Un grand hebdomadaire
français titre « les 30 aliments conseillés par la science ».
Un tel titre est fautif, et je dis bien fautif, et non erroné, car
il y a faute à dire que la sciene peut conseiller quelque chose. Ce
n'est pas seulement une erreur, mais une faute. Une faute, parce que,
derrière ce titre, il y a une confusion tendancieuse entre la
science quantitative et la technologie. Il y a également faute à
faire croire que la diététique, qui conseille, se confond avec la
nutrition, laquelle est une science.
La science quantitative
ne conseille rien, parce qu'elle n'a rien à conseiller : c'est
une activité de recherche des mécanismes des phénomènes, pas une
personne. Plus exactement, l'activité scientifique, pour la science
quantitative, consiste en la production de théories qui font
l'objets d'études en vue de leur réfutation, et ce sont les
applications technologiques ou pédagogiques qui manipulent les
résultats des sciences quantitatives. Depuis des décennies, nous
sommes dans une confusion, qui conduit à la fois à craindre la
science quantitative, alors que c'est la technologie qui est en
cause, et à tout confondre : intérêt de la recherche de la
connaissance, statut des « experts »...
D'ailleurs, à dire un tel
titre, on ferait bien d'être prudent et d'avoir la mémoire un peu
longue. La diététique nous a refusé le pain, il y a quelques
décennies, puis elle nous l'a conseillé. Même idée pour le vin.
Et ainsi de suite. La diététique, qui n'est pas une science
quantitative, mais une application de la science nommée nutrition,
nous fait tourner en bourrique.
La science quantitative ne
conseille pas.