dimanche 3 juin 2012


La terrible question de la stratégie de la recherche scientifique


Les scientifiques doivent faire des découvertes. C'est bien d'accord. Toutefois on ignore souvent combien la question est difficile.

Une découverte ? Si l'on savait à l'avance ce que l'on doit découvrir, et comment le découvrir, la découverte n'en serait pas une.

Examinons, par exemple, la découverte de l'iode. Il aura fallu une observation d'étranges vapeurs violettes, lors du traitement des algues, pour que l'on se mette à chercher d'où venait cette vapeur, et que l'on trouve un nouvel élément.
Pour mécanique quantique, idem : alors que les physiciens étaient triomphants, qu'ils croyaient avoir atteint le maximum de connaissances sur le monde, il fallut que l'on s'intéresse à une prévision expérimentale réfutée par l'expérience... pour découvrir finalement, au terme d'un très long accouchement, que la théorie que l'on avait du comportement de la matière était parfaitement fautif.



En pratique, comment le scientifique peut-il se comporter, pour faire des découvertes ? Quelle stratégie peut-il avoir ? Bien peu nous a été transmis à ce sujet, parce que cela se saurait depuis longtemps s'il y avait une « recette » de la découverte.

Je propose la métaphore suivante : le scientifique est dans un paysage vallonné et embrumé, au point de ne pas voir à quelques pas devant lui ; il cherche les montagnes, lesquelles sont les découvertes. Comment faire ?
Comparaison n'est pas raison, mais quand même. Ce qui semble clair, tout d'abord, c'est que l'immobilité ne conduit à rien. Ce qui semble clair, aussi, c'est que tout pas fait dans une direction où ça monte semble plus favorable qu'un pas fait vers la descente... bien que cela ne soit pas une garantie. Autrement dit, le scientifique doit absolument se raccrocher aux « symptômes », aux ignorances, aux moments où ça coince, puisque les deux exemples donnés plus haut (et mille autres que je ne donne pas) indiquent que c'est ainsi que se sont faites des découvertes importantes...

Des propositions ?

samedi 26 mai 2012

Juge et partie

Est-il grave d'être juge et partie ? J'ai évoqué la question il y a quelque temps, mais il faut que j'y revienne, parce que, à la réflexion, toute la vie d'un scientifique se passe à être juge et partie ! Sans possibilité d'y échapper, pour le scientifique, comme pour la communauté.

Par exemple, les revues scientifiques demandent à certains d'entre nous d'être rapporteurs de publication. Si l'on n'est pas compétent dans le domaine, on ne pourra pas fiablement discuter le manuscrit. Et si l'on est compétent, on sera très vraisemblablement ami des auteurs, ou concurrents. De toute façon, il y aura un conflit d'intérêt, petit ou grand.
Autre exemple, le recrutement des collègues, aux postes de maîtres de conférence, professeur, chargé de recherche, directeur de recherche : même question.
Autre exemple, l'attribution de financements. Autre exemple...

La vie scientifique se passe ainsi, en réalité, à être juge et partie. C'est pourquoi le recrutement des scientifiques et des enseignants-chercheurs devrait d'abord considérer la "moralité" des candidats : ne peuvent être juges et parties que de "belles personnes".

C'est ce que disait naïvement Michael Faraday, ébloui par la science jusqu'à son dernier souffle. Mais il est vrai qu'il était une belle personne !

Conflits d'intérêt

La question des conflits d'intérêt est traitée par nos instances sanitaires de façon contestable, me semble-t-il : si l'on n'accepte pas, dans les commissions, d'experts n'ayant aucun conflit d'intérêt, on n'aura pas des experts, mais des individus le plus souvent incompétents... car le conflit d'intérêt, dans la vie scientifique, est partout !
D'ailleurs, n'est-ce pas de la discrimination qu'un expert puisse être récusé parce que sa belle soeur, son beau-frère, beau-père, belle-mère (tout ce que vous voudrez),  voire même sa soeur, son frère, son père, sa mère, son fils, sa fille... travaillent dans une entreprise qui a des intérêts dans la question traitée ?

Assez de cette bien pensance hypocrite et idiote. S'il y a des conflits d'intérêt, signalons-les, et privilégions des gens compétents pour juger des dossier. Je rappelle que, à côté de quelques malhonnêtes qui compliquent l'existence, il existe aussi beaucoup de gens honnêtes, beaucoup de belles personnes.

Subsidiaire : ne faisons pas des lois qui voudraient punir les "méchants", lesquels trouvent tous les moyens pour contourner les lois, alors que ces mêmes lois sont des fardeaux pour les "bons", qui ne doivent pas être punis, mais encouragés !

Politiquement incorrect

1. Vu récemment : des tarifs de coiffeurs plus élevés que ceux des médecins généralistes. OK pour la santé pour tous... mais aura-t-on longtemps des gens pour faire 10 ans études (je rappelle qu'il faut bien que quelqu'un paye la vie qui passe, pendant les études) pour le même salaire que si l'on s'arrêtait au CAP ?

2. Question subsidiaire : la "responsabilité", la "charge" doivent-ils êtres rémunérés ?

2. Au delà de la bien pensance naïve (pléonasme) qui voudrait tous les hommes et femmes égaux (que signifie ce terme?), le "mérite" est-il critiquable ? Et est-il fautif d'encourager certains à faire plus et mieux ? Certes, "la vertu est sa propre récompense"...
Certes, mais svp un peu de réflexion avant de répondre "non" ou "oui"...

PS. On se souviendra que les scientifiques sont payés pour poser des (bonnes) questions. Certes, ils doivent faire des découvertes, mais on se souviendra aussi que j'ai posé la question de la "stratégie (éventuelle) de la découverte", et que je n'ai eu à ce jour aucune réponse valable. Je propose la métaphore suivante : le/la scientifique est quelqu'un qui marche en aveugle sur dans un paysage où il doit trouver des montagnes. Comment doit-il guider ses pas afin de trouver les montagnes qu'il ne voit pas ? Il y a urgence à traiter explicitement la question... et à enseigner les réponses dégagées collectivement, n'est-ce pas ? 


jeudi 24 mai 2012

Du matériel est arrivé au laboratoire !


L'UFR de chimie analytique vient de s'équiper de deux appareils de chromatographie en phase gazeuse couplée à de la spectrométrie de masse (triple quadrupolaire, simple quadrupolaire). L'un de ces appareils, confié à l'UFR par le Groupe Sanofi, sera utilisé pour de l'identification structurale de composés présents dans les aliments ou dans l'environnement. L'autre appareil servira à quantifier les composés volatils dans les aliments.
Ces deux appareils viennent enrichir le parc d'outils analytiques de l'UFR, à côté des appareils de chromatographie en phase liquide, de spectroscopie de résonance magnétique nucléaire, de diverses spectroscopies (infrarouge, fluorescence, UV-vis)... Ils seront mis au service d'études du vivant et de l'environnement : gastronomie moléculaire, suivi des contaminants dans les aliments, suivi des composés odorants produits au cours des transformations des aliments... Jamais autant qu'aujourd'hui la chimie n'a été aussi centrale, pour les questions qui se posent en matière d'alimentation et d'environnement. 


mercredi 23 mai 2012

Les comptes rendus des séminaires de gastronomie moléculaire

Merci à quelques amis d'avoir réclamé les Comptes rendus des séminaires de gastronomie moléculaire. Il sont maintenant sur le site "Vive la chimie".