Vive
les sciences quantitatives !
Une
question m'arrive : « D'où vous est venu votre intérêt
pour la chimie ? »
Je
ne sais pas si c'est une question dont la réponse soit d'intérêt
général, mais je sais que je peux toujours essayer de faire qu'il
en soit ainsi !
Pour
ce qui concerne mon « moi haïssable », il y a une boite
de chimie que j'ai reçue, quand j'avais six ans. Rétrospectivement
cela m'amuse de la voir... parce qu'elle est sans intérêt, assez
mal faite. Le manuel qui accompagnait les matériels et produits
était très mauvais, sans doute traduit, et mal traduit :
aujourd'hui, je ne comprends pas ce qui y est écrit... et je
comprends pourquoi, à l'époque, j'étais fasciné... mais je ne
comprenais rien.
A
la même époque, j'ai reçu un livre de vulgarisation de la chimie
qui, sans boîte d'accompagnement, décrivait des expériences, et le
plus intéressant était sans doute le chapitre sur le travail du
verre. Un travail que l'on peut faire avec une simple lampe à mèche,
et de l'alcool à brûler, comme pour les fondues. J'ai appris à
tirer le verre, à faire un capillaire, à couder, à souffler... Et
j'ai surtout appris que, pour ces travaux, les pommades grasses sont
indispensables, en cas de brûlure !
Passons.
Ce qui est surtout intéressant, de façon générale, c'est quand
même que mon éblouissement personnel est général : on
chauffe du carbonate de calcium ; quand c'est refroidi, on
ajoute de l'eau... et l'on voit une vive réaction se produire ;
puis on filtre le résultat dans un filtre à café, afin d'obtenir
une solution limpide ; on souffle dans cette solution avec une
paille... et l'on voit un trouble apparaître ; on laisse
sédimenter... et l'on récupère le carbonate qui avait été
détruit ! Pourquoi ?
Bien
des décennies plus tard, j'ai fini par comprendre que c'était moins
la transformation qui me passionnait que l'étude de cette
transformation, ce qui m'a conduit à bien distinguer la chimie, qui
m'intéresse modérément, et la physico-chimie, qui me passionne par
dessus tout !