Dans la méthode des
sciences quantitatives, la deuxième étape est une quantification
des phénomènes sélectionnés, des phénomènes que l'on a décidé
d'explorer, des phénomènes dont on a décidé de chercher des
mécanismes. Cette deuxième étape découle de la définition même
des sciences quantitatives : quantifier, nombrer comme disait Bacon,
mesurée. Autrement dit, il s'agit de caractériser quantitativement
les divers aspects des phénomènes considérés. Là, le travail
peut évidemment être infini. Pensons un soufflé qui gonfle, par
exemple : on peut mesurer la température en ses différents
points, la pression, la couleur et ses changements, la composition
chimique, la structure physique... Il y a donc lieu de travailler
judicieusement et de sélectionner intelligemment les paramètres que
l'on veut mesurer, l'identification que l'on veut faire. Dans le cas
du soufflé, puisque le gonflement résulte d'un échauffement, il
semble raisonnable de s'intéresser à la température, au volume, à
des caractéristiques macroscopiques. De même, pour comprendre
pourquoi une montagne se dresse, on a lieu d'utiliser les
connaissances préalablement établies, notamment sur la dérive des
continents, laquelle conduit à la surrection des montagnes.
Toutefois on peut aussi se demander si cette montagne n'est pas
plutôt dans un volcan, auquel cas le mécanisme de formation est
différent.
Bref, en science
quantitative, se pose la question difficile de la sélection des
quantifications à faire. Une question bien difficile et qui, à ma
connaissance, n'a guère été considérée par les épistémologues,
les philosophes des sciences. On ne fait pas de sciences bêtement,
automatiquement, et il y a lieu de mettre en oeuvre toutes les
ressources de notre intelligence pour parvenir à des résultats
dignes de notre ambition.