samedi 23 octobre 2010

Une langue pour penser

La Délégation générale à la langue française présente un rapport pour l'emploi de la langue française, mais ce rapport, qui revendique que les publicités soient clairement exprimées en français sur des produits vendus en France (un minimum, non?), appelle la réponse suivante :

Merci pour votre rapport, qui est très intéressant.
Je crois toutefois qu'il manque un paragraphe très offensif, sur la capacité d'une langue à penser.

Le grand Antoine Laurent de Lavoisier a écrit, suivant en cela Condillac, que l'on ne pourra perfectionner la science sans perfectionner la langue, et vice versa.
On disait de Pérec qu'il révisait les traductions de l'anglais sans connaître l'anglais, en repérant les structures bancales. Je crois que l'on peut dire assez justement que l'on peut corriger un devoir de science, voire un projet de publication scientifique dont on est rapporteur, simplement en lisant.

Ce qui pose d'ailleurs la question terrible suivante : si l'on entend un personnage politique ou un journaliste (ou tout autre personnage public) proférer des discours mal construits, peut-on supposer qu'il pense mal? Le physicien François Arago disait que la clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public, mais je crains que ce soit bien plus : la preuve d'une pensée maîtrisée !

Vive la langue française pour penser... et toute langue appropriée à son interlocuteur pour parler : l'allemand pour parler à des Allemands, l'anglais pour parler un vague charabia au monde, etc.

3 commentaires:

  1. Un discours mal construit ne laisse augurer que d'un mauvais nègre, ou, au pire, d'une relecture peu soignée. Mais je suis d'accord avec l'essentiel de cet article, et me suis régalé avec la mention à Pérec. C'est tellement vrai.

    RépondreSupprimer
  2. je vous trouve un tantinet sévère envers la langue de Shakespeare....
    Boileau qui était plus besogneux qu'inspiré disait déjà "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement....."
    Une langue qui pense n'a-t-elle pas aussi l'ardente obligation d'inventer des mots pour s'adapter.
    Ce n'est pas un grand progrès pour la langue de remplacer email par courriel, bug par bogue etc..
    Ne comptons pas trop sur les locataires du 23, quai de Conti pour redonner au français une dynamique et une inventivité nouvelle!
    Tout texte comme tout plat réussi n'est-il un savant mélange fait d'équilibre, d'invention et de surprise pour le lecteur.
    Il n'est pas interdit qu'il traduise une pensée affirmée mais il peut être aussi une sublime fulgurance poétique.
    Bloguement votre
    PS
    Je ne suis pas des grincheux qui voit dans la forme abrégé des textos un recul de la langue.
    Une langue vivante doit pouvoir aussi explorer de nouveaux horizons.

    RépondreSupprimer
  3. Le problème est que l'on peut mentir en sachant très bien ce que l'on fait, donc en maitrisant sa langue; à l'opposé, on peut proposer des idées vraies mais dont on n'est pas assuré, que l'on n'a pas réussi à définir, même si dans ce cas, on connaît notre ignorance donc on peut la préciser, tandis que dans le premier, il n'y a pas d'ignorance, mais tout n'est pas dit.

    RépondreSupprimer

Un commentaire? N'hésitez pas!
Et si vous souhaitez une réponse, n'oubliez pas d'indiquer votre adresse de courriel !