Nous sommes partis de la Seine ; nous avons monté la rue Saint-Jacques, laissant sur la gauche le Collège de France, le lycée Louis le grand, traversant la rue Gay-Lussac, passant devant l'église Saint-Jacques du Haut Pas, et, peu après sur la droite, un bâtiment qui n'a vraiment rien de particulier.
Toutefois, la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde. Ce bâtiment, au quatrième étage, était occupé par Françoise et Boris Dolto.
Tout le monde connaît la psychanalyste Françoise Dolto, qui s'intéressa notamment aux enfants.
Elle épaula mon père, Bernard This, quand celui-ci créa d'abord le Centre Etienne Marcel (le premier centre de psychopédagogie), puis la première Maison verte, dans le 15e arrondissement, près de Dupleix, ce lieu d'accueil des futurs parents, des très jeunes enfants, des enfants in utero même, maison qui préfigura l'ensemble des autres lieux analogues, aujourd'hui répartis dans toute la France.
Françoise Dolto se fit connaître par l'intelligence de ses réponses à la radio, et aussi par le courant qu'elle suscita, les énergies qu'elle contribua à à canaliser...
Toutefois on oublie souvent que son mari, Boris Dolto, était un personnage au moins aussi remarquable. Il fut notamment le créateur d'une grande école de kinésithérapie, rue Cujas, pas loin de son domicile.
A certains intellectuels, la kinésithérapie semble moins prestigieuse que la psychanalyse, mais elle est sans doute bien plus répandue en France et dans les autres pays. Tout village a son kinésithérapeute, à côté de son médecin, mais tous les villages n'ont pas de psychanalyste, qu'on le regrette ou non. Et cela explique pourquoi Boris Dolto fut si important.
Tout cela pour un bâtiment obscur de la rue Saint-Jacques ! Décidément, la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde