Alors que Paris et la France sont pleins d'affiches signalant que l'expression "cuisine moléculaire" s'introduit, je suis désolé d'envoyer au Petit Robert le courrier suivant :
Monsieur le Directeur,
Le Petit Robert m’honore indirectement en introduisant l’expression « cuisine moléculaire » dans ses pages et ses publicités, mais je suis désolé de vous signaler une erreur dans la définition, que vous donnez :
« approche scientifique de la cuisine basée sur l'études des réactions physicochimiques à l'oeuvre lors de la préparation des plats et qui consiste à modifier naturellement la teneur moléculaire des aliments »
En effet, la cuisine moléculaire n’est pas une approche scientifique de la cuisine, mais « une mode culinaire qui fait usage de résultats de la science, et introduit de «nouveaux » ingrédients, méthodes, ustensiles ; le terme « nouveau » est évidemment imprécis, mais il désigne ce qui n’était pas présent en cuisine, en France et dans les pays d’Occident, avant les années 1980.
D’autre part, je suis surpris que votre définition utilise un « basé sur », qui, bien qu’admis, choque des puristes qui préféreraient un « fondé sur ».
Ce n’est hélas pas tout : la cuisine moléculaire ne cherche pas à modifier « naturellement » la teneur moléculaire des aliments, expression qui n’a pas de sesn, car toute intervention humaine est artificielle, et non naturelle, par définition. Enfin, je crains que vos rédacteurs n’aient fait une confusion entre cuisine moléculaire, d’une part, et gastronomie moléculaire, d’autre part. Je préfère vous donner des définitions justes, pour une prochaine édition :
Gastronomie moléculaire : discipline scientifique, branche de la physico-chimie, qui cherche les mécanismes des phénomènes qui surviennent lors des transformations culinaires (introduite en 1988 par le physicien britannique Nicholas Kurti et par le chimiste français Hervé This).
Cuisine moléculaire : mode culinaire qui utilise les résultats de la gastronomie moléculaire, et contribue à rénover les techniques culinaires.
Croyez, Monsieur le Directeur, à mes sentiments distingués.
Magnifique!
RépondreSupprimerA ma connaissance Robert a de l'avance sur Larousse en ce qui concerne la définition de la gastronomie moléculaire, mais cela ne part pas du bon pied, quand même.
RépondreSupprimerDepuis des années vous faîtes la distinction entre la science et l'application des découvertes scientifiques. C'est dommage que ceux qui nous définissent la langue française se plantent dans l'affaire...
...surtout si nous devons compter sur les langues pour transmettre la connaissance.
je suis ravie de lire cette mise au point, car je m'étais interrogée sur cette appelleation de cuisine moléculaire, que je trouvais pour le moins étonnante et pau appropriée ...
RépondreSupprimeret la réponse du Petit Robert? y-en a-t'il eu une au moins?
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