mercredi 4 décembre 2013

Qu'est-ce qu'une thèse ?



Qu'est-ce qu'une thèse ? 

La « vraie » acception est : c'est une proposition ou théorie que l'on tient pour vraie et que l'on soutient par une argumentation pour la défendre contre d'éventuelles objections. 
 
Les ministres ont beau édicter des lois qui encadrent les moments de recherche nommés thèse, il n'en restera pas moins que l'on aura raison de se raccrocher à la définition que j'ai rappelée plus haut. 
Soit on a une idée initiale que l'on passe trois ans à étayer, soit on obtient une telle idée après trois ans de travail, peu importe. Ce qui compte, c'est que l'on fasse état d'un travail, sous la forme d'une « thèse que l'on soutient ». 
 
Tout en découle naturellement : ayant cette idée, il s'agira de montrer en quoi les travaux l'ont étayée, par exemple. Cela se fera par écrit, et par oral.
Par écrit, tout d'abord : le document de thèse est une façon de démontrer à l'Université que l'impétrant est capable d'accéder à l'enseignement supérieur, qu'il sait écrire un livre.
Par oral : il s'agit cette fois de faire une « leçon », en soutenant oralement la thèse, c'est-à-dire en la présentant clairement, et en sachant répondre aux questions que le jury posera. 

Que dites vous de cela ? Merci de ne pas me laisser dans l'erreur. Comme disait Rostand, je ne suis pas insensé au point d'être assuré de mes propres certitudes.  

samedi 30 novembre 2013

De Montréal, Québec, Canada

Chers Amis

Vous trouverez quelques mots à http://www.scilogs.fr/vivelaconnaissance/ma-version-des-faits/


vive l'Etude !

vendredi 22 novembre 2013

En mémoire de notre ami disparu Georges Bram


JOURNEE GEORGES BRAM
-
2014
13
ème
journée de Conférences
en Histoire des Sciences et Epistémologie
OUVERTE A TOUTE PERSONNE INTÉRESSÉE
DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES
Vendredi 17 janvier 2014
Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris
Salle Dus
sane
Les conférences seront de 45 minutes, suivies d’un débat
de 20 minutes.
Chercher aux frontières
9h30
-
10h15
Ludovic Jullien
,
Professeur, université Paris 6
Expériences d'interdisciplinarité
s
10h35
-
10h45 Pause café
10h45
-
11h30
Frédéric Darbellay
,
Professeur associé en Inter
-
et Transdisciplinarité à l'Institut Universitaire Kurt Bösch (IUKB)
L'interdisciplinarité : innover au
-
delà des frontières disciplinaires
11h50
-
14h30 Pause déjeuner
14h30
-
15h15
Laurence Lestel
,
Chercheur CNRS
L'environnem
ent, un terrain propice aux interfaces disciplinaires
15h30
-
17h30
Atelier débat
Qu'est
-
ce que chercher aux frontières :
contraintes, atouts, enjeux
?
Organisation
: Clotilde Policar, département chimie de l’ENS
Pour s’y rendre : RERB, arrêt Luxem
bourg
Bus 38, arrêt Auguste Comte
Bus 21 ou 27
arrêt Feuillantines
Bus 47, arrêt Place Monge
Métro Ligne 7, arrêt Place Monge
Renseignements
: Clotilde Policar, clotilde.policar@ens.fr

lundi 18 novembre 2013

Questions d'enseignement des sciences

Les collègues de la région Centre ont filmé la conférence qu'ils m'avaient invité à faire à Orléans, en ouverture du Congrès national de l'Union des professeurs de physique et de chimie :

http://www.udppc.asso.fr/orleans2013/programme/lundi-28-octobre-centre-de-conferences-dorleans/

dimanche 17 novembre 2013

Les MOOC : n'ayons pas peur, et travaillons !

Les Massive Open Online Courses sont là, et une partie du système universitaire français s'émeut. Car la concurrence semble devenir rude, les plus grandes universités américaines proposant des cours par centaines, par milliers... Parfois, les cours sont  payants ; parfois ils sont gratuits, et seul le diplôme est payant. Une masse considérable de données est réunie, et pas seulement sous la forme écrite, mais aussi visuelle, sonore, animée...
Le phénomène remettra-t-il en cause la pédagogie de l'enseignement supérieur ? Remettra-t-il en cause l'enseignement supérieur, même ?  L'usage de l'internet rend-il l'étudiant plus actif ? Les enseignants doivent-ils apprendre le théâtre, pour produire des prestations attrayantes ? Faut-il fermer les amphithéâtres ? Et les universités doivent-elles  se transformer en studios de télévision ?
Poser une question n'est pas toujours poser une bonne question, et il on aurait raison de bien regarder le passé, pour ne guère s'émouvoir du présent ou du futur (amusant, ce sont toujours les mêmes qui ont peur). Mieux, ne pourrait-on pas profiter des évolutions, quand on a la chance d'en voir, pour faire évoluer les choses du bon côté ?
Commençons par voir pourquoi rien n'a vraiment changé, et pourquoi les MOOC ne sont peut-être pas l'Innovation que l'on annonce. Pour ce qui concerne les étudiants, cela fait longtemps que certains restent dans leur environnement proche (pour mille raisons, bonnes ou mauvaises), mais que d'autres n'hésitent pas à traverser le monde pour rejoindre les systèmes d'enseignement les plus « réputés », les « professeurs » les plus remarquables. Et l'on a toujours vu,  à côté d'une masse qui « suit les cours », quelques Jean-Marie Lehn, qui dès les années 1960, sèchent les cours pour aller en bibliothèque « produire le cours » à partir d'ouvrages à leur disposition.
Observons que les cours en ligne ou les livres dans les bibliothèques ne diffèrent guère. Ceux qui suivaient les cours suivront sans doute les cours, et ceux qui voudront aller en « e-bibliothèque » iront, parce qu'ils ont de la curiosité et de l'autonomie. Et relisons l'introduction de Richard Feynman, dans ses Cours de physique : « The question, of course, is how well this experiment has succeeded. My own point of view – which however does not seem to be shared by most of the people who worked with the students- is pessimistic. I don’t think I did very well by the students. When I look at the way the majority of the students handled the problems on the examinations, I think that the system is a failure. Of course, my friends point out to me that there were one or two dozens of students who –very surprisingly- understood almost everything in all of the lectures, and who were very active in working with the material and worrying about the many points in an excited and interested way. These people have now, I believe, a first-rate background in physics –and they are, after all, the ones that I was trying to get at. But then, « The power of instruction is seldom of much efficacy except in those happy dispositions where it is almost superfluous. » (Gibbons).
D'autre part, du côté des enseignants, il y a toujours eu des enseignants de diverses qualités. Et il y a toujours eu, même sans l'Internet, quelques très grands enseignants, qui attiraient à leurs cours des étudiants de partout, en raison d'une « beauté intellectuelle » très particulière, d'une avancée intellectuelle, de capacités d'acteur qui rendent les cours vivants, que sais-je. Pas de changement, non plus, donc... et l'on doit même s'interroger si l'e-learning ne va pas, au contraire, emplir les salles de cours, au lieu de les vider : les personnalités attirantes attirent !
Oh, et puis j'y pense : il y a, certes, beaucoup de vidéos en ligne... mais la question est de connaître leur « qualité » ; le nombre n'est pas tout !
Surtout la question des relations entre enseignement et communication n'est pas neuve, et l'on aurait lieu de s'interroger mieux sur la différence entre connaissances et compétences. Les MOOC sont l'occasion de se demander à nouveau quel est le rôle de l' « enseignant », du « professeur », de l' « étudiant » (Michel Eugène Chevreul, âgé de 100 ans, se disait le doyen des étudiants de France). Quelle est la différence entre un article ou une vidéo de vulgarisation, d 'un côté,  et un cours de l'enseignement supérieur, de l'autre ?
Et puis, pourquoi sélectionne-t-on les enseignants chercheurs par leur recherche ? Parce que c'est là un moyen, si les enseignants chercheurs enseignent ce qu'ils viennent de produire, de conduire directement les étudiants à la pointe du savoir actuel ? Je crois que les enseignants de l'enseignement supérieur n'ont pas, comme dans l'enseignement secondaire, à tenir la main des étudiants pour aider ces derniers à gravir lentement les pentes du savoir accumulé ; ils ont la mission d'enseigner ce qu'ils produisent, et de proposer une vision unique du bout de connaissance qu'ils ont défriché.
Profitons de l'arrivée des MOOC pour nous demander s'il est légitime d'accueillir dans des amphithéâtres, pour des cours de physico-chimie, des étudiants qui ignorent le théorème de Gauss, qui trouvent difficilement des primitives de fonction simples, qui croient que les cycles aromatiques comportent des doubles liaisons ? Faut-il vraiment prolonger un interminable enseignement supérieur, ou faut-il plutôt conduire rapidement vers l'autonomie qui doit être celle de la fin du master ?
Enfin, l'enseignement universitaire, c'est de la recherche... et ce n'est pas une nouveauté que la recherche scientifique  doit être de qualité, MOOC ou pas !  Par ailleurs, n'oublions pas de faire savoir ce que nous faisons si nous le faisons bien : une belle idée dans un tiroir fermé à clé, ce n'est pas une idée ; c'est rien !

jeudi 14 novembre 2013

Faut-il numéroter les diapositives, dans une présentation orale ?

La question se pose largement (à ceux qui se posent des questions), et la réponse n'est pas simple (mais pas "complexe" non plus).
Ne pourrions nous pas penser que tout dépend de l'intention, du contexte, etc.

Commençons par analyser qu'un powerpoint, par exemple, peut-être un support de présentation orale. Dans ce cas là, c'est l'oral qui compte.
Un récit ? Pensons à un conte qu'on nous dirait ? Le plus souvent, le récit sera structuré, et l'on aura en tête des épisodes. Pas besoin de "numéroter les pages". Et puis, de même que le mangeur veut du rêve, et se moque de la liste des ingrédients du mets (sauf  quand ils font rêver), on veut l'histoire, pas la transpiration.
D'ailleurs, si le récit est bon, quel dommage de savoir qu'on arrive à la fin ! Et si le récit est mauvais, quel désastre de voir qu'on n'en est qu'aux deux tiers !

Pour un document, ou un exposé didactique, c'est bien différent : les numéros de page permettent de se repérer, pour retrouver ensuite un passage. Cela dit, un numéro n'est pas un "signet", qui, lui, est "signifiant". Donc il vaut mieux des onglets plus intelligents que des numéros de page.

Pour des documents destinés à être examinés plus calmement, étudiés, les choses sont différentes, parce que des documents powerpoint sont alors comme des pages d'un textes. Et les numéros de pages peuvent être utiles... mais c'est alors de la communication écrite, et non de la communication orale.

Bref, tout est question d'intention, de contexte !



L'obscurité des textes

On me donne le lien http://www.fabula.org/atelier.php?COMMENT_RENDRE_UN_TEXTE_INCOMPREHENSIBLE, où l'auteur explique que Lacan et d'autres sont obscurs. C'est une belle question, mais j'ai deux arguments :
1. je me souviens de Jean Largeault, qui était une « belle personne », droite, honnête intellectuellement, cultivée (ô combien!). Un jour, Jean m'avait offert un de ses livres érudits parus chez Vrin (je crois que c'était celui où il discutait les philosophies de la nature), et, évidemment, je me devais
  • de le lire
  • de lui en faire commentaire
Je commençai donc la lecture, lentement, attentivement, comme l'auteur du texte qui figure dans le lien plus haut... et je bloquais à la page 17. Je reprenais à zéro, et, à nouveau, je bloquais, toujours au même endroit.
Pendant quelques semaines, j'évitais Jean, jusqu'à ce que je ne puisse plus, et qu'il me demande ce que je pensais de son livre. Je lui avouais mon incompréhension de la page 17, et nous en parlâmes ouvertement : « Ah, mais c'est parce que vous ne savez pas que Saint Anselme a écrit, dans l'oeuvre xxx, que yyy ! »
Oui, j'ignorais ce texte de Saint Anselme, et, muni de ce texte, je pus poursuivre. Moralité : attention à ne pas projeter nos insuffisances dans les textes des penseurs.
2. Imaginons, maintenant (cela m'est arrivé) que je fasse un texte où j'utilise des notions neuves (supramolécularité, donneur, accepteur, dynamères, statgels...) : comment penser que mes lecteurs pourrront me suivre s'ils n'ont pas étudié ces notions ? Il ne s'agirait pas pour moi d'être incompréhensible ou obscur volontairement, mais de discuter les questions, avec les mots appropriés aux concepts nouveaux. Bref, il y a une différence entre la vulgarisation qui explique, et la science qui avance.
Le malheur, c'est que nous voudrions avoir tout de suite la notion, sans faire le chemin qui y mène. Désolé, il y a du travail à faire, et cette idée égalitaire d'un langage de la rue pour des idées techniques est très fausse !
Pis, je crois que je n'ai quasiment jamais réussi à parler un vrai langage à des collègues, et je me résous, la mort dans l'âme, à ne faire que des conférences de vulgarisation, parce que je sais que mon savoir (petit) est très idiosyncratique, et que je ne peux faire l'hypothèse que mes auditeurs me comprendront. Quel dommage ! (et, inversement, quel bonheur quand je rencontre quelqu'un à qui je n'ai pas à expliquer les choses).