La "science participative" : une bonne idée qui se heurte aux faits.
Oui, nous aimerions tous, et cela depuis le début des universités populaires au moins, que l'ensemble des citoyens puisse "être en science", notamment afin d'éviter des rejets viscéraux (souvent on confond le rejet de la science et celui de ses applications).
Toutefois, la science étant expérience et calcul, et le calcul étant la pierre d'achoppement, la vulgarisation s'est souvent cantonnée à un "récit", qui, en réalité, ne montre jamais la science ! Comme le disait si bien Alain Robbe-Grillet dans son Pour un nouveau roman, il n'y a pas le fond d'un côté et la forme de l'autre (La tentation de Saint Antoine de Flaubert amalgame l'un et l'autre, de façon indissoluble). Souvent, c'est le calcul qui est la science.
Comment rendre la science aux citoyens qui la financent ? Bien sûr, on peut proposer que ce soit pas ses applications, mais le jeu est un peu dangereux, car les applications portent en elles leur "responsabilité", et l'on risque, à ce jeu, de critiquer la science pour ses applications les plus contestables (ce qui, en réalité, est le lot quotidien).
Alors ?
Et si l'on apprenait une "science citoyenne" aux citoyens ?
Pour la chimie, par exemple, je me souviens d'un ami physicien venu diner à la maison, qui avait tourné un peu vite, en voiture, et dont une batterie qu'il avait dans son coffre avait relâché de l'acide (sulfurique).
Il avait lavé à grande eau...
Erreur ! Ainsi il diluait l'acide, et le dispersait partout dans sa voiture !
Alors ? Alors la "chimie citoyenne", domestiquée, lui aurait enseigné de disperser un peu de bicarbonate de sodium (il avait certainement cela dans sa cuisine), afin de neutraliser l'acide. Combien de bicarbonate ? Jusqu'à arrêt de l'effervescence.
Voilà ce que je propose : que la chimie soit "au quotidien", et, d'autre part, dans des laboratoires publics où l'on s'intéressera à la développer (les laboratoires publics doivent-ils vraiment trouver des applications ? autre discussion pour une autre fois).
Vive la chimie, en général, et la science en particulier ;-)
Toute discipline participative demande en effet des compétences. Dans les disciplines scientifiques en particulier une vaste connaissance de principes élémentairement simples mais pratiquement complexes (je ne prendrai pour exemple que les lois élémentaires de la thermodynamique, et la sensible enthalpie si nécessaire a comprendre les équilibres) pose un ticket d'entrée cher à payer.
RépondreSupprimerPour autant... La participation est-elle impossible ? D'autres milieux techniques (à défaut d'être purement scientifiques) ont montré malgré tout que la participation importe, même dans des domaines complexes.
Je vais prendre un exemple. Il y a vingt ans, quand sortait un nouveau système d'exploitation informatique, comme par exemple windows 98, tout le public n'était que "consommateur" d'un savoir faire technique de très haute volée. On imaginait mal Madame Michu prendre part à ce genre de sujets.
Aujourd'hui existent des systèmes plus "ouverts", comme de façon amusante "ubuntu", un système d'exploitation même s'encre dans la notion de participation.
Si les aspects les plus techniques restent entre les mains d'experts, tout le monde est appelé à participer. Le système avant d'être mis a disposition a besoin de traduction, de documentation, d'expérimentation sur le terrain, etc, fonctions qui sont souvent remplies par des "amateurs eclairés".
Imaginer que la science ne puisse être participative ? Que la théorie demande une réelle compétence calculatoire, je ne le nie pas, cela a été pour moi un frein à mes rêves d'adolescent quand j'ai compris que la physique quantique serait à jamais au dela de mes capacités calculatoires.
Mais... La participation ce peut être aussi :
- De la recherche bibliothéquaire pour étoffer une publication
- De la mise à disposition de ressources (je prends pour exemple le très beau projet "folding at home", ou bien j'imagine avec humour que 50 réfrigérateurs calibrés pour tester la tenue de la mayonnaise auraient créé moins de conflits de famille)
- De la relecture de publication pour enlever les coquilles, les fautes d'orthographe
Bref, je peine à croire qu'il n'y ait pas moyen de faire participer, juste pas moyen de faire participer sciemment à repousser les frontières de l'inconnu.
Ramener la science au quotidien en revanche est absolument nécessaire, je partage votre avis :)
L'implication de la chimie dans la cuisine a permis de faire tomber beaucoup d'a priori (incluant ragnagnas et cuillers de bois). Cela doit en effet être plus général, faire de gens des Mc Gyvers en puissance.
Le scientifique de métier vit en dehors de la caverne, et voit les lumières aux frontières de la connaissance. Il faut petit a petit ramener ces lumières dans la caverne pour éclairer le mur et les chaines