Dans les un collèges, dans les lycées, dans les universités et les
grandes écoles, ont enseigne « les sciences », ou, plus exactement, on
prétend enseigner les sciences.
Les sciences ? Vraiment ?
Considérons la physique : par exemple les résultats
d'électromagnétisme. L'activité scientifique consiste à chercher des
mécanismes des phénomènes. De ce fait, un enseignement scientifique,
véritablement scientifique, consiste à enseigner aux étudiants à
chercher les mécanismes, et non à gober les résultats obtenus
précédemment. Un enseignement de la science doit donc se focaliser sur
les méthodes qui conduisent aux mécanismes, et non seulement aux
résultats obtenus dans le passé.
On comprend donc qu'une approche historique, avec sa composante analytique, est essentielle dans un enseignement des sciences.
Supposons maintenant que pour des raisons variées -contraintes de
temps, par exemple- on soit conduit à n'enseigner que les résultats.
Pourquoi ferait-on cela ? Parce que l'on souhaiterait, évidemment, que
les étudiants aient la connaissance de ces résultats, sans quoi il
serait bien utile de l'enseigner, vu la masse des connaissances qui
méritent de l'être utilement.
Si les étudiants doivent donc
connaître des lois, des mécanismes, c'est pour en faire usage. Non pas
un usage scientifique, car là, ces résultats sont un peu inutiles, vu
que, ce qui compte, c'est d'obtenir des résultats, non pas les
connaître. Il faut donc conclure que, dans ce second cas, l'enseignement
vise à donner une connaissance de lois qui seront appliquées,
utilisées. Là, on arrive dans la technologie. On conclut donc que, dans
ce second cas, on effectue un enseignement technologique et non
scientifique.
Faudrait-il donc parler de « physique pour la technologie », par exemple, ou simplement de technologie ?
Évidemment,
le monde réel est plus complexe que le monde idéal, et l'on trouve dans
la même classe des élèves qui se destinent à la science quantitative
et d'autres qui se destinent à la technologie, par exemple, ou à la
technique, etc. Les enseignements sont donc nécessairement hybrides,
mais vu le nombre de futurs scientifiques et le nombre de futurs
ingénieurs, technologues, techniciens, il serait sans doute bon de ne
pas être trop prétentieux, et de dire clairement que les enseignement
que nous nommons actuellement scientifiques sont en réalité des
enseignements technologiques.
Mais il y a la question politique !
La, on tient compte de faits externes, à savoir qu'il faut renouveler
les populations des scientifiques, ingénieurs, techniciens. Il y a
aussi le fait que les étudiants aspirent à « faire carrière », à avoir
des emplois auquel tous ne pourront accéder, vu leurs « capacités ».
Que l'on me comprenne bien : je ne dis pas qu'un individu ne puisse, à
force de travail, parvenir à des résultats, bien au contraire (labor improbus omnia vincit)
! Je dis seulement que, dans la vraie vie, il y a des étudiants qui
ont un véritable amour de la connaissance, d'autres qui se cultivent en
vue d'obtenir une situation qui leur fera gagner beaucoup d'argent, et,
donc, qui se moquent des résultats scientifiques ; il y a ceux qui, en
raison de leur environnement familial, culturel, social, ont plus de
facilités à se concentrer, travailler, étudier, et il y a les autres,
qui ont plus de mal (je me souviens d'étudiants d'étudiants qui, devant
travailler -pour payer leurs études et pour vivre- pendant la nuit,
avaient du mal à ouvrir les yeux dans la journée). Je dis donc que la
vie est bien difficile, et que nos systèmes d'enseignement, recevant
des étudiants en très grand nombre, n'ont pas le temps ni les moyens de
se consacrer autant qu'ils le pourraient à l'élévation de chacun.
Inversement, je n'oublie pas non plus une certaine veulerie dont nous
sommes tous plus ou moins affligés, qui consiste à regarder la
télévision alors que l'on pourrait se plonger dans un livre de calcul
différentiel et intégral ; je sais que, le soir, certains trouvent plus
facile de lire un roman minable que d'explorer les mécanismes des
réactions chimiques (et je ne suis pas blanc !). D'ailleurs, les raisons
de ces comportements sont à analyser. Tout comme l'état d'esprit à
propos des « vacances » : quand j'entends « je vais me vider la tête »,
j'ai toujours tendance à me demander s'il ne voudrait pas d'abord la
remplir, et à la remplir de choses belles, de connaissances qui font
grandir au lieu d'avilir.
Panem et circenses, du pain et
des jeux : l'idée n'est pas nouvelle, et l'on peut sans doute considérer
qu'elle perdurera. Pour autant, on peut aussi espérer que beaucoup
d'enthousiasme public, manifeste, pour la connaissance permettra à un
nombre croissant d'entre nous de nous améliorer l'esprit,
régulièrement.
Nous améliorer l'esprit ? Terminons ce billet en
évoquant Michael Faraday, orphelin de père à 11 ans, enfant d'une
famille extrêmement pauvre, qui, en plus de son travail, allait une fois
par semaine dans un club d' « amélioration de l'esprit ».
Cela est possible, et les exemples de ce type doivent absolument être montrés à tous.
Ne laissons pas la poussière du monde nous ensevelir ! Vive la connaissance produite et partagée !
Euh...
les questions du jour ? Evidemment, comme on ne doit pas être insensé
au point d'être assuré de ses propres certitudes, je continue à
m'interroger : enseignons nous vraiment les "sciences", notamment dans
le Second Degré ? Faut-il continuer à nommer les enseignement :
physique, chimie, biologie ?
Merci Monsieur de vous poser (et partager) les questions que peu sans doute se posent et permettre à d'autres comme moi de se dire "tiens c'est juste, je n'avais pas pensé à cet aspect des choses sous cet angle là" et d'avoir cet esprit critique et malicieux à la fois .
RépondreSupprimerSalutations
Jean-Michel