Un ami italien me fait observer que la sauce au thon du vitello
tonnato (cette sauce sur des lamelles de veau cuit) ne comporte pas de
jaune d'oeuf, mais de l'oeuf dur, et de me dire que c'est quelque chose
de tout à faire unique au monde. Sourions, en nous souvenant que chaque
pays ou presque a cette naïveté de penser que ses ingrédients (les
produits, pour l'élevage, l'agriculture ou la pêche, mais des
ingrédients pour la cuisine) sont les "meilleurs".
Quant à la
présence d'oeuf dur, il faut d'abord rappeler que le blanc d'oeuf a peu
de goût, sauf quand on lui en donne en le chauffant excessivement,
auquel cas il se charge de ce gaz toxique qu'est l'hydrogène sulfuré. Et
c'est le jaune qui est connu des cuisiniers pour apporter des goûts
somptueux.
Cela étant, je trouve aussi en 1887, sous la plume
d'Emmeline Raymond, Le nouveau livre de cuisine (3e édition), Paris,
Firmin-Didot, 1887, p. 96, la recette de sauce suivant :
« Sauce crevette. Mettez dans une casserole un bon morceau de beurre,
avec une cuillerée de farine ; tournez sur le feu ; ajoutez un verre de
vin blanc, deux verres de jus de viande, poivre, sel ; laissez mijoter
pendant une heure. Faites cuire trois oeufs durs ; enlevez le jaune,
maniez- le avec du beurre ; épluchez des crevettes cuites, ajoutez-les
aux oeufs durs, passez le tout au tamis de fil de fer ; au moment de
servir la sauce, mettez y cette pâte ; veillez à ce ue la sauce ne fasse
aucun bouillon ; ajoutez encore des queues de crevettes entières
épluchées ».
Ici, ce n'est pas thon et oeuf dur, mais
crevettes et oeuf dur. Et ce n'est pas une innovation récente, puisque
l'on a fait ce type de choses depuis la Renaissance. Observons
d'ailleurs que, même au tamis de fil de fer, on a une sauce qui n'est
pas parfaitement lisse, donc une sauce "rustique".
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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lundi 14 janvier 2019
vendredi 11 janvier 2019
Le vitello tonnato
À propos de vitello tonnato, un jeune ami italien me fait observer que la recette est "difficile".
Difficile ? Je vais en ligne, et je trouve une recette qui dit, en substance, que le vitello tonnato est une assiette de tranches très minces de veau cuit, recouvertes d'une espèce de sauce mayonnaise au thon.
Et mon ami italien de s'exclamer que ce n'est pas la vraie recette ! Je poursuis alors la recherche devant lui, et je trouve mquasi instantanément une recherche "originale" du Piémont. Comme il est originaire de cette région, il convient sans beaucoup de vérification que cette recette est admissible... mais la lecture fait apparaître que la description est peu différente de la précédente, à quelques détails près, telle la présence de l' œuf dur broyé plutôt que du jaune d' œuf cru, la présence d'anchois, etc.
Je propose finalement de retenir, au premier ordre, que l 'on fait cuire du veau et qu'on le met en minces tranches. Puis que l'on couvre d'une sauce au thon. Certes, ce n'est pas une véritable mayonnaise, mais, en tout cas, c'est extrêmement simple, puisque l'on broie du thon avec de l'oeuf dur, un peu d'huile et divers ingrédients qui donnent du goût : anchois, câpres, etc. Mais j'observe aussi, après consultation d'autre recettes tout aussi "originales", que ces derniers ingrédients diffèrent.
Surtout, j'observe que tout cela est très simple. Parce que finalement, on fait quand même cuire du veau pendant assez longtemps dans un bouillon avec des aromates, et des légumes, on coupe en tranches et l'on réalise une sauce en quelques instants à l'aide d'un mixeur.
Compliqué ? Je ne trouve pas. Long ? Oui, pour la cuisson du veau... mais on peut faire autre chose pendant ce temps, et le temps total de production de la recette est très court. Alors ?
Alors il y a surtout la question artistique à considérer, et c'est la difficile question du goût, du dosage des ingrédients, de leur origine, de la subtilité de leur traitement. Et là, oui, c'est compliqué... et merveilleux, mais comme je ne suis pas un artiste, je ne peux en parler, et j'invite mes amis artistes culinaires à s'exprimer sur ce point.
Difficile ? Je vais en ligne, et je trouve une recette qui dit, en substance, que le vitello tonnato est une assiette de tranches très minces de veau cuit, recouvertes d'une espèce de sauce mayonnaise au thon.
Et mon ami italien de s'exclamer que ce n'est pas la vraie recette ! Je poursuis alors la recherche devant lui, et je trouve mquasi instantanément une recherche "originale" du Piémont. Comme il est originaire de cette région, il convient sans beaucoup de vérification que cette recette est admissible... mais la lecture fait apparaître que la description est peu différente de la précédente, à quelques détails près, telle la présence de l' œuf dur broyé plutôt que du jaune d' œuf cru, la présence d'anchois, etc.
Je propose finalement de retenir, au premier ordre, que l 'on fait cuire du veau et qu'on le met en minces tranches. Puis que l'on couvre d'une sauce au thon. Certes, ce n'est pas une véritable mayonnaise, mais, en tout cas, c'est extrêmement simple, puisque l'on broie du thon avec de l'oeuf dur, un peu d'huile et divers ingrédients qui donnent du goût : anchois, câpres, etc. Mais j'observe aussi, après consultation d'autre recettes tout aussi "originales", que ces derniers ingrédients diffèrent.
Surtout, j'observe que tout cela est très simple. Parce que finalement, on fait quand même cuire du veau pendant assez longtemps dans un bouillon avec des aromates, et des légumes, on coupe en tranches et l'on réalise une sauce en quelques instants à l'aide d'un mixeur.
Compliqué ? Je ne trouve pas. Long ? Oui, pour la cuisson du veau... mais on peut faire autre chose pendant ce temps, et le temps total de production de la recette est très court. Alors ?
Alors il y a surtout la question artistique à considérer, et c'est la difficile question du goût, du dosage des ingrédients, de leur origine, de la subtilité de leur traitement. Et là, oui, c'est compliqué... et merveilleux, mais comme je ne suis pas un artiste, je ne peux en parler, et j'invite mes amis artistes culinaires à s'exprimer sur ce point.
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