Ces
temps-ci, on entend parler sans cesse d'égalité (mais quelqu'un qui
mesure 2 mètres de haut n'a pas la même taille que quelqu'un qui
mesure 1,5 mètre ; quelqu'un qui aime son travail, quel que
soit la nature de ce travail, n'est pas dans les mêmes conditions
que quelqu'un qui ne l'aime pas) ou d'équité (une notion que
j'aimerais que l'on m'explique clairement), et c'est peut-être bien.
En matière d'enseignement des sciences et des technologies, il y a
cette idée qu'il faut aider tous les étudiants qui ont des
difficultés. Là encore, évidemment, je suis pour, puisque c'est la
mission de l'enseignement que d'aider les apprenants à apprendre.
Cela
étant, personne ne peut faire le travail d'apprentissage à la place
de l'étudiant, et il semble important -vu les étudiants que nous
recevons- de bien rappeler que l'étudiant doit y passer du temps. Un
temps où il n'y aura ni football, ni roman, ni film, ni concert… ;
un temps où il faudra sans doute mémoriser, focaliser sur les
notions, concepts, méthodes, objets qui font le contenu des sujets
enseignés ; un temps où il y aura peut-être des exercices,
des projets…
Et,
progressivement, plus l'étudiant sera avancé dans ses études, plus
il devra être autonome. Autonome de combien ?
Je
propose de considérer trois courbes « d'autonomie »,
entre l'école primaire et la fin du Master 2, cette dernière année
d'études, après laquelle l'autonomie devra être complète.
La
première courbe n'est pas bonne, parce que les jeunes apprenants
doivent d'abord s'équiper avant de voler de leurs propres ailes. La
deuxième courbe n'est pas bonne, parce que l'apprentissage de
l'autonomie sera insuffisant. La troisième courbe s'impose, par
conséquent.
Et
les étudiants les plus faibles ? S'ils sont faibles en Master 1
ou 2, c'est grave, parce que la logique voudrait qu'on ne les aide
pas. Et puis, pourront-ils rattraper en un ou deux ans quelque dix
ans de retard ? Et faut-il donner le même diplôme à de bons
étudiants et à des étudiants plus faibles ?
D'autant
que :
1.
le temps des enseignants est limité
2.
il serait temps de reconnaître qu'il n'est pas certain que tous les
étudiants soient faits pour les études : un étudiant qui ne
veut pas étudier ne s'épanouira pas dans les études, quoi que
fassent les enseignants
3. assez d'assistanat : les citoyens ne doivent-ils pas se prendre en charge un minimum ?
3. assez d'assistanat : les citoyens ne doivent-ils pas se prendre en charge un minimum ?
Enfin,
on a tendance à oublier, ces temps-ci, que les nations ont besoin de
gens qui sont à l'avant du groupe, des défricheurs en quelque
sorte. Et si l'on ne contribue pas à aider ces individus, le groupe
n'avance pas. Je ne dis pas que ces personnes doivent être mieux
payées ou mieux considérées que les autres (quoi que…), mais je
crois pouvoir dire que les enseignants n'ont pas le droit de les
négliger, en consacrant tout leur temps aux plus faibles : ce
serait injuste.
Autrement
dit, je ne crois pas être élitiste en proposant que nous ne devons
pas oublier de faire nos cours aussi pour les bons étudiants.