.
Donc la recette est sans
doute de faire foisonner du blanc d'oeuf, afin d'obtenir une mousse.
Puis de mêler cette mousse à un mélange de chocolat fondu, possiblement
(mais pas obligatoirement) additionné de beurre et de jaune d'oeuf.
2.
On me parle d'émulsion, et je sais qu'une émulsion, c'est une
dispersion de matière grasse dans une solution aqueuse, ou bien
inversement une dispersion d'une solution aqueuse dans de la matière
grasse.
Il n'y a pas d'émulsion dans la mousse de blanc d'oeuf,
et je suppose donc que c'est dans la préparation chocolatée qu'il faut
que je cherche l'émulsion. Et là, il est exact que le beurre contient un
peu d'eau, tout comme le jaune d'oeuf. L'eau du beurre est bien
émulsionnée dans le beurre, et l'eau du jaune vient sans doute se
disperser également dans cette phase grasse, qui est donc une émulsion
de type "eau dans huile" (je rappelle que l'on désigne par "huile" une
matière grasse à l'état liquide).
3. Nos amis évoquent
la question : quels éléments influent sur l'émulsion ? Ces éléments
sont la nature des graisse, leur teneur, les tensioactifs, la nature de
la phase aqueuse, et sa quantité... comme pour toute émulsion.
4. Les expériences faites visaient à "démontrer que c'est l'oeuf qui influence l'émulsion". Mais...
Tout
d'abord, les sciences de la nature ne démontrent pas, mais elles se
contentent de tester des hypothèses, afin de les réfuter.
D'autre
part, je ne suis pas d'accord : ce n'est pas l'oeuf, mais les
phospholipides et les protéines, qui viennent soit du beurre, soit du
jaune d'oeuf.
5. Et je ne comprends vraiment pas
pourquoi nos amis ont mis du blanc d'oeuf avec du chocolat. Les deux
masses, à savoir la mousse d'une part, et l'émulsion chocolatée, d'autre
part, ne sont mélangées (mal) qu'à la fin de la préparation.
6.
Nos amis ont regardé au microscope, et ils ont vu des bulles. Mais je
ne comprends vraiment rien à ce qu'ils ont fait et pourquoi ils l'ont
fait. A vrai dire, j'ai peur qu'ils aient confondu une émulsion avec une
mousse.
7. Si les protéines du blanc sont utiles : comment faire une mousse autrement ?
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
samedi 2 décembre 2017
Si vous cherchez des produits pour cuisiner note à note
Ca y est : une société est créée pour vendre des produits pour la cuisine note à note.
C'est la société Iqemusu, à www.iqemusu.com.
Longue vie à elle !
C'est la société Iqemusu, à www.iqemusu.com.
Longue vie à elle !
Pâtisserie moléculaire
Gastronomie moléculaire, cuisine moléculaire, pâtisserie moléculaire, mixologie moléculaire : de quoi s'agit-il ?
Aujourd'hui, je profite de la question d'une correspondante, qui m'écrit :
Je fais mon mémoire sur la pâtisserie moléculaire donc je montre que justement le moléculaire est plus de la de la pâtisserie inventive et évolutive que chimique.
Aujourd'hui, je profite de la question d'une correspondante, qui m'écrit :
Je fais mon mémoire sur la pâtisserie moléculaire donc je montre que justement le moléculaire est plus de la de la pâtisserie inventive et évolutive que chimique.
Mais je voudrais un peu en discuter avec vous et comprendre ce qu'est pour vous cette cuisine moléculaire ?
Je sais donc essayer d'être bien clair.
Commençons
avec la "gastronomie moléculaire", qui est la science de la nature qui
cherche les mécanismes des phénomènes qui surviennent lors des
préparations alimentaires, qu'il s'agisse de cuisine, pâtisserie,
charcuterie, cocktails, etc.
Par exemple, quand un
soufflé gonfle, à la cuisson, il y a le phénomène de gonflement.
Pourquoi ce gonflement ? Quand on voit un mélange de jaune d'oeuf et de
sucre blanchir, quand on le bat, il y a le phénomène de changement de
couleur : pourquoi ? Quand on verse doucement du café chaud sur un sirop
froid, on voit deux couches séparées : pourquoi ne se mélangent-elles
pas ?
Plus généralement, chaque geste de préparation
alimentaire s'accompagne de phénomènes, et il y a la possibilité de
travailler "scientifiquement" pour comprendre.
Par
exemple, pour comprendre que c'est surtout l'évaporation de l'eau qui
fait gonfler les soufflés. Que c'est l'introduction de bulles d'air qui
fait le blanchissement du "ruban". Qu'il y a des diférences de densité
entre le café et le sirop.
Cette recherche
scientifique des mécanismes est le fait de scientifiques, et pas de
cuisiniers, ni de pâtissiers ou de charcutiers. Elle se fait par la
méthode suivante : identification du phénomène, caractérisation
quantitative, réunion des données numériques en équations nommées
"lois", induction de théories compatibles avec les lois, etc.
Pour la "cuisine moléculaire", il faut comprendre que l'expression est à la fois un peu fautive, mais surtout "consacrée".
La
"cuisine moléculaire", c'est cette forme de cuisine qui utilise des
instruments "nouveaux", venus des laboratoires de chimie : siphons,
azote liquide, évaporateurs rotatifs, filtres, sondes à ultrasons, etc.
On
le voit, il ne s'agit pas de cuisiner avec des molécules, mais
simplement de rationnaliser la technique culinaire. Evidemment, en
pâtisserie, on parlera de "pâtisserie moléculaire" si l'on fait usage de
tels outils. Et de mixologie moléculaire si l'on fait des cocktails de
façon moderne, donc.
Nombre de professionnels et de
journalistes ont dit n'importe quoi, à propos de cuisine moléculaire,
mais je propose de rester à ce que j'en dit ici, puisque c'est moi qui
ai introduit la chose, et donné le nom à la chose.
Passons
enfin à la suite : la "cuisine note à note". Dommage que mon
interlocutrice ne l'ait pas évoquée, car c'est le futur. Il s'agit cette
fois de cuisiner (pâtisser, charcuter, faire des cocktails) à l'aide de
composés purs. Cela balayera la cuisine moléculaire, mais évidemment
pas la gastronomie moléculaire, qui, elle, continue de se développer
dans les laboratoires scientifiques.
A propos des mots du goût
Depuis des années, je vois la communauté scientifique française
hésiter entre les mots saveur, goût, odeur, arôme, flaveur même.
Récemment, alors que, au terme d'une discussion serrée avec un collègue
(et ami), j'avais réussi à lui faire dire qu'il nommait "flaveur" la
somme de l'odeur rétrosanase et de la saveur, j'ai eu la surprise de
voir son voisin de laboratoire écrire dans une revue scientifique
française que la flaveur était la somme de toutes les sensations,
texture comprise.
C'est la cacophonie ! Comme si un dieu jaloux des progrès de la physiologie sensorielle voulait mettre la discorde, alors que s'érige une tour de Babel. Il est temps de mettre les termes à plat, et de s'entendre enfin sur des mots qui nous permettront de travailler ensemble.
Pour cela, il faut des faits. Et ces fait sont les suivants :
- il y a une différence entre la sensation et la perception
- même les noms des mets influencent notre perception : si l'on pense à un citron, on se met à saliver, et le milieu "tampon" qu'est la salive change ensuite la perception de l'acidité
- les "odeurs" perçues par le nez, sans mise en bouche, contribuent à la perception de l'aliment
- la couleur contribue à la perception de l'aliment
- en bouche, des composés se lient à des récepteurs des papilles, et donnent la sensation nommée "saveur"
- en bouche, des composés odorants montent par les fosses rétronasales par l'arrière de la bouche
- en français, on nomme "arôme" l'odeur des plantes aromatiques, de sorte que les composés odorants perçus par voie rétronasale ne peuvent être nommés "arômes"
- l'aliment libère des composés qui peuvent se lier aux récepteurs du nerf trijumeau, dans la bouche et le nez (piquants, frais...)
- la mastication donne une sensation de "texture", qui est une interprétation de la consistance (un morceau de chocolat est croquant quand on le croque, mais fondant si on le laisse fondre)
- il existe des récepteurs des acides gras insaturés à longue chaîne, décrochés des triglycérides par des enzymes lipases
- la bouche est équipée de capteurs thermiques
- en français, le goût d'un aliment est ce que l'on perçoit, à savoir une synthèse
Voilà, j'en oublie peut-être (par exemple, la perception donnée par les ions calcium, dans la mesure où cette perception ne serait pas une saveur), mais peu importe.
Ce que l'on voit :
- c'est que le mot "arôme" est déjà pris, en français : pour désigner les sensations produites par l'olfaction rétronasale, il faut introduire un autre mot si l'on veut désigner l'odeur rétronasale; au fait, pourquoi pas "odeur rétronasale" ?
- pour nommer les composés odorants, s'il y a le choix entre composés d'odeur et composés d'arômes, il vaut mieux "composés d'odeurs", puisque les arômes ne sont qu'une catégorie d'odeurs (celle des plantes aromatiques"
- on pourrait nommer "flaveur" la somme des saveurs et des odeurs rétronasales... mais à quoi bon ? Cela n'est ni mesurable, ni perceptible
- en tout ça, l'usage du mot flaveur pour goût est fautif, ou irréfléchi (je n'arrive pas penser qu'il soit simplement snob)
J'invite mes collègues à corriger tout cela, mais la logique de la chose me semble une garantie de sa solidité.
C'est la cacophonie ! Comme si un dieu jaloux des progrès de la physiologie sensorielle voulait mettre la discorde, alors que s'érige une tour de Babel. Il est temps de mettre les termes à plat, et de s'entendre enfin sur des mots qui nous permettront de travailler ensemble.
Pour cela, il faut des faits. Et ces fait sont les suivants :
- il y a une différence entre la sensation et la perception
- même les noms des mets influencent notre perception : si l'on pense à un citron, on se met à saliver, et le milieu "tampon" qu'est la salive change ensuite la perception de l'acidité
- les "odeurs" perçues par le nez, sans mise en bouche, contribuent à la perception de l'aliment
- la couleur contribue à la perception de l'aliment
- en bouche, des composés se lient à des récepteurs des papilles, et donnent la sensation nommée "saveur"
- en bouche, des composés odorants montent par les fosses rétronasales par l'arrière de la bouche
- en français, on nomme "arôme" l'odeur des plantes aromatiques, de sorte que les composés odorants perçus par voie rétronasale ne peuvent être nommés "arômes"
- l'aliment libère des composés qui peuvent se lier aux récepteurs du nerf trijumeau, dans la bouche et le nez (piquants, frais...)
- la mastication donne une sensation de "texture", qui est une interprétation de la consistance (un morceau de chocolat est croquant quand on le croque, mais fondant si on le laisse fondre)
- il existe des récepteurs des acides gras insaturés à longue chaîne, décrochés des triglycérides par des enzymes lipases
- la bouche est équipée de capteurs thermiques
- en français, le goût d'un aliment est ce que l'on perçoit, à savoir une synthèse
Voilà, j'en oublie peut-être (par exemple, la perception donnée par les ions calcium, dans la mesure où cette perception ne serait pas une saveur), mais peu importe.
Ce que l'on voit :
- c'est que le mot "arôme" est déjà pris, en français : pour désigner les sensations produites par l'olfaction rétronasale, il faut introduire un autre mot si l'on veut désigner l'odeur rétronasale; au fait, pourquoi pas "odeur rétronasale" ?
- pour nommer les composés odorants, s'il y a le choix entre composés d'odeur et composés d'arômes, il vaut mieux "composés d'odeurs", puisque les arômes ne sont qu'une catégorie d'odeurs (celle des plantes aromatiques"
- on pourrait nommer "flaveur" la somme des saveurs et des odeurs rétronasales... mais à quoi bon ? Cela n'est ni mesurable, ni perceptible
- en tout ça, l'usage du mot flaveur pour goût est fautif, ou irréfléchi (je n'arrive pas penser qu'il soit simplement snob)
J'invite mes collègues à corriger tout cela, mais la logique de la chose me semble une garantie de sa solidité.
De la levure chimique ? La terminologie est fautive et nous valons mieux que cela !
On me connaît : je suis de ceux que le summum de l'intelligence,
c'est la bonté et la droiture. Droiture, honnêteté, loyauté... Rien de
pire, donc, que la déloyauté, qui est en réalité une forme de
malhonnêteté.
Et c'est la raison pour laquelle j'insiste : nous ne devons pas nommer "levures chimiques" des préparations qui, si elle n'ont rien de mal en elle-même, ne sont pas des levures, mais des poudres levantes. A utiliser le nom usurpé de levures, nous serions sur la pente de la déloyauté.
Bon, cela, je l'ai dit plusieurs fois déjà. Pourquoi suis-je en train d'y revenir ? Parce que je trouve en ligne une recette de génoise qui comporte de la poudre levante. C'est encore une malhonnêteté, comme si l'on confondait le pain de campagne et la brioche. Une génoise, ce n'est pas un gâteau levé par de la poudre levante, mais une préparation qui doit sa consistance très particulière au battage des oeufs entiers. Avec de la poudre levante, on fait quelque chose d'approchant, mais de différent. Tout comme on fait de la rémoulade et non pas de la mayonnaise quand on utilise de la moutarde.
La génoise ? On bat longuement des oeufs entiers avec du sucre, on ajoute beurre fondu et farine, puis on cuit. On obtient une préparation très foisonnée, avec une alvéolation bien particulière.
Au fait : on bat des oeufs entiers ? Oui, et cela peut paraître paradoxal, mais n'est-ce pas ce que l'on fait aussi pour les omelettes soufflées (qui ne sont pas l'apanage de la mère Poulard) ? D'ailleurs, pour bien comprendre pourquoi les génoises ne doivent pas contenir de poudre levante, je vous invite à comparer une omelette soufflée faite seulement d'oeufs battus, et une omelettes soufflée où l'on aurait mélangé des jaunes d'oeufs à des blancs en neige : rien à voir !
Et c'est la raison pour laquelle j'insiste : nous ne devons pas nommer "levures chimiques" des préparations qui, si elle n'ont rien de mal en elle-même, ne sont pas des levures, mais des poudres levantes. A utiliser le nom usurpé de levures, nous serions sur la pente de la déloyauté.
Bon, cela, je l'ai dit plusieurs fois déjà. Pourquoi suis-je en train d'y revenir ? Parce que je trouve en ligne une recette de génoise qui comporte de la poudre levante. C'est encore une malhonnêteté, comme si l'on confondait le pain de campagne et la brioche. Une génoise, ce n'est pas un gâteau levé par de la poudre levante, mais une préparation qui doit sa consistance très particulière au battage des oeufs entiers. Avec de la poudre levante, on fait quelque chose d'approchant, mais de différent. Tout comme on fait de la rémoulade et non pas de la mayonnaise quand on utilise de la moutarde.
La génoise ? On bat longuement des oeufs entiers avec du sucre, on ajoute beurre fondu et farine, puis on cuit. On obtient une préparation très foisonnée, avec une alvéolation bien particulière.
Au fait : on bat des oeufs entiers ? Oui, et cela peut paraître paradoxal, mais n'est-ce pas ce que l'on fait aussi pour les omelettes soufflées (qui ne sont pas l'apanage de la mère Poulard) ? D'ailleurs, pour bien comprendre pourquoi les génoises ne doivent pas contenir de poudre levante, je vous invite à comparer une omelette soufflée faite seulement d'oeufs battus, et une omelettes soufflée où l'on aurait mélangé des jaunes d'oeufs à des blancs en neige : rien à voir !
Les würtz
Dans les années 1990, j'avais inventé les würtz, en analysant la
crème fouettée. Et c'est ainsi que j'avais obtenu de nouveaux systèmes…
qui ont du goût.
Par exemple, quelques auteurs de livres de cuisine ont utilisé de la gélatine pour faire tenir de la crème fouettée. Gomme adragante ou gélatine : tels étaient les deux produits les plus cités. La crème apportait la moussabilité ; la gomme adragante ou la gélatine la tenue, par la formation d’un gel, dans le second cas.
Analysons : une mousse est une dispersion de bulles d’air dans un liquide (pour les mousses liquides) ; si le liquide gélifie, une fois la mousse formée, la mousse liquide devient une mousse solide, parce que les bulles d’air sont alors prisonnières du gel, lequel est une dispersion d’un liquide dans un solide.
Au total, la mousse tient alors durablement.
Que faire de cette analyse ? Observons que le système composé de la crème et de la gélatine a deux raisons de mousser : d’une part, certaines protéines de la crème sont moussantes, mais aussi la gélatine ! Pour faire une mousse, en effet, il suffit d’eau, d’air et d’un agent moussant, c’est-à-dire de se lier à la fois à l’air et à l’eau, et, de plus, de former un raison à la surface des bulles.
La gélatine a ces propriétés, comme le montre l’expérience qui consiste à fouetter de l’eau où l’on a dissout de la gélatine. La quantité de mousse que l’on peut obtenir ? Des litres !
Evidemment, l’eau utilisée peut avoir du goût. Par exemple, on peut faire une mousse de bouillon, mais aussi une mousse de jus d’orange, de vin, etc.
Et cette mousse, une fois formée, tiendra en raison de la gélification de la gélatine.
En pratique ? Dans un liquide chaud bien dégraissé, dissoudre quelques pour cent (en masse) de gélatine (feuille ou poudre), puis fouetter longuement en faisant mousser. Laisser au froid, puis utiliser pour composer une œuvre.
Une recette ?
Pour 200 g de jus d’agrume, 5 g de gélatine, 100 g de sucre
Par exemple, quelques auteurs de livres de cuisine ont utilisé de la gélatine pour faire tenir de la crème fouettée. Gomme adragante ou gélatine : tels étaient les deux produits les plus cités. La crème apportait la moussabilité ; la gomme adragante ou la gélatine la tenue, par la formation d’un gel, dans le second cas.
Analysons : une mousse est une dispersion de bulles d’air dans un liquide (pour les mousses liquides) ; si le liquide gélifie, une fois la mousse formée, la mousse liquide devient une mousse solide, parce que les bulles d’air sont alors prisonnières du gel, lequel est une dispersion d’un liquide dans un solide.
Au total, la mousse tient alors durablement.
Que faire de cette analyse ? Observons que le système composé de la crème et de la gélatine a deux raisons de mousser : d’une part, certaines protéines de la crème sont moussantes, mais aussi la gélatine ! Pour faire une mousse, en effet, il suffit d’eau, d’air et d’un agent moussant, c’est-à-dire de se lier à la fois à l’air et à l’eau, et, de plus, de former un raison à la surface des bulles.
La gélatine a ces propriétés, comme le montre l’expérience qui consiste à fouetter de l’eau où l’on a dissout de la gélatine. La quantité de mousse que l’on peut obtenir ? Des litres !
Evidemment, l’eau utilisée peut avoir du goût. Par exemple, on peut faire une mousse de bouillon, mais aussi une mousse de jus d’orange, de vin, etc.
Et cette mousse, une fois formée, tiendra en raison de la gélification de la gélatine.
En pratique ? Dans un liquide chaud bien dégraissé, dissoudre quelques pour cent (en masse) de gélatine (feuille ou poudre), puis fouetter longuement en faisant mousser. Laisser au froid, puis utiliser pour composer une œuvre.
Une recette ?
Pour 200 g de jus d’agrume, 5 g de gélatine, 100 g de sucre
- Faire chauffer le jus avec le sucre (en chauffant le moins possible, afin de conserver la "fraîcheur" du jus)
- Dans le liquide chaud, incorporer la gélatine ramollie à l’eau froide (s'assurer qu'elle est bien dissoute)
- Foisonner en posant le récipient sur de la glace : on obtient une mousse légère, extrêmement goûteuse.
Ne pas confondre science et cuisine
Ce matin, un correspondant m'écrit, ainsi qu'à plusieurs cuisiniers, ne me demandant :
Dans le cadre d'un projet personnel et professionnel, je souhaiterai obtenir un entretien avec l'un de vos Gastronome Moléculaire afin de récolter des renseignements sur ce métier.
Gastronome
moléculaire ? D'abord, je m'étonne que le correspondant écrive à des
cuisiners pour leur demander des renseignements sur la gastronomie
moléculaire... parce que les cuisiniers ne savent pas bien ce dont il
s'agit !
Je rappelle que la gastronomie moléculaire est une discipline
scientifique, qui ne se confond pas avec la "cuisine moléculaire", qui
est une activité de cuisinier.
Donc toute opinion de mes amis cuisiniers à ce propos serait nulle et non avenue : chacun son champ.
D'autre part, pourquoi un cuisinier s'intéresserait-il au métier de la gastronomie moléculaire, qui consiste à résoudre des équations, ce qui n'est vraisemblablement pas son intérêt ni sa compétence ?
D'autre part, pourquoi un cuisinier s'intéresserait-il au métier de la gastronomie moléculaire, qui consiste à résoudre des équations, ce qui n'est vraisemblablement pas son intérêt ni sa compétence ?
Pour
ce qui me concerne, je peux répondre quand même que, puisque la
gastronomie moléculaire est une activité scientifique, le métier est le
métier de "chercheur". Ce métier s'exerce soit dans des instituts de
recherche (Inra, CNRS, Cirad...), soit dans des universités (maître de
conférence, professeur).
Ces
métiers sont parfaitement cadrés par les textes légaux, puisque, dans
les deux cas, il s'agit de métiers qui ont (aujourd'hui) le métier de
fonctionnaire. Bien sûr, cela vaut pour la France, et, dans d'autres
pays, les chercheurs peuvent avoir des statuts différents.
Quelle formation pour exercer ce métier ? Une formation scientifique, évidemment. Une thèse, aussi, par exemple.
Et
pour des questions plus ponctuelles (combien d'heures nous travaillons,
pourquoi nous avons choisi ce métier, etc.), il y a des réponses dans
la partie "Questions et réponses" de mon site https://sites.google.com/site/travauxdehervethis/Home/vive-la-connaissance-produite-et-partagee/pour-en-savoir-plus/questions-et-reponses
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