dimanche 14 novembre 2010

L'aliment... naturel ?

Un ami me faisait récemment remarquer qu'il ne fallait pas "effrayer" le "public".

Effrayer le public ?

Effraie-t-on le public, quand on dénonce la mode naturaliste actuelle, qui demande des aliments exempts de produits... chimiques ? J'ai bien dit ailleurs (La Sagesse du chimiste, Editions L'oeil neuf) que les "produits chimiques" n'existaient pas, mais admettons ici que le public pense aux composés de synthèse (pesticides, additifs, auxiliaires technologiques...). Il oublie, ignore ou veut ignorer que le sucre, le sel, sont "embellis" d'auxiliaires technologiques, purifiés par des opérations variées. Il oublie de croire que nombre d'additifs ne sont pas "de synthèse", mais seulement extraits de produits naturels (pensons aux gélifiants extraits des algues, par exemple). Il oublie, ignore ou veut ignorer que des produits "traditionnels" sont bien plus mauvais que des produits nouveaux.

Effraie-t-on le public quand on lui signale qu'il serait naïf de croire que l'on puisse manger des produits naturels ? Il ne faut pas oublier ou ignorer que les fruits, légumes, viandes, oeufs... ont été largement remaniés par des générations d'agronomes.

N'est-ce pas plutôt en expliquant bien ce que l'on mange que le public pourra prendre des décisions citoyennes ou individuelles ?
Il lui faudra supporter l'insupportable, à savoir que la science n'a pas aujourd'hui la réponse à des question simples, de nutrition, de toxicologie, sans parler de cuisine.

Effrayer le public ? Pauvre public : n'ayons pas peur, au contraire, d'éclairer les débats citoyens en expliquant ce qu'est vraiment un OGM, un pesticide, un engrais, en faisant état des chiffres de la production et de la consommation, en montrant les enjeux des décisions alimentaires en termes d'emploi, de richesse des foyers, d'environnement...


Mais cela est peut-être subservif ?

Vive la connaissance !

De l'esprit des lois

J'emprunte le titre à un bon auteur, mais c'est seulement pour faire partager une pensée paradoxale : on fait le plus souvent des lois pour encadrer l'activité de ceux qui "débordent", disons des "mauvais élèves". Or ces derniers sont précisément ceux qui cherchent tous les moyens d'éviter les punitions, de sorte que les lois s'accumulent sur la tête des "bons élèves", qui sont ainsi doublement punis.
Faut-il vraiment prendre des mesures contraignantes qui gênent ceux-ci?

Autrement dit, ne punissons les bons élèves quand nous essayons de punir les mauvais.

Et mieux encore : pourquoi les lois n'encourageraient-elles pas les bons élèves ?

En science comme ailleurs...

samedi 23 octobre 2010

Une langue pour penser

La Délégation générale à la langue française présente un rapport pour l'emploi de la langue française, mais ce rapport, qui revendique que les publicités soient clairement exprimées en français sur des produits vendus en France (un minimum, non?), appelle la réponse suivante :

Merci pour votre rapport, qui est très intéressant.
Je crois toutefois qu'il manque un paragraphe très offensif, sur la capacité d'une langue à penser.

Le grand Antoine Laurent de Lavoisier a écrit, suivant en cela Condillac, que l'on ne pourra perfectionner la science sans perfectionner la langue, et vice versa.
On disait de Pérec qu'il révisait les traductions de l'anglais sans connaître l'anglais, en repérant les structures bancales. Je crois que l'on peut dire assez justement que l'on peut corriger un devoir de science, voire un projet de publication scientifique dont on est rapporteur, simplement en lisant.

Ce qui pose d'ailleurs la question terrible suivante : si l'on entend un personnage politique ou un journaliste (ou tout autre personnage public) proférer des discours mal construits, peut-on supposer qu'il pense mal? Le physicien François Arago disait que la clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public, mais je crains que ce soit bien plus : la preuve d'une pensée maîtrisée !

Vive la langue française pour penser... et toute langue appropriée à son interlocuteur pour parler : l'allemand pour parler à des Allemands, l'anglais pour parler un vague charabia au monde, etc.

jeudi 21 octobre 2010

Juge et partie

Oui, il ne faut pas être juge et partie.

Conseiller scientifique de cette merveilleuse revue que j'ai construite pendant 20 ans et qui a pour nom "Pour la Science", je ne dois pas en faire la réclame (d'autant que j'y tiens une chronique mensuelle, intitulée "Science et gastronomie"), et pourtant...
Et pourtant, le dernier numéro spécial, consacré au temps, est absolument merveilleux !

dimanche 10 octobre 2010

Les sciences de la nature

Des amis avec qui nous discutions la question de la dénomination des "sciences" s'élevaient contre la terminologie "science quantitative", pour désigner les sciences dures, par opposition aux sciences molles. Ils observaient notamment que l'économie est une "science" très quantitative, au sens de la description (pas toute l'économie, toutefois).

En réalité, la question n'est pas qu'il y ait des sciences humaines et sociales, opposées à des sciences de nature. D'ailleurs, la terminologie "science de la nature" ne convient pas non plus, parce qu'il y a ce mot terrible de nature ! Les phénomènes qui sont observés lors de la mise en oeuvre d'objets technologiques sont-ils vraiment des phénomènes de la nature?

Non, la question, c'est qu'il y a des choses plus ou moins rigoureuses que d'autres, et que le rêve serait d'opposer ce qui est rigoureux et ce qui ne l'est pas. D'une certaine façon, la question du champ disciplinaire semble ainsi s'effacer devant la question de la méthode. Et c'est donc la méthode "scientifique" qui doit faire l'objet d'un intérêt tout particulier. A ce jour, je ne vois pas mieux que la nommer quantitative, légalisante, réfutante, expérimentale.

On va finir par croire que je suis négatif...

Mais il est vrai qu'il y a des trucs qui m'énervent!!!!!!!!!!


Ce matin, je reçois un email d'un correspondant charmant qui m'écrit :

"J'ai lu dans un magazine féminin (au demeurant complètement inintéressant) l'interview d'une nutritionniste (Catherine S L) qui explique que faire chauffer le fromage dénature les protéines et les rend toxiques.
J'avoue être assez sceptique, et je me permets de vous demander votre avis.
(Elle déclare également que le croissant ordinaire contient à peine moins de beurre que le croissant au beurre... et là, je suis encore plus sceptique, car il me semble que le croissant ordinaire n'est fabriqué qu'avec de la margarine.)


Ma réponse :

Hélas, le monde est plein d'ignorants qui se prétendent savants. Il y a quelques années, j'ai pris un ponte de la diététique qui n'avais que le mot "oméga 6" à la bouche en flagrant délit (par moi) de ne même pas savoir ce que c'était!

En réalité, c'était un mot qu'il (en réalité elle) manipulait à tout bout de champ... en l'utilisant d'ailleurs pour dire des choses fausses.
Je rappelle ici que je fais une différence entre la nutrition, qui est une science, et la diététique, qui est idéalement l'application de la nutrition.

Le fromage chauffé toxique ? Les gratins seraient alors à proscrire immédiatement, tout comme les raclettes, les fondues, etc. Et l'on devrait voir en Suisse une surmotalité... que les épidémiologistes ne voient pas.
Les protéines dénaturées toxiques ? Alors on n'a plus le droit de manger ni oeuf ni viande ni poissons cuits... parce que la cuisson commence par la dénaturation des protéines.

Je vous invite évidemment à envoyer à la rédaction du journal en cause ce type de remarques.

Mais soyons positifs.
Selon un ami qui est compétent en nutrition, lui, la seule règle est d'éviter les toxiques les plus puissants, et de manger de tout en petites quantités, sans oublier de faire de l'exercice.

vendredi 8 octobre 2010

A hurler de rire

On savait que la médecine populaire avait des travers ridicules... mais je viens de trouver bien mieux :

Vous vous rendez compte : sur le visage ! Et bientôt de la limace, en vente dans toutes les bonnes pharmacies...