Ce billet répond, d'une certaine façon, à un étudiant qui me consultait (quel honneur pour moi, quelle inconscience pour lui!) à propos du choix de l'institution où il devait entrer.
C'était en mai ou juin dernier, alors que les concours d'entrée aux Grandes Ecoles s'achevaient. Le jeune homme était admis partout, dans les écoles les plus prestigieuses.
A propos de l'une d'elles, il me disait : "Un de mes amis qui y est m'a dit que l'enseignement n'y est surfait".
Surfait, l'enseignement de la meilleure des écoles françaises ?
Il y avait de quoi s'étonner. Certes, les écoles sont des regroupements d'enseignants, et il serait naïf de croire que les enseignants de l'Ecole dont il était question serait beaucoup plus intelligents que les enseignants des écoles voisines... Vous savez que, pour moi, seul compte le travail et l'honnêteté. Toutefois, la remarque était choquante...
Parce que, à l'analyse, notre jeune ami, et surtout son camarade, n'avaient pas compris que les Ecoles sont des auberges espagnoles. Il ne s'agit pas que l'école soit "bonne", mais qu'elle donne aux étudiants le goût du travail et la possibilité de s'y livrer.
Un de nos lauréats français du prix Nobel a assez dit que, étudiant, ses enseignants étaient mauvais, de sorte qu'il allait en bibliothèque "écrire les cours" qu'il séchait, à l'aide des livres présents dans la bibliothèque. Il importait peu que les enseignants soient de "bons" ou de "mauvais" enseignants (qu'est-ce qu'un bon enseignant ? un mauvais enseignant?) ; il suffisait que notre ami puisse trouver de quoi "faire son miel".
Sachons que nos institutions sont des auberges espagnoles, de l'Ecole jusque dans les entreprises : Ne soyons pas des oies que l'on gave. Prenons notre destin en mains.
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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bonjour hervé,
RépondreSupprimercomme vous le dites si bien dans votre billet juste en dessous :
"Ce n'est pas impolitiquement correct de dire qu'il y a de bons boulangers et de médiocres boulangers, de bons cuisiniers et des cuisiniers moins intéressnats, des étudiants travailleurs et d'autres qui tirent au flanc..."
c'est donc exactement la meme chose pour un professeur mais comme vous l'etes, vous évitez de rentrer de plein front dans la réponse par une jolie pirouette qui ne trompera aucun de vos lecteurs fidèles
vous ne souhaitez pas répondre a cette question car vous faites partie du corps enseignant, certes, mais oui il y a comme dans tout métier, des bons et des mauvais...
pour en revenir a notre système scolaire, n'oublions pas qu'il est essentiellement basé sur les classes préparatoires et qu'à la limite, on pourrait juste apres avoir intégré en 3/2 ou 5/2 nous donner le diplome, tellement les école d'ingé sont des lieux de "maturation" de personnalités plutot que des endroits de sélection et d'apprentissage, et c'est pas plus mal comme ça, vu le niveau de nos ingénieurs, et il est vrai que dans ce cas là, pas besoin de bons ou mauvais prof, nous étions beaucoup a ne fréquenter que la cafet ;o)
Oui, les écoles d'ingénieurs sont des lieux de maturation... mais j'ai immensément appris quand j'étais à l'ESPCI ! Et encore, si j'avais été plus assidu, plus mûr, j'en aurais fait un miel bien supérieur !
RépondreSupprimerD'ailleurs, comme il y avait des partiels, kafet ou pas, il fallait travailler... d'où l'intérêt des bons livres de science!
En fait, on ne travaille vraiment qu'en milieu de 2eme année et surtout en 3eme année car les projets industriels deviennent passionnant et souvent les étudiants peuvent choisir les cours qui les intéressent, ce qui renforcement de facto leur (notre) motivation.
RépondreSupprimerDe toute façon, dans le système français, les classes prépa nous rendent completement autonomes vis a vis de la lecture scientifique (on peut quasiment tout lire et tout comprendre, le savoir n'étant qu'une question de temps et de priorités) et les orientations futures sont souvent le fait de rencontre avec des professeurs ou des industriels interessants, d'ou une moindre dépendance au niveau général (qui est très bon, faut le souligner quand même) du corps professoral
Dans un premier temps je rejoins "sborgnanera" sur votre évitement de définir un bon et un mauvais professeur (bien qu'évidemment ce soit loin d'être garantie qu'une définition existe).
RépondreSupprimerJe suis choqué par cette phrase: "pour en revenir a notre système scolaire, n'oublions pas qu'il est essentiellement basé sur les classes préparatoires..."
Pour moi cela reflète un abscons “entre soi" tel le club "Le siècle". Saviez-vous que l'immense majorité des étudiants vont à l'université? Et ne connaissent pas vos 3 et 5 demi? Et non pas accès aux même ressources que les écoles d'ingé. Ayant fait un stage à l'ESPCI je peux vous dire que c'est autre chose que l'université situé à quelques rues de là!
Enfin, vous dîtes que ce n'est pas grave... si vous êtes brillant probablement et/ou si vous baignez dans un environnement type école d'ingénieur mais au vu de la jungle qu'est l'université... un prof peut faire toute la différence... pour le commun des mortels!
Edouard,
Doctorant ayant survécu à la fac
Enfin une discussion sur nos systèmes d'enseignement !
RépondreSupprimerOui, il y a une vraie différence entre l'université et les grandes écoles. A la fois de moyens, mais aussi de finalités (normalement...) et de perspectives.
Cela étant, Stanford est une université, comme Berkeley, ou Oxford...
Il est éclairant, par exemple, de découvrir que, au Brésil, les universités fédérales sont souvent gratuites... et réservées aux meilleurs, alors que les universités catholiques (par exemple, je prends l'exemple de Curitiba) sont payantes, et moins sélectives. Puis je avouer que j'aime assez un système qui donne plus de chances à ceux qui travaillent ? Je crains à nouveau d'être politiquement incorrect, et j'aimerais que l'on me corrige (gentiment), sur ce point.
Nos distinctions françaises peuvent changer. Ce qui ne changera sans doute pas, c'est que labor improbus omnia vincit (un travail acharné vient à bout de tout). Et aussi que je ne suis pas prêt, si je travaille (et que je deviens "bon élève", car je maintiens que le "bon", c'est le "travailleur"), à être mis sur le même plan que ceux qui ne font rien.
Mais là encore, peut-être suis-je politiquement incorrect (d'autant que, dans nos systèmes recherches, l' "avancement" ne se fait pas au mérite!).