Ce soir, je reçois ce message :
Nous sommes un centre de formation cuisine et deux de mes clients me
demandent la mise en place d’une formation sur la cuisine note à note.
Mes formateurs n’étant pas familiers avec cette tendance, pourriez-vous
me dire s’il vous serait possible d’intervenir sur une journée pour une
telle formation ? Et si oui à quelles conditions ? Autrement,
auriez-vous des intervenants à me recommander ?
Je vais les aider, bien sûr, non pas moi-même, mais je vais leur trouver des intervenants capables !
Vive la cuisine note à note !
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mardi 11 février 2014
dimanche 9 février 2014
Vive la physico-chimie !
Vive
les sciences quantitatives !
Une
question m'arrive : « D'où vous est venu votre intérêt
pour la chimie ? »
Je
ne sais pas si c'est une question dont la réponse soit d'intérêt
général, mais je sais que je peux toujours essayer de faire qu'il
en soit ainsi !
Pour
ce qui concerne mon « moi haïssable », il y a une boite
de chimie que j'ai reçue, quand j'avais six ans. Rétrospectivement
cela m'amuse de la voir... parce qu'elle est sans intérêt, assez
mal faite. Le manuel qui accompagnait les matériels et produits
était très mauvais, sans doute traduit, et mal traduit :
aujourd'hui, je ne comprends pas ce qui y est écrit... et je
comprends pourquoi, à l'époque, j'étais fasciné... mais je ne
comprenais rien.
A
la même époque, j'ai reçu un livre de vulgarisation de la chimie
qui, sans boîte d'accompagnement, décrivait des expériences, et le
plus intéressant était sans doute le chapitre sur le travail du
verre. Un travail que l'on peut faire avec une simple lampe à mèche,
et de l'alcool à brûler, comme pour les fondues. J'ai appris à
tirer le verre, à faire un capillaire, à couder, à souffler... Et
j'ai surtout appris que, pour ces travaux, les pommades grasses sont
indispensables, en cas de brûlure !
Passons.
Ce qui est surtout intéressant, de façon générale, c'est quand
même que mon éblouissement personnel est général : on
chauffe du carbonate de calcium ; quand c'est refroidi, on
ajoute de l'eau... et l'on voit une vive réaction se produire ;
puis on filtre le résultat dans un filtre à café, afin d'obtenir
une solution limpide ; on souffle dans cette solution avec une
paille... et l'on voit un trouble apparaître ; on laisse
sédimenter... et l'on récupère le carbonate qui avait été
détruit ! Pourquoi ?
Bien
des décennies plus tard, j'ai fini par comprendre que c'était moins
la transformation qui me passionnait que l'étude de cette
transformation, ce qui m'a conduit à bien distinguer la chimie, qui
m'intéresse modérément, et la physico-chimie, qui me passionne par
dessus tout !
La question des jurys de thèse
Récemment, à
l'occasion d'une soutenance de thèse, les membres du jury (qui se
rencontraient parfois pour la première fois) étaient si heureux
d'avoir la possibilité d'une discussion scientifique que, lors du
déjeuner qui a précédé la soutenance (pas d'alcool : nous
voulions avoir l'esprit absolument clair), nous avions résolu que,
puisque la thèse était excellente, puisque le document était
remarquable, nous pourrions passer à un exercice plus intéressant
que le questionnement du candidat, et nous pourrions notamment
utiliser les questions comme un moyen de se parler, entre membres du
jury.
Cela s'est révélé
une mauvaise idée, car notre enthousiasme pour la science nous a
conduit à confisquer l'après soutenance, voire à détourner la
conversation sur des sujets un peu éloignés de ceux qui avaient été
étudiés dans le cadre de la thèse. Notre futur nouveau docteur
était même un peu exclu !
Nous nous en sommes
aperçus rapidement, et nous avons mis fin au jeu que nous avions
déterminé.
Décidément, l'enfer est pavé de bonnes intentions... et nous devons chasser le diable de tous nos actes, paroles, pensées !
mardi 4 février 2014
A propos des cas de l'incident chez Heston Blumenthal
Ce soir, on m'interroge :
Bonsoir Hervé
Est-ce que l'Anglais Heston Blumenthal est un adeepte de la "cuisine note à note" ? Voiir la presse du jour, ses clients victimes d'intoxication à Londres.
Ma réponse :
amitiés
Bonsoir Hervé
Est-ce que l'Anglais Heston Blumenthal est un adeepte de la "cuisine note à note" ? Voiir la presse du jour, ses clients victimes d'intoxication à Londres.
Ma réponse :
Hélas, non, Heston Blumenthal ne pratique pas la cuisine note à note, mais seulement la cuisine moléculaire, et, encore, pas dans son restaurant de cuisine médiévale.
Cela
dit, avec un couteau de cuisine classique, on peut tuer les gens aussi :
ce n'est donc pas le principe, qu'il faut critiquer éventuellement,
mais une pratique particulière.
Et puis, récemment, je suis allé dans un
bon restaurant traditionnel parisien... et j'ai eu une diarrhée terrible
pendant 15 jours : je n'ai pas fait de communiqué de presse ;-)
Enfin, je suis parfois étonné des pratiques culinaires, quel que soit le style, parce que la cuisson a été inventée pour tuer les micro-organismes. Pour cuire à basse température, par exemple, il faut être prudent et savoir ce que l'on fait. Attention aussi aux "coctions" des poissons à la tahitiennes, des cebiche... et aussi à l'usage des plantes : ne faisons pas boire à nos convives des décoctions de plantes toxiques !
lundi 3 février 2014
3 février 2014 : Comment se lancer dans la cuisine note à note
Des cuisiniers m'interrogent, de plus en plus nombreux : comment apprendre la cuisine note à note ?
Initialement,
j'avais écrit le livre « La cuisine note à note en douze
questions souriantes », afin de répondre à cette question. Ma
réponse tient donc toujours.
Cela étant, il y a
des façons rapides de faire :
- Par exemple, suivre des recettes :Chaque fois que des chefs l'acceptent, je mets leurs recettes note à note sur le site www.AgroParisTech.fr . Pour les trouver, il suffit d'aller dans la boite en haut à droite « Rechercher », et de taper « note à note ». Je viens de le faire pour vous, et j'ai trouvé des tas de choses, notamment celui-ci : http://www.agroparistech.fr/-Les-explorations-de-la-cuisine-.html .Mais on peut aussi aller sur le site https://sites.google.com/site/travauxdehervethis/, dans la partie « Des pages spéciales pour la cuisine note à note », où l'on trouve un lien vers « Les recettes » : https://sites.google.com/site/travauxdehervethis/Home/cuisine-note-a-note/recettes-note-a-note
- Par exemple, « acclimater les composés un à un » :Comme nous le montrons sur http://www.pierre-gagnaire.com/#/pg/pierre_et_herve/travail_du_mois ici, l'idée est de commencer à utiliser un composé, à en trouver les utilisations qui plaisent, avant de passer à un autre composé, et un autre, et encore un autre, puis on mêlera deux composés, puis trois, et ainsi de suite...
Tous les mois, je
vais donner un texte à Pierre Gagnaire, pour expliquer l'utilisation
des composés.
Personnellement, si
j'avais à construire un plat note à note, je partirais toutefois
avec une assiette vide devant moi. Puis je chercherai à identifier
la forme que je veux donner aux mets : sphère, cube, pyramide,
galette...
Ayant cette forme, je chercherais à produire une matière ayant la consistance voulue. Par exemple, une base croquante, avec une couche tendre par dessus, un liquide, un croustillant et un gélifié brillant. Ayant identifié cela, je chercherai le moyen de faire ces différentes couches.
Ayant cette forme, je chercherais à produire une matière ayant la consistance voulue. Par exemple, une base croquante, avec une couche tendre par dessus, un liquide, un croustillant et un gélifié brillant. Ayant identifié cela, je chercherai le moyen de faire ces différentes couches.
Puis, une fois que
la consistance est ainsi créée, je chercherais à y mettre des
couleurs (pour chaque couche, par exemple), avant d'ajouter des
saveurs, puis des odeurs, des piquants et des frais...
Ainsi, étape par
étape, j'arriverais à un mets « sur mesure ».
dimanche 2 février 2014
j’ai (re)lu pour vous : Gouttes, bulles, perles et ondes, par Pierre-Gilles de Gennes, Françoise Brochard et David Quéré.
Alors que je conseille cette lecture
du livre Gouttes, bulles, perles et ondes à des étudiants, je vois
l'occasion de célébrer la mémoire de Pierre-Gilles de Gennes, qui fut un
remarquable physicien, lauréat du prix Nobel. Le comité Nobel a dit de
lui qu'il était l'égal de Newton. Je ne sais si c'est vrai (puisque je
n'ai pas connu Newton, et que l'avenir le dira), mais je sais qu'il
transforma une partie de la physique, imposant le paradigme de la
matière la matière molle.
La matière molle ? Ce sont tous ces systèmes colloïdaux : gels, mousses, émulsions, suspensions... Pour les décrire, il faut une physique très particulière, qui a donc été nommée physique de la matière molle, soft matter physics en anglais. Pierre Gilles de Gennes a travaillé avec de nombreux collègues plus jeunes que lui, souvent de talent, et il a publié de nombreux articles et quelques livres. L'un d'eux, Scaling concepts in physics, est tout à fait remarquable, car il s'inscrit dans la lignée des travaux de renormalisation, un concept essentiel en physique, mais il faut admettre que ce n'est une lecture de chevet que pour ceux qui calculent comme chantent les rossignols.
Pierre Gilles a également été un pionnier de la percolation, il a fait une foule de travaux, sur la supraconduction, les cristaux liquides...
Je crois surtout qu'il a promu un usage, une pratique tout à fait particulière en physique, qui consiste à considérer les ordres de grandeur (je simplifie). Par exemple, la circonférence d'un cercle, strictement égale à 2 pi r, varie comme le rayon r. La surface du disque, elle, varie comme r au carré... Des collègues de Pierre Gilles de Gennes ont ainsi produit un livre sur les polymères qui est exempt de toute équation compliquée, puisqu'il se contente d'écrire : « varie comme ». Ce livre remarquable n'est pas traduit en français, mais je le conseille vivement à tous les étudiants en physico-chimie.
J'arrive maintenant au livre particulier que je voulais conseiller, Gouttes, bulles, perles et ondes. C'est un livre d'initiation : pensons à des élèves de licence ou de mastère. Parfois on sent la patte d'un auteur particulier (le livre a été rédigé par De Gennes, Françoise Brochard et David Quéré), parfois on ne la sent pas, mais ce livre est merveilleux notamment parce qu'il donne un coup de projecteur sur des objets d'une famille très précise. La méthode de Pierre Gilles de Gennes est mise en oeuvre de façon homogène et l'on ne sort certainement pas plus bête de la lecture de ce livre (vous vous rappelez que j'aime autant la litote que l'euphémisme ou l'antiphrase), que je recommande donc très vivement
La matière molle ? Ce sont tous ces systèmes colloïdaux : gels, mousses, émulsions, suspensions... Pour les décrire, il faut une physique très particulière, qui a donc été nommée physique de la matière molle, soft matter physics en anglais. Pierre Gilles de Gennes a travaillé avec de nombreux collègues plus jeunes que lui, souvent de talent, et il a publié de nombreux articles et quelques livres. L'un d'eux, Scaling concepts in physics, est tout à fait remarquable, car il s'inscrit dans la lignée des travaux de renormalisation, un concept essentiel en physique, mais il faut admettre que ce n'est une lecture de chevet que pour ceux qui calculent comme chantent les rossignols.
Pierre Gilles a également été un pionnier de la percolation, il a fait une foule de travaux, sur la supraconduction, les cristaux liquides...
Je crois surtout qu'il a promu un usage, une pratique tout à fait particulière en physique, qui consiste à considérer les ordres de grandeur (je simplifie). Par exemple, la circonférence d'un cercle, strictement égale à 2 pi r, varie comme le rayon r. La surface du disque, elle, varie comme r au carré... Des collègues de Pierre Gilles de Gennes ont ainsi produit un livre sur les polymères qui est exempt de toute équation compliquée, puisqu'il se contente d'écrire : « varie comme ». Ce livre remarquable n'est pas traduit en français, mais je le conseille vivement à tous les étudiants en physico-chimie.
J'arrive maintenant au livre particulier que je voulais conseiller, Gouttes, bulles, perles et ondes. C'est un livre d'initiation : pensons à des élèves de licence ou de mastère. Parfois on sent la patte d'un auteur particulier (le livre a été rédigé par De Gennes, Françoise Brochard et David Quéré), parfois on ne la sent pas, mais ce livre est merveilleux notamment parce qu'il donne un coup de projecteur sur des objets d'une famille très précise. La méthode de Pierre Gilles de Gennes est mise en oeuvre de façon homogène et l'on ne sort certainement pas plus bête de la lecture de ce livre (vous vous rappelez que j'aime autant la litote que l'euphémisme ou l'antiphrase), que je recommande donc très vivement
Traverser le plancher
J'ai (re)lu pour vous le merveilleux livre Pourquoi ne passons-nous pas à travers le plancher ?
Quand on pose cette question, on est amené à considérer deux « solides », à savoir notre corps et le plancher. Dans les deux cas il s'agit de matière, c'est-à-dire in fine d'atomes. Or, dès le collège, nous apprenons de les atomes sont « vides ». Pour nous représenter l'atome d'hydrogène, on nous invite à penser que si le proton du noyau est comme une orange place de la Concorde, à Paris, alors l'électron est un grain de poussière à Versailles. Si l'on considère des atomes plus gros, le carbone, l'oxygène, il en va de même. Ajoutons d'ailleurs que cette description ne vaut pas grand-chose et que c'est une toute première approche. La question des tailles des particules est bien plus passionnante qu'une simple métaphore.
Revenons à notre question : même si notre corps est fait de très nombreux atomes, il n'en reste pas moins que tous ceux-là sont très vides, et il en va de même pour le plancher. On serait donc amené à conclure, dans cette description naïve de « particules » très petites, bien localisées et séparées par de grandes distances, que le corps et le plancher pourraient s'interpénétrer, de sorte que nous glisserions à travers le plancher.
Le fait est que nous ne glissons pas. Cette question est la même que bien d'autres qui résultent d'une vision naïve de la matière. Par exemple, à propos des membranes cellulaires, des doubles couches de phospholipides (plus d'autres molécules) : les manuels représentent les phospholipides par une petite sphère munie de deux pattes grêles, et les images des doubles couches de phospholipides montrent un réseau très serré de telles molécules. Pourtant, là encore, la composante matérielle est quasi rien ; or ces doubles couches de phospholipides limitent véritablement les cellules, empêchant les échanges entre l'extérieur et l'intérieur, et heureusement, sans quoi notre corps se viderait de son contenu, et l'environnement pourrait s'y introduire ! Autre exemple un peu plus technique : les micelles qui se forment quand on met du savon dans de l'eau. Là, les têtes sphériques n'ont qu'une seule jambe (on dit une queue), et ces molécules de savons se regroupent, les têtes à l'extérieur et les queues à l'intérieur, formant des sphères. Pourtant le chimiste a de quoi s'étonner, car il sait que le motif représenté par les têtes se réduit à quatre ou cinq atomes, alors que les queues sont des longues chaînes de carbone et d'hydrogène. Pourquoi représente-t-on quatre atomes comme une grosse sphère, et une chaîne 20 atomes de carbone comme une frêle queue ? La réponse à cette dernière question éclaire la question initiale de notre corps et du plancher : ce qui compte, c'est moins la « matière » que son influence, c'est-à-dire les forces électriques d'attraction ou de répulsion. Dans le cas des micelles, par exemple, les têtes sont chargées électriquement, et elles se repoussent très vigoureusement. Ce que l'on symbolise ainsi, par de grosses têtes, c'est un rayon d'action et ce sont des champs électromagnétique qui nous empêchent donc de traverser le plancher. Quand on joue avec des champs électriques ou magnétiques à l'échelle macroscopique, par exemple quand on utilise des petits aimants comme on en colle sur le réfrigérateur, les forces ne sont pas bien grandes, mais comme elles varient comme l'inverse de la distance au carré, elles deviennent considérables aux distances inter-atomiques, interparticulaires.
Et c'est ainsi que nous ne passons pas à travers le plancher.
Si cette question vous intéresse, je vous recommande ce livre de poche écrit en anglais Why you don't fall through the floor, ainsi que le livre publié par le même auteur, J. E. Gordon, aux Editions Pour la Science.
Quand on pose cette question, on est amené à considérer deux « solides », à savoir notre corps et le plancher. Dans les deux cas il s'agit de matière, c'est-à-dire in fine d'atomes. Or, dès le collège, nous apprenons de les atomes sont « vides ». Pour nous représenter l'atome d'hydrogène, on nous invite à penser que si le proton du noyau est comme une orange place de la Concorde, à Paris, alors l'électron est un grain de poussière à Versailles. Si l'on considère des atomes plus gros, le carbone, l'oxygène, il en va de même. Ajoutons d'ailleurs que cette description ne vaut pas grand-chose et que c'est une toute première approche. La question des tailles des particules est bien plus passionnante qu'une simple métaphore.
Revenons à notre question : même si notre corps est fait de très nombreux atomes, il n'en reste pas moins que tous ceux-là sont très vides, et il en va de même pour le plancher. On serait donc amené à conclure, dans cette description naïve de « particules » très petites, bien localisées et séparées par de grandes distances, que le corps et le plancher pourraient s'interpénétrer, de sorte que nous glisserions à travers le plancher.
Le fait est que nous ne glissons pas. Cette question est la même que bien d'autres qui résultent d'une vision naïve de la matière. Par exemple, à propos des membranes cellulaires, des doubles couches de phospholipides (plus d'autres molécules) : les manuels représentent les phospholipides par une petite sphère munie de deux pattes grêles, et les images des doubles couches de phospholipides montrent un réseau très serré de telles molécules. Pourtant, là encore, la composante matérielle est quasi rien ; or ces doubles couches de phospholipides limitent véritablement les cellules, empêchant les échanges entre l'extérieur et l'intérieur, et heureusement, sans quoi notre corps se viderait de son contenu, et l'environnement pourrait s'y introduire ! Autre exemple un peu plus technique : les micelles qui se forment quand on met du savon dans de l'eau. Là, les têtes sphériques n'ont qu'une seule jambe (on dit une queue), et ces molécules de savons se regroupent, les têtes à l'extérieur et les queues à l'intérieur, formant des sphères. Pourtant le chimiste a de quoi s'étonner, car il sait que le motif représenté par les têtes se réduit à quatre ou cinq atomes, alors que les queues sont des longues chaînes de carbone et d'hydrogène. Pourquoi représente-t-on quatre atomes comme une grosse sphère, et une chaîne 20 atomes de carbone comme une frêle queue ? La réponse à cette dernière question éclaire la question initiale de notre corps et du plancher : ce qui compte, c'est moins la « matière » que son influence, c'est-à-dire les forces électriques d'attraction ou de répulsion. Dans le cas des micelles, par exemple, les têtes sont chargées électriquement, et elles se repoussent très vigoureusement. Ce que l'on symbolise ainsi, par de grosses têtes, c'est un rayon d'action et ce sont des champs électromagnétique qui nous empêchent donc de traverser le plancher. Quand on joue avec des champs électriques ou magnétiques à l'échelle macroscopique, par exemple quand on utilise des petits aimants comme on en colle sur le réfrigérateur, les forces ne sont pas bien grandes, mais comme elles varient comme l'inverse de la distance au carré, elles deviennent considérables aux distances inter-atomiques, interparticulaires.
Et c'est ainsi que nous ne passons pas à travers le plancher.
Si cette question vous intéresse, je vous recommande ce livre de poche écrit en anglais Why you don't fall through the floor, ainsi que le livre publié par le même auteur, J. E. Gordon, aux Editions Pour la Science.
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