jeudi 27 janvier 2022

Séance hebdomadaire de l'Académie d'agriculture de France, du 30 mars 2022

 




L’étiquetage simplifié des scores nutritionnels et environnementaux : objectifs, mise en œuvre et impacts

Les multiples caractéristiques des aliments (hédoniques, sanitaires, nutritionnelles, économiques, environnementales…) génèrent une offre et une demande d’informations en croissance continue. Aujourd’hui, les informations disponibles vont bien au-delà des mentions prévues par les règles d’étiquetage des denrées alimentaires, et incluent des allégations de tous ordres, de nombreux signes de qualité, des mentions d’origine, de types de production… Au moment de comparer les produits et de choisir, le décryptage des labels et des autres informations figurant sur les emballages peut générer des efforts et des temps de traitement excessifs pour de nombreux consommateurs et créer de la confusion et des difficultés dans leur choix d’achats.

Clarifier et synthétiser l’information pour simplifier les comparaisons peut donc procurer un bénéfice immédiat aux consommateurs. C’est aussi un moyen pour que l’information puisse jouer son rôle à plus long terme en facilitant des choix alimentaires favorables à la santé et à l’environnement. La mise au point de scores synthétiques permettant de comparer rapidement les produits est une réponse à cet impératif. Les enjeux sont bien identifiés par les acteurs publics et privés, qui ont compris qu’il s’agissait d’un levier puissant pour agir sur la consommation et pour faire évoluer l’offre alimentaire vers des produits industriels éco-conçus et de composition nutritionnelle améliorée.

De nombreux systèmes de profilage et de notation se sont développés, en France et dans beaucoup d’autres pays, pour répondre à ces enjeux. Les scores calculés grâce à ces systèmes peuvent servir de base à un affichage simplifié sur la face avant de l’emballage des produits, le plus souvent au moyen de logos classants. Des difficultés conceptuelles et des enjeux de tous ordres apparaissent tout au long du processus de construction de ces systèmes de notation et de leur mise en œuvre. En France, le nombre très important de recherches et d’études qui ont préparé et accompagné le déploiement du Nutri-Score illustre l’ampleur de la tâche. En témoigne également le lobbying intense provoqué par la perspective de l’adoption par la Commission européenne, avant la fin de 2022, d’une recommandation d’harmonisation de l’étiquetage nutritionnel obligatoire sur la face avant des emballages alimentaires.

La création d’un score permettant de comparer les impacts environnementaux des produits alimentaires, prévue par la loi "Climat et résilience", pose des problèmes du même ordre. La multiplication des initiatives (Éco-Score, Planet-Score…) et des annonces, qui ont précédé et accompagné la phase d’expérimentation, laisse présager un débat animé jusqu’à l’adoption d’une recommandation pour un système d’affichage que la loi prévoit de rendre obligatoire.

Enfin, des questions restent ouvertes sur les effets non intentionnels de ces "logos classants", ainsi que sur leurs interactions lorsqu’ils vont se généraliser et figurer conjointement sur les emballages. Il serait paradoxal que le développement d’un affichage simplifié, au moyen de logos et de scores, provoque une résurgence de l’embarras du choix qu’il était censé éviter. La diffusion des applications, utilisées par un consommateur sur cinq et présentes sur toutes les plateformes d’achats en ligne, peut réduire cet embarras en permettant à chacun de privilégier ses propres critères. Mais, dans ce cas, la capacité du système d’information à favoriser les choix favorables à la santé et à l’environnement n’est pas forcément garantie.



La séance du 30 mars prochain se propose de discuter ces différentes questions, et en particulier :

  • les objectifs et l’histoire des scores nutritionnels et environnementaux,

  • le principe de leur action, replacé dans le cadre des outils visant à influencer le comportement des consommateurs,

  • les problèmes techniques soulevés par la construction de ces scores et les enjeux pour différents acteurs du système alimentaire,

  • les effets de la mise en œuvre de ces scores sur les choix des consommateurs et sur les stratégies des producteurs et des distributeurs.





Programme de la séance

(Tous les intervenants ont donné leur accord. Les titres sont indicatifs- en bleu, titres validés)


Introduction : Historique des démarches (nutrition/environnement) et perspective internationale  (15 minutes)

Véronique BRAESCO (section 8)


1. Pourquoi des scores et des logos  ? Le nudge   (20 minutes)

Patricia Gurviez (AgroParisTech)

Présentation des principes et méthodes du nudge, en s’appuyant sur l’exemple des logos simplifiés et coloriels nutritionnels et environnementaux :

    • Comment amener les consommateurs à modifier leur comportement ?

    • Aspects sociologiques (les « rebelles au nudge »), questions d’éthique…


2. L'affichage environnemental des produits alimentaires : bases scientifiques et choix politiques  (25 minutes)

Louis-Georges Soler (INRAE)

  • Les bases techniques : métrique du score unique, critères et notation, catégories ou transversal, unité fonctionnelle (portion, poids, service, etc.),…

  • Les données nécessaires : collecte, mise à jour, qualité, variabilité …

  • Les jeux d’acteurs dans ces constructions

  • Le rôle des applications de choix dédiées aux consommateurs

 

3. Les logos nutritionnels atteignent-ils leur objectif de changement de comportement et de qualité de l’offre produits ? Le cas du NutriScore

Intervention à plusieurs voix (3 x 10 minutes)

  • Ghislaine Narayanane (OQALI, INRAE)

  • Cécile Rauzy (Nestlé France)

  • Lionel Desencé, (Carrefour)


Conclusion (15 minutes)

Chantal Gascuel (INRAE, section 7)







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