Quelques amis m'en veulent d'avoir dit que le "produit" n'était rien, en cuisine, ou, du moins, qu'il ne devait être rien.
C'est exact que j'ai dit -car c'est vrai- que Rembrandt, Picasso, et bien d'autres ont fait des merveilleuses au fusain (un morceau de charbon, en quelque sorte!). C'est exact que mon ami musicien Daniel Humair fait un jazz remarquable avec des poireaux, des carottes, des casseroles... C'est exact que mon ami Pierre Gagnaire sait faire des choses époustouflantes avec des ingrédients simples. C'est exact que les boulangers partent souvent d'une simple farine pour faire des pains superbes.
Cela étant, il est également vrai qu'il y a un monde entre les tomates fades de mon supermarché, en hiver, et les tomates de mon voisin du Tarn, fendillées, mais sucrées, charnues... Mmmm....
Je pose la question : qu'est-ce qu'un beau produit?
Et je n'attends pas une simple description, mais plutôt une discussion, une justification.
Pourquoi, si un produit est sain (et cela ne se sent pas au goût : pensons aux Romains qui ajoutaient des sels de plomb toxiques à leurs vins pour leur donner un goût plus doux), n'est-il pas "beau"?
Prenons l'exemple d'un oeuf dur : en vertu de quelle loi un oeuf dur qui aurait son jaune cerné de vert, et une odeur soufrée, serait-il moins bon qu'un oeuf cuit moins de dix minutes?
C'est sincère : j'ignore la réponse à la question, depuis que j'ai croisé des amis qui préféraient l'oeuf cuit très longuement.
Appel à la discussion amicale : qu'est-ce qu'un beau produit?
Un beau produit, c'est celui qui fait résonner en nous le plaisir. Celui qui peut réveiller en nous le souvenir, et qui éveille nos sens et aussi notre curiosité.
RépondreSupprimerPour ma part une tomate ronde bien calibrée, brillante et colorée de supermarché a peut être une qualité morphologique certaine. Mais elle n'éveille en moi aucune envie, aucune curiosité (je ne me demande pas quel goût elle a ?, même si elle réveille le souvenir (qui n'est pas forcément agréable dans ce cas).
Un beau produit est un produit qui correspond à l'idée qu'on se fait de l'aspect parfait du produit : une belle tomate sera ronde, rouge vif et sans défaut de surface. Bref, une tomate digne d'une nature morte. En revanche, l'expérience montre qu'il n'y a pas de corrélation entre le beau et le bon : les tomates de supermarché sont sélectionnées pour être belles, pas pour être bonnes ; d'ailleurs si on les choisissait en les goûtant plutôt qu'en les regardant, on ne les achèterait pas.
RépondreSupprimerJe suis incapable de répondre à cette question : je n'utilise jamais ce terme de "beau produit".
RépondreSupprimerPar contre j'ai du mal à comprendre que vous puissiez dire que le produit n'est rien. D'ailleurs vous-même n'êtes pas d'accord avec ça puis que vous évoquez juste après la différence entre tomates fadasses et tomates goûteuses.
Ce n'est pas parce qu'un produit est simple (comme le charbon, encore que, est-il si simple que ça ?) qu'il ne peut pas être intéressant, voire génial.
Par contre, je peux dire, par exemple, ce raison n'est pas beau, si je suis face à une caisse de raisin à moitié moisi ; idem avec du poisson pas frais du tout.
Voilà, j'ignore si j'ai fait avancer le schmilblick…
Mag à l'eau