samedi 31 décembre 2022

Quel livre pour qui ?

Pardonnez-moi de ne jamais faire de « tome 2 », de ne pas vouloir surfer opportunistement sur la vague d'un succès, de ne pas faire de feuilletons...

Ayant de l'estime pour mes amis qui me lisent, je ne me résous pas à leur livrer des textes conçus comme des savonnettes, en série ; je vois chaque livre nouveau comme un petit travail orfèvrerie, qui touche une fibre particulière de nous-même.



Calculating and Problem Solving through Culinary Experimentation (CRC Press), ou comment apprendre le calcul, apprendre à aimer le calcul, apprendre à expérimenter. Un livre en anglais, plutôt universitaire.


 


En 2021, un énorme livre (894 pages, 150 chapitres, des auteurs de 23 pays, 673 figure), en anglais, avec trois parties :

- une partie « scientifique », qui explique la capillarité, l’osmose, etc (c’est donc de la gastronomie moléculaire)

- une partie d’applications de la gastronomie moléculaire à l’enseignement, de l’école primaire à l’université

- une partie d’applications de la gastronomie moléculaire à la cuisine (essentiellement cuisine moléculaire, et, surtout, cuisine note à note)



 


► Le premier de mes livres, Les Secrets de la casserole (Editions Pour la Science), était une volonté de montrer aimablement qu'il y a lieu de se préoccuper de science, en vue de comprendre l'activité culinaire, dans sa composante technique.

Oui, un soufflé qui ne gonfle pas n'est pas un soufflé, mais un gâteau, ou une crêpe... et il y a lieu de se demander pourquoi un soufflé gonfle ou ne gonfle pas.

Sachant que la science répond à la question « comment ça marche ? », le livre est structuré par des questions, avec des réponses aussi courtes que possibles, sans concession à la rigueur scientifique. Enfin, rigueur... Le mot est mal choisi : j'aurais dû dire « justesse », « précisions », mais pas « rigueur », car la Gourmandise s'accommode mal de rigueur...




► Le deuxième livre, Révélations gastronomiques (Editions Belin), était une réponse (à ma manière) à la demande de « recettes ».

 


Sachant que j'ai le plus grand mépris pour des recettes données sous la forme de protocoles qui condamnent l'exécutant au rôle de machine, il s'agissait de donner des recettes... mais en explicitant le détail de chaque geste. Il y a donc des recettes, dans ce livre, mais des recettes qui font grandir, et, en réalité, le livre est plus une discussion à propos de recettes que de recettes proprement dites.


► Le troisième livre, La casserole des enfants, aux Editions Belin, visait... les enfant que nous sommes tous, que nous le soyons vraiment ou que nous le soyons resté. J'avais en arrière-plan deux livres que je juge importants : le Tour de France par deux enfants, et les Aventures du Petit Nicolas.



Le Tour de France par deux enfants est un ancien manuel de l'Education nationale, du temps où les instituteurs étaient des hussards noirs de la République, du temps où l'Alsace et la Lorraine venaient d'être prises par les Allemands, du temps où la Révolution industrielle faisait rage. L'histoire est celle de deux enfants, orphelins de mère, qui partent de Phalsbourg à la recherche de leur père, engagé dans l'armée française. Le lieu de départ est à la limite de l'Alsace et de la Lorraine, et, en faisant ainsi le Tour de France, à la recherche de leur père, les deux enfants, deux « bons petits gars courageux », découvrent de l'histoire naturelle, de la géographie, de l'histoire, de la science, de la technologie, de la technique... Chaque épisode est une occasion de découverte, et, n'était le racisme qui fait dire à l'auteur qu'il existerait des races humaines inférieures, l'ouvrage serait à mettre entre toutes les mains. Moral, mais quel bel outil pédagogique, dans le principe !

Pour les Aventures du Petit Nicolas, c'est un petit garçon qui raconte sa vie quotidienne, avec son langage, ses mots, ses idées. Amusant, cocasse...

Et la Casserole des enfants sa été voulue comme un mélange des deux : deux enfants sont laissés seuls le soir, pendant que leurs parents sortent, et ils doivent faire la cuisine. Leurs expériences les conduisent à faire des tas de découvertes... mais aussi à remettre en question des gestes classiques. Quel bonheur quand j'ai rencontré des enfants qui avaient « vécu », vibré avec mes deux héros ! Quel bonheur quand j'ai appris qu'un groupe de professionnels des métiers de bouche avaient acquis le livre, non pas pour leurs enfants, mais pour eux-mêmes. On le voit, la jubilation de la connaissance n'a pas d'âge.



► Puis est venu le Traité élémentaire de cuisine, aux éditions Belin, qui était la mise en livre d'une « théorie du goût » que je faisais circuler, en l'augmentant régulièrement, parmi mes amis cuisiniers ou gastronomes.


 

















Ce livre est arrivé au moment où j'ai contribué à réformer l'enseignement culinaire des lycées hôteliers, au moment où j'ai contribué à débarrasser cet enseignement de scories qui dataient d'un siècle environ, quand on avait commencé à rationaliser la cuisine... en oubliant que, à cette fin, il fallait des explorations chimiques et physiques des phénomènes. Des « éducateurs » avaient progressivement ajouté des intuitions fausses, qui avaient fait école, et des notions fausses telles que la « concentration » ou l'  « expansion » des viandes étaient invoquées lors des examens. On confondait mousses et émulsions, on croyait à des idées introduites au hasard de l'empirisme culinaire. Le livre fut le livre de la réforme de l'enseignement culinaire, tout comme le Traité élémentaire de chimie, d'Antoine-Laurent de Lavoisier, avait été, à la fin du XVIIIe siècle, le livre de réforme de la chimie.




► Peu après, la revue Pour la Science me proposa de réunir sous la forme d'un livre les chroniques mensuelles que je rédigeais dans la revue : « Science et gastronomie ».
















Le livre, intitulé Casseroles et éprouvettes ( Pour la Science), fut l'occasion d'une organisation, et, surtout, d'une bonne définition de la gastronomie moléculaire, la science qui cherche les mécanismes des phénomènes qui surviennent lors de la préparation et de la consommation des mets.

Il est devenu un best seller, en anglais, parce que l'acteur Keanu Reeves a dit qu'il en était fan :

















► Un de mes livres est peu connu... parce qu'il est excessivement cher. J'espère qu'aucun de mes amis ne croira que j'ai voulu m'enrichir en faisant un tel livre ! Il s'agissait d'une proposition par un éditeur de livres d'art, Jane Otmezguine, qui avait voulu faire un « objet » : le livre avait l'apparence d'un très gros livre, tiré en nombre limité, pour des collectionneurs, et il contenait des objets et des lettres écrites à mon ami Pierre Gagnaire. Six lettres gourmandes : c'était d'ailleurs le titre.




► Puis est venu mon livre préféré, La cuisine, c'est de l'amour, de l'art, de la technique (Editions Odile Jacob) :















Le premier traité d'esthétique culinaire, à ma connaissance, dans l'histoire de la cuisine. Par « esthétique », on entend non pas l'apparence visuelle, mais le goût. En cuisine, le beau à manger, ce n'est pas le beau à voir, comme en peinture ou en sculpture, mais le bon !

Et comme un traité risquait d'être austère, je l'ai transformé en roman d'amour/policier, en l'agrémentant de « recettes » de Pierre Gagnaire. Je maintiens que ce livre, insuffisant d'un point de vue littéraire, un peu difficile (parce que l'esthétique est une branche de la philosophie), est un livre important, utile.




► Peu après, mon amie Marie-Odile Monchicourt m'interrogeais sur « ma vie, mon oeuvre »... mais peut-on imaginer que quelqu'un qui soutient que « le moi est haïssable » se laisse aller à raconter, page après page, de quelle couleur est sa brosse à dent, et autres poussières du monde ?










Cette fois, dans Construisons un repas (Edition Odile Jacob), je décidais de tout récrire, pour gommer cet aspect personnel sans intérêt, et, plutôt, pour poursuivre la discussion esthétique, mais de façon très simple, pratique. La cuisine, en effet, c'est une construction. Une construction des matières, une construction des mets, par assemblage de matières, et une construction/enchaînement des mets en repas.
Pour rester dans l'idée de Marie-Odile Monchicourt, je me suis efforcé de tout dire très simplement. Oui, ce livre, Construisons un repas, est une sorte de manifeste du « constructivisme culinaire », mais un manifeste à l'attention de tous.




► Pendant l'écriture des deux derniers livres, nous avions des rendez-vous réguliers avec mon ami Pierre Gagnaire, face à Jacques Merles, qui était équipé d'un magnétophone. Nous discutions, séance après séance, le merveilleux traité de cuisine de Nicolas de Bonnefons, cuisinier du roi Louis XIV, et ces discussions conduisirent au livre Alchimistes aux fourneaux (Edition Flammarion).















Un « beau livre », un gros livre, avec d'extraordinaires photographies d'un photographe aussi « allumé » que Pierre Gagnaire ou que moi. Un livre où l'on trouve, de façon un peu baroque (une marque de fabrique H. This), le texte de Bonnefons, les commentaires de Pierre, mes observations, les photographies de Rip Hopkins.




► Le mot « fourneaux », d'ailleurs, semble avoir été dans l'air, puisque la revue Pour la Science voulut publier de nouveaux textes de ma chronique Science et gastronomie, sous le titre De la science aux fourneaux :















Cette fois, le risque du tome 2 était grand ! Comment l'éviter ? Je décidais alors de construire un livre bien différent de Casseroles et éprouvettes, un livre qui doive tout à son organisation, et où les chroniques publiées dans la revue viendraient tenir leur partie dans une partition d'orchestre construite sans se fonder sur elles a priori.




► Un jeune éditeur, L'oeil Neuf, avait alors publié un très beau livre, la Sagesse du bibliothécaire, et le succès de ce livre intelligent lui avait fait penser qu'une collection pouvait naître. Quelle belle idée que de rechercher à dégager la sagesse des métiers ! La sagesse du potier, du médecin, de l'archéologue... L'éditeur m'invita à préparer La Sagesse du chimiste.













Et je me suis beaucoup amusé à écrire un tel livre. D'abord, parce que je n'ai en réalité aucune sagesse personnelle, mais, ensuite, parce que la chimie est une science si belle qu'elle méritait une sorte d'ode !

Ce qui est également merveilleux, c'est que, lors de l'écriture de ce livre, j'ai fini par comprendre que la chimie était aujourd'hui partagée -j'espère que cela ne durera pas- entre la science et la technologie. La science : la production de connaissance, recherche des mécanismes des phénomènes par la méthode « scientifique ». La technologie : amélioration des techniques par l'utilisation des résultats de la science.
Et puis, ce fut l'occasion de montrer qu'il n'y aura jamais de chimie en cuisine, que l'on ne mettra pas des « produits chimiques » dans les aliments, que nos sociétés souffrent d'une sorte d' « ilchemise », pendant chimique de l'illétrisme.




► D'ailleurs, ces idées, et bien d'autres, furent utiles pour la rédaction du Cours de gastronomie moléculaire N°1 : Science, technologie, technique (culinaires), quelles relations ? (Editions Quae/Belin) :






















Pour ce livre, il fallait faire bien davantage que ce qui avait été fait dans la Sagesse du chimiste. L'idée fut de présenter les quelque 150 inventions que j'avais offertes à mon ami Pierre Gagnaire, chaque mois depuis dix ans, sur son site, et d'expliquer comment, comprenant bien la différence entre science et technologie, on pouvait facilement faire autant d'inventions.

Notre monde bruit de « créativité », d' « innovation », maîtres mots de l'industrie, qui permettent à des gourous auto-proclamés de vendre des recettes, des formations... Je maintiens dans ce livre que tout est question de travail, de soin, et de méthode. Le livre est un manuel de technologie générale, tel que je rêve qu'il soit utilisé dans toutes les écoles d'ingénieurs, dans tous les instituts de technologie.





► Rapidement, est alors paru le Cours de gastronomie moléculaire N°2 : Les précisions culinaires (éditions Quae/Belin).















Je suis bien certain qu'aucun de mes amis ne me fera l'injure de penser que ce livre a été bâclé... parce que, en réalité, il réunit des précisions culinaires (dictons, adages, proverbes, tours de main...) réunis depuis le 16 mars 1980 ! Cela fait plus de 30 ans, donc, que je collectionne ces objets de culture, que je les teste, que je les discute, que j'y pense... Le Cours de gastronomie moléculaire que je donne annuellement à AgroParisTech a été une merveilleuse occasion de mettre de l'ordre dans tout cela, de chercher des méthodes pour explorer ce corpus unique dont je dispose, et que je voulais mettre à la disposition de tous. Pour autant, je ne me suis pas résolu à livrer des fleurs en vrac : j'ai voulu faire un bouquet !





Le livre sur la cuisine note à note est arrivé après mon cours, à la demande des cuisiniers qui voulaient une sorte de cours, mais le livre est un hybride entre un manifeste et un manuel. Il est lisible par tous, et j'ai pris le plus grand soin à expliquer ce qu'est un composé.

Plus exactement, après une longue introduction très générale, et qui dit l'intérêt de la cuisine note à note, on rentre dans la partie technique, en considérant les divers aspects des plats (consistances, formes, saveurs, odeurs, sensations trigéminales…) . En fin de livre, des recettes























En 2014, un livre de synthèse, que j'espère simple, pour tous lecteurs. Quand je parle d'un composé, j'explique ce que c'est, et il doit y avoir deux ou trois formules chimiques… expliquées dans les moindres détails. Pour autant des collègues devraient être également intéressés.

Le propos ? Je reprends la cuisine historiquement… en vue d'en tirer des idées qui permettent de faire mieux. Autrement dit, il y a du spéculatif et de l'opératif, comme on dit. Un livre assez volumineux, qui considère, en fin de livre, les évolutions que furent la cuisine moléculaire, le constructivisme culinaire, et s'achève évidemment sur la cuisine note à note. A la charnière, 14 « commandements », qui sont détaillés, en vue de mieux cuisiner.





















En 2017, un roman philosophique (un traité de la joie de vivre, transformé en roman d'amour qui finit bien), doublé de recettes de cuisine analysées, le tout structuré (en apparence) par une réflexion sur le terroir et la tradition :





























jeudi 22 décembre 2022

Le travail de Louis Pasteur en chimie

 Le travail de Louis Pasteur en chimie, replacé dans un cadre qui montre une série de belles personnalités : 




J'ai expliqué cette image en détail lors d'un récent colloque Pasteur : 

https://www.academie-agriculture.fr/actualites/academie/colloque/academie/commemoration-du-bicentenaire-de-la-naissance-de-pasteur



 Les galettes bretonnes : des crêpes de sarrasin


La Bretagne évidemment pas l'apanage des crêpes, mais elle fait bien la différence entre ce que l'on nomme les crpepes, à base de farine de blé, de froment, et les galettes, qui sont faites de blé noir, ou sarrasin.

Les puristes, évidemment, ne font pas de mélange, et ils distinguent des crêpes dentelles et des galettes plus épaisses.

Des écoles s'affrontent, pour la pâte à galettes : faut-il les faire avec de l'eau, ou avec  du lait ? Certains puristes (mais certains seulement) disent que l'eau était seule utilisée dans les régions les plus pauvres, et d'autres disent que le lait fait de meilleurs galettes. Questions de goût où l'on n'interviendra pas... d'autant que si l'on peut améliorer des préparations "traditionnelles" (et on peut toujours), pourquoi ne pas le faire ?

En tout cas, dans les deux cas,  la préparation de la pâte se fait de la façon suivante : dans un grand récipient, on met la farine de sarrasin, puis le liquide, un peu de sel, et on doit alors travailler la pâte pour l'aérer c'est-à-dire la soulever et la faire retomber afin d'emprisonner de l'air, ce qui fait des cloques ; on peut aussi battre au fouet ou au batteur électrique, pour de meilleurs résultats, comme nous l'avons bien montré lors d'un séminaire public tenu au Salon de l'agriculture.

C'est ainsi, quand la pâte a été bien aérée, qu'elle ne colle pas au bilic, c'est ustensile en fonte, épais, très plat,  qui permet donc d'obtenir des galettes très minces, sans surépaisseur à certains endroits.

Pour la cuisson, il faut que le bilic soit bien chaud, et bien graissé : les crêpières disposent d'une sorte de tampon qu'elles trempent dans la graisse pour que les galettes ne collent pas.

Après, il y a des écoles, avec ceux qui préfèrent des galettes encore bien tendres et ceux qui les veulent croustillantes et dorées.
C'est là une question de cuisson, que l'on prolonge ou pas.

Il faut réécrire sans tarder le "code de la recherche"

 Une gouvernance de la science à éclaircir !
Relisant le "Code de la recherche", document de cadrage national, je m'aperçois avec stupéfaction que l'intitulé du titre premier est "Orientation de la recherche et du développement technologique" : le mot science n'est pas prononcé !

Et, manifestement, le mot "recherche" est utilisé pour "recherche scientifique" sans que ce soit signifié, et avec un usage anglicisé de développement alors que la technologie est effectivement une recherche. Alors qu'une ligne stipule qu'il faut privilégier l'usage de la langue française.

Ces confusions étaint-elles voulues ? En tout cas elles entretiennent une ambiguïté néfaste en même temps quels sont un usage fautif de la langue.

Car il y a les sciences de la nature, d'une part, qui ne sont ni fondamentales, ni pures, mais qui sont seulement des sciences de la nature. Et, d'autre part, il y a la technologie, qui vise les applications. Et la technique, qui est l'application. L'arbre n'est pas le fruit.

D'ailleurs, dans la section 1 dudit Code, il est dit que la politique nationale de la recherche et du développement technologique vise à "accroître les connaissances" :  cela me paraît évident, non ?

Mais il est ajouté que cette politique veut aussi partager la culture scientifique, technique et industrielle  : là, on voit le mot scientifique apparaître... mais on ne voit plus le mot technologie,  alors qu'il y aurait bien lieu de l'introduire ici en bonne place.

Puis au point 3 il est question de valoriser les résultats de la "recherche" au service de la société et là encore, l'intitulé est ambigu puisque l'on ne sait pas s'il faut valoriser les résultats de la "recherche au service de la société" ou bien les "résultats de la recherche", au service de la société : l'article est si mal écrit que l'ambiguité peut ne pas être volontaire

Arrive ensuite l'expression "recherche fondamentale", une idée idiote puisqu'il existe de la science ou la technologie.

D'ailleurs on parle ensuite de sciences humaines et sociales, alors que j'ai expliqué ailleurs qu'on ferait bien mieux de parler de sciences de l'humain et de sciences de la société.

Et il est dit que ses sciences doivent jouer un rôle dans la restauration du dialogue entre science et société :  je suppose bien évidemment qu'il s'agit ici de sciences de la nature et de société.

Et ça continue, mais on est bien mal parti puisqu'on est simplement au milieu de la première page.

Je passe sur de nombreux articles dans la rédaction laisse à désirer et je m'amuse du elle 113-1 qui dit que la recherche scientifique et le développement technologique sont des priorités nationales : vu les budgets ce n'est pas clair.

Le code national de la recherche est écrit avec les pieds : qui a pondu ces âneries ?

 Une gouvernance de la science à éclaircir !
 

Relisant le "Code de la recherche", document de cadrage national, je m'aperçois avec stupéfaction que l'intitulé du titre premier est "Orientation de la recherche et du développement technologique" : le mot science n'est pas prononcé !

Et, manifestement, le mot "recherche" est utilisé pour "recherche scientifique" sans que ce soit signifié, et avec un usage anglicisé de développement alors que la technologie est effectivement une recherche. Alors qu'une ligne stipule qu'il faut privilégier l'usage de la langue française.

Ces confusions étaint-elles voulues ? En tout cas elles entretiennent une ambiguïté néfaste en même temps quels sont un usage fautif de la langue.

Car il y a les sciences de la nature, d'une part, qui ne sont ni fondamentales, ni pures, mais qui sont seulement des sciences de la nature. Et, d'autre part, il y a la technologie, qui vise les applications. Et la technique, qui est l'application. L'arbre n'est pas le fruit.

D'ailleurs, dans la section 1 dudit Code, il est dit que la politique nationale de la recherche et du développement technologique vise à "accroître les connaissances" :  cela me paraît évident, non ?

Mais il est ajouté que cette politique veut aussi partager la culture scientifique, technique et industrielle  : là, on voit le mot scientifique apparaître... mais on ne voit plus le mot technologie,  alors qu'il y aurait bien lieu de l'introduire ici en bonne place.

Puis au point 3 il est question de valoriser les résultats de la "recherche" au service de la société et là encore, l'intitulé est ambigu puisque l'on ne sait pas s'il faut valoriser les résultats de la "recherche au service de la société" ou bien les "résultats de la recherche", au service de la société : l'article est si mal écrit que l'ambiguité peut ne pas être volontaire

Arrive ensuite l'expression "recherche fondamentale", une idée idiote puisqu'il existe de la science ou la technologie.

D'ailleurs on parle ensuite de sciences humaines et sociales, alors que j'ai expliqué ailleurs qu'on ferait bien mieux de parler de sciences de l'humain et de sciences de la société.

Et il est dit que ses sciences doivent jouer un rôle dans la restauration du dialogue entre science et société :  je suppose bien évidemment qu'il s'agit ici de sciences de la nature et de société.

Et ça continue, mais on est bien mal parti puisqu'on est simplement au milieu de la première page.

Je passe sur de nombreux articles dans la rédaction laisse à désirer et je m'amuse du elle 113-1 qui dit que la recherche scientifique et le développement technologique sont des priorités nationales : vu les budgets ce n'est pas clair.

mercredi 21 décembre 2022

Sachons cuire la choucroute

 
Bien sûr, les commerçants vendent de la choucroute déjà cuite... mais j'en ai rarement trouvée de la bonne, à savoir que le chou soit cuit, mais avec encore un peu de ce croquant qui évite l'excès de mollesse, sans acidité, sans excès de sel, avec du goût...
N'hésitons pas, raisonnons et faisons de la bonne choucroute.

En partant des principaux défauts : les choucroutes trop salées et trop acides.

Le problème se règle facilement : dans une passoire, sous un filet d'eau, on dépose la choucroute en l'émiettant et en la rinçant bien.
Puis, on presse le chou ainsi déposé pour lui enlever tout le liquide qu'il peut conserver.

Vient alors la cuisson, et là,  deux écoles s'affrontent : ceux qui préfèrent la choucroute un peu attachée au fond de la casserole, et ceux qui lui veulent un goût plus frais en quelque sorte. Nous y arriverons, mais il est bon d'avoir l'objectif bien clair.

La cuisson doit se faire avec de la matière grasse : je suis désolé de dire que ce n'est pas en lésinant sur la matière grasse qu'on obtient une bonne choucroute. N'hésitons donc pas à utiliser du gras de canard, par exemple, ou d'oie, puisque c'est surtout à partir d'oies que se faisait le foie gras alsacien, avec des petites oies grises, résistantes, de la région.

On a donc largement graissé la casserole, on a déposé le chou, on a ajouté un peu de vin (blanc, d'Alsace, évidemment), plus ou moins selon que l'on veut que ça attache ou pas, et l'on additionne alors d'oignons émincés, d'un peu d'ail, de baies de genièvre, d'un ou deux clous de girofle, d'une feuille de laurier, de carvi, éventuellement d'une cuillerée de miel, et l'on cuit à couvert  (pour garder tous les parfums) pendant 30 à 40 minutes : il faut goûter pour savoir quand la choucroute est bien cuite.

La quantité de vin ? C'est elle qui permettra de faire attacher (quand elle est faible et qu'il y a de l'évaporation) ou non.

Et, évidemment, on accompagnera de pommes de terre... en se souvenant qu'il y a des variétés très différentes, qu'il existe de très mauvaises pommes de terre, farineuses, fades, et d'autres qui ont bien plus d'intérêt. On pourra les cuire à part, ou bien à la vapeur, en les posant sur la choucroute qui cuit à couvert.

La viande, les saucisses ? Ce sera pour une autre fois, mais c'est évidemment essentiel ;-)

 À propos de Mont d'Or au four, faisons mieux que du médiocre.


Je trouve en ligne des recettes de Mont d'Or au four  : il est simplement conseillé de décoller une sorte de chapeau, d'ajouter de l'ail, du poivre et du vin blanc et de mettre au four à 220 degrés pendant 15 minutes.

Ici, nous allons voir qu'il y a lieu d'améliorer considérablement la chose, et notamment parce que l'ail reste trop cru, mais, aussi, parce que la préparation précédente est bien insuffisante.

Une pointe d'ail cru peut évidemment réveiller une préparation, mais de l'ail cuit contribue à la rendre plus envoûtante,  de sorte qu'il y a lieu de l'utiliser les deux types, cuit et cru. C'est ainsi que, pour la cuisson du Mont d'Or, au lieu de paresseusement mettre un peu d'ail dans le fromage, je propose d'abord de faire revenir de l'ail avec du beurre, du persil, de l'échalote ; après avoir sué les trois ingrédients, on ajoute du vin blanc et l'on couvre afin de favoriser la dissolution des composés sapides dans le vin ; après une dizaines de minutes, on met l'ensemble de la préparation dans le fromage décalotté... et l'on ajoute une pointe d'ail cru, mais, aussi, du poivre (qui ne doit pas cuire, à ce stade), de la noix muscade râpée.

Par expérience, je critique également la cuisson à 220 degrés pendant 15 minutes... parce qu'elle n'est pas  suffisante.

Et, pendant cette cuisson au four, on cuit des pommes de terre (on peut les faire au four, ou à l'anglaise), et l'on prépare des assiettes avec du jambon cru.

Quoi qu'en disent les producteurs, le Mont-d'Or au four, tout seul, est un peu triste, et il y a lieu de bien l'agrémenter avec des tranches de jambon cru très minces, des cornichons, des oignons confits au vinaigre, et l'ensemble doit être servi très chaud, brûlant, sur des assiettes chaudes.