samedi 10 juillet 2021

A propos d'explications : expliquer et comprendre



J'avais remis à plus tard la question des relations entre expliquer et comprendre, mais je vois que le moment est venu d'y toucher.

Pour ce qui me concerne en tout cas, personnellement, je vois que j'explique plus pour moi-même que pour les autres. Cependant les objectifs sont identiques parce que, quand j'explique aux autres (donc pour moi), je m'efforce de me surveiller et de m'assurer que je comprends tout au niveau élémentaire ; je dévide les pelotes de connaissance jusqu'à ce que je sois parfaitement assuré des notions qui composent l'idée que je cherche à expliciter ou à présenter, et, évidement, cela revient à donner à mes interlocuteurs tous les éléments de l'explication.

De sorte que je ne suis pas toujours capable d'expliquer bien du premier coup, mais que, ayant fait rapidement le chemin descendant (intérieurement), je peux le refaire en remontant, et donner des explications que j'espère bonnes.

Je suis fait ainsi : il me faut des bases solides, pour moi-même, et c'est cette exploration renouvelée que j'aime... ce qui tombe bien, car je sais les autres aussi, pour comprendre, ont besoin de bases solides, de petits pas en direction de l'objectif qu'est la compréhension des objets expliqués.

Je vois aussi que cette méthode m'évite l'ennui des répétitions d'explications, que ce soit aux étudiants ou dans les conférences, car elle m'impose - ou me permet ? - d'être vigilant : de mon point de vue personnel, qui change sans cesse en raison du chemin que je fais en travaillant sans cesse, la répétition n'existe pas : chaque fois, j'ai de nouveaux angles pour bien surveiller tous les mots, toutes les phrases, toutes les idées, traquer les imprécisions.

Se pose, dans ce mouvement, la question des parenthèses emboîtées,  qui risque de faire chuter certains : pour expliquer une notion, il faut en expliquer une autre, qui conduit à une troisième, etc.
C'est la raison pour laquelle je suis souvent conduit à  discuter explicitement, en préalable, cette question des parenthèses, à rejeter certaines explications pour plus tard (refermer certaines parenthèses), mais en conservant le fil d'un dialogue qui peut durer beaucoup.

Et n'est-ce pas cela que "professer" :  élaborer un discours qui sera ensuite délivré, par morceaux ?

Bien sûr, finalement, il y a beaucoup d'informations nouvelles pour nos amis qui en ont besoin, mais ils ne viendront pas plus bêtes pour autant, j'espère, car il est de mon devoir de transformer des éléments un peu plats en merveilles intellectuelles, qui contribueront à donner à noss interlocuteurs le goût de l'étude, pour ce qui concerne les étudiants, où le goût d'en savoir plus pour les personnes qui assistent à mes conférence.

Il serait bon de savoir si cette stratégie est efficace, dans un cas comme dans l'autre... mais comme je ne donne jamais deux explications identiques, sans quoi  je m'ennuierais, comme je suis sans cesse à la recherche d'un chemin explicatif un peu original, d'une promenade nouvelle dans un paysage de notions, comment mesurerais-je une "efficacité" ?

Décidément, je préfère prendre du temps à aider mes amis à s'émerveiller, à gagner en autonomie pour qu'ils puissent faire le chemin seul, avec enthousiasme.

A propos d'explications : La piste historique



À propos d'explications, je vois qu'il y a lieu, parfois, de ne pas aller chercher plus que l'on ne doit.
Et je prends comme exemple l'idée du "spin", mot étranger qui plonge nombre de nos amis dans des affres terribles.

Pourtant, le spin et quelque chose de très simple si l'on s'y prend expérimentalement, et c'est là que le recours à l'histoire des sciences peut être utile. Il y a notamment cette expérience très intéressante, d'Otto Stern et Walther Gerlach, qui consistait à envoyer un faisceau d'atomes (d'argent, mais peu importe pour commencer) dans l'entrefer d'un aimant, c'est-à-dire entre les deux pôles d'un aimant recourbé en U, avec un espace entre les deux pôles. Les deux phyiciens avaient été surpris d'observer que le faisceau était séparé en deux à la sortie de l'aimant, les atomes se comportant comme des aimants, sensibles au champ magnétique.

On peut ensuite caractériser ce comportement quantitativement, tout comme on peut caractériser la chaleur de l'eau, par la température dans ce cas précis de l'eau.
Pour les atomes-aimants, cette propriété magnétique est ce que l'on nomme le spin  : une grandeur qui a une direction, comme pour un aimant, et une intensité, comme pour les aimants (qui peuvent être plus ou moins forts).

On peut s'arrêter à cette explication, mais on peut vouloir inviter nos amis à comprendre d'où vient cette propriété magnétique des atomes... et là, à nouveau, l'histoire des sciences peut être convoquée, notamment avec l'expérience d'Hans Christian Oersted, qui découvrit qu'une boussole (un aimant qui peut s'orienter facilement puisqu'il est monté sur un axe) est influencée par le courant électrique qui parcourt un fil dans son voisinage: le courant électrique, que l'on sait aujourd'hui être la circulation d'électrons, engendre un champ magnétique autour du fil. Et c'est ce champ magnétique qui agissait sur la boussole.

Bref, y a-t-il des charges électriques qui circuleraient, dans les atomes ? Après tout, dans une vision classique de la physique (c'est-à-dire quand on ne prend pas le point de vue de la physique quantique), les électrons tournent autour du noyau, fait de protons et de neutrons.

On voit avec cet exemple combien  le recours à l'histoire des sciences peut être utile, d'autant qu'il s'assortit de la transmission de connaissances merveilleuses, celle de toutes les découvertes fondatrices. Pour l'électromagnétisme, admirons l'expérience de la pile de Volta, l'expérience de la boussole d'Oersted, et ainsi de suite.

De sorte que nous pouvons utilement renvoyer nos amis vers une histoire de l'électricité ou de l'électromagnétisme, qu'ils liront avec délectation pour comprendre comment la physique d'aujourd'hui a été finalement forgée.

Il en va de même pour la chimie !


A propos d'explications : le cas particulier, plutôt que le cas général

Dans la série des réflexions sur les explications, il y a une idée simple : préférer l'explication sur l'exemple que sur le cas général, au moins pour commencer.

Et je vais considérer ici deux anecdotes (véridiques) pour établir ce point.

 

 

1. Considérons tout d'abord un petit problème mathématique, celui des "heures ambigues".
On considère une montre à aiguilles, dont le diable a coupé les deux aiguilles à une même taille, afin de les rendre indiscerbables. Si l'on comprend bien certaines heures, d'autres sont ambigues, à savoir qu'elles peuvent correspondre à deux heures différentes. Combien y a-t-il de ces heures ambigues chaque jour ?
La question m'avait été posée, et, en bon algébricien, j'avais écrit les équations du mouvement des aiguilles, ce qui n'est guère compliqué :
- l'angle que fait l'aiguille des heures avec le midi est proportionnel au temps, avec une vitesse qui est de un tour par douze heures
- l'angle que fait l'aiguille des minutes avec le midi est proportionnel au temps, mais avec une vitesse qui est de un tour par heure.
A cela, on ajoute des symétries, et l'on résout le système.
Plus facile à dire qu'à faire, car il y a des redondances !
Le topologiste Bernard Morin, aveugle d'ailleurs, avait fourni une solution bien plus élégante, et toute "visuelle"  : le mouvement de l'aiguille des heures décrit un cercle, et de même pour l'aiguille des minutes ; si ces deux cercles étaient indépendants (si les mouvements des aiguilles n'étaient pas couplés), on pourrait représenter le "produit" des deux cercles comme un tore, une roue de vélo ; mais le couplace des aiguilles conduit à dire que l'heure peut être représentée par un point sur une hélice qui s'enroule sur le tore avec douze tours ; or un tore que l'on déplie est un carré ; alors que les symétries sont des droites horizontales et verticales sur ce carré ; on détermine alors le nombre d'intersection.

Pas mal... mais, ne pourrions-nous pas faire mieux, si nous cherchons à expliquer ? Car, au fond, pourquoi les complications des douze heures par demi journée ? Pourquoi ne pas considérer le cas imaginaire d'une journée de deux heures seulement ? Là, la solution est simple. Puis, enhardi par nos succès, nous passerions à une journée de trois heures, et ainsi de suite.
Oui, décidément, si l'idée est d'expliquer à nos amis, cette solution est meilleure.

 

 

2. Et j'en arrive à la seconde anecdote, qui concerne l'édition d'un article sur l'utilisation des probabilités pour mieux jouer au bridge. L'auteur de l'article avait d'emblée "lancé dans les dents" de ses lecteurs le théorème de Bayes, sur les probabilités conditionnelles, dans le cas général.
Que l'on me pardonne de ne pas entrer dans les détails, car nous nous égarerions, alors que la question est surtout de considérer des stratégies d'explication.
Bref, lors de l'édition de cet article, nous avons proposé à l'auteur de considérer d'abord le cas le plus simple, très compréhensible, et de réserver pour la fin de son exposé (voire supprimer) le cas général. Il avait accepté, et son article en était sorti considérablement simplifié !

 

 

Bref, c'est une technique que nous devrions garder à l'esprit chaque fois que nous expliquons quelque chose : commençons par du simple, avant de faire du compliqué. D'ailleurs, le compliqué est-il autre chose que le simple du simple du simple... du simple ? 


 


Non, je ne suis pas écrivain !



Je lis parfois, sous la plume de journalistes ou autres, que je serais écrivain, ou essayiste. Non, je ne suis ni écrivain ni essayiste, mais chimiste !

En revanche, oui, j'ai écrit des livres, mais c'est en vue de partager des connaissances que je trouve ou que je produis : après tout, une idée dans un tiroir n'est pas une idée.

Et oui, certain textes que je fais sont des explications, à des "amis" qui vont de l'école primaire jusque dans les métiers, du goût ou de la science.

Oui, il y a des textes de "réflexion", que certains assimilent à des "essais", mais je vois moins des essais que des transmissions d'idées. Je ne suis pas dans l'opinion, mais dans la communication d'idées utiles.

Oui, certains de mes textes, livres ou articles, comportent des fictions, des "histoires", mais ce n'est qu'une manière de présenter les idées qui font le fond de l'affaire.
Par exemple, dans mon livre "La cuisine, c'est de l'amour, de l'art, de la technique", il y a un roman policier... mais c'est seulement une manière de faire passer la pilule de l'esthétique (la philosophie du beau), qui aurait rebuté par son abstraction. Par exemple, dans mon livre "Le terroir à toutes les sauces", il y un roman d'amour, mais, cette fois, c'est pour transformer un aride "traité de la mauvaise foi" en un discours admissible et utile.

Et pour mes billes de blogs, c'est une façon de partager :
- des idées scientifiques
- des connaissances de faits
- des points de vue fondés sur les faits, avec des "valeurs"
- des explications
- autres

Mais je n'écris pas pour écrire : j'écris à des fins que j'espère claires et utiles. Et ce que je fais n'est pas de la littérature, mais de la chimie, toujours de la chimie. En quelque sorte, mes écrits, mais aussi mes podcasts audio ou vidéo sont des "transpirations de chimie", des "émanations de chimie", ou mieux, des "parfums de chimie".

A propos d'incertitudes

 

Hier, une question qui revient sans cesse à propos de mesures, d'incertitudes de mesure, et de répétition d'expériences.

Un ami  en stage au laboratoire fait une expérience et, faisant plusieurs mesures d'une même grandeur, obtient - c'est bien- des valeurs évidemment différentes,  puisque si l'instrument de mesure est  très précis, il est sensible aux mille perturbations environnantes.
Ayant ces différentes valeurs, il calcule donc légitimement une moyenne et un écart type,  afin de décrire les résultats, en tenant compte de la dispersion des mesures.
Puis il décide de répéter l'expérience, ce qui le  conduit à une autre moyenne,  assortie d'un autre écart-type.
Et il répète encore l'expérience plusieurs fois,  calculant chaque fois  une moyenne et un écart-type.
Il s'interroge maintenant sur l'incertitude de ses résultats complets : doit-il faire une moyenne des moyennes, ou bien la moyenne de tous les résultats ? Et quelle est l'incertitude pour les deux cas ?

Je crains d'être obligé de faire le calcul, qui est très simple : est-ce une bonne explication, si nos interlocuteurs ne savent pas ou n'aiment pas calculer ?
Commençons par les moyennes.
Nous nommerons
                           "m[i, j]"

 la j-ième mesure de la i-ième expérience. Nous considérons n expériences, et p mesures pour chacune.
Dans le cas "séparé". Pour chaque expérience, la moyenne est donnée simplement par :

              "M[i] = sum(m[i, j], j = 1 .. p)/p"

Et si l'on fait la moyenne de toutes les n moyennes, on a :
M = sum(M[i], i = 1 .. n)/n and sum(M[i], i = 1 .. n)/n = sum(sum(m[i, j], j = 1 .. p)/p, i = 1 .. n)/n and sum(sum(m[i, j], j = 1 .. p)/p, i = 1 .. n)/n = sum(sum(m[i, j], j = 1 .. p), i = 1 .. n)/(n*p);

Bref, c'est la moyenne de toutes les mesures.
Pour les incertitudes, de même, on retrouve le même résultat (heureusement !), à condition de savoir que le GUM du Bureau international des poids et mesures indique que pour, une variable composée, l'incertitude doit être prise égale à la racine carrée de la somme des carrés des dérivées partielles par le carré des incertitudes.

Surtout, notre ami a ainsi compris que l'incertitude diminue avec le nombre de mesures effectuées: plus on fait de mesures, plus la moyenne s'approche de la véritable valeur cherchée, et plus on caractérise la mesure, en quelque sorte.

mercredi 7 juillet 2021

The 10th International contest for note by note cooking

International Contest

for

Note by Note Cooking


N°10












Topic:

Savoury dice and fibres

(no Rubik’s cube)




Organizers:

Roisin Burke (roisin.burke@TUDublin.ie), Yolanda Rigault (yolanda.rigault@wanadoo.fr), Hervé This (herve.this@paris.inra.fr)




Introduction : Note by Note Cooking


Note by Note Cooking is indeed “synthetic cooking”, a culinary technique using pure compounds, in order to build food (i.e., dishes) and drinks.

The cook has to decide for the shapes, consistencies, tastes, odours, trigeminal sensations (pungencies, freshnesses…), temperatures, colours…

Of course, it deals with questions of nutrition, toxicity, and is part of the large “Note by Note Project” for sustainable development, important for feeding humankind in 2050, when the population of the Earth will perhaps reach 10 billion people. This project is an important contribution to the fight against spoilage, while sparing water, energy, foodstuffs, and taking care of the environment.




The goal of this 10th contest:

Savoury dice and fibers (no Rubik’s cube)


For this new contest, we invite competitors (in the three categories: chefs, students, amateurs) to create dishes that include savoury dice and make use of fibers; Rubik’s cube systems are to be avoided..

The closer to pure note by note, the better. And the flavour of the proposed dish is mostly important obviously !



More details


Dice are well known, and they can have any structure, colors, flavours… but for this 10th contest, it is proposed to avoid sweet products, which does not mean that using sweet compounds in the proposed recipes: after all, in traditional cooking, carrots, onions and other plant tissues are containing D-glucose, D-fructose and sucrose, even in savoury dishes.


Fibers, on the other hand, are now gaining importance in human food, because of the recent discoveries about the importance of the microbiota.

For more than 15 years, the international CODEX Alimentarius Commission debated a definition of fibre and was agreed in 2009. The European Commission (EC), in line with discussions at CODEX, previously agreed a definition for fibre in November 2008. The EC defines fibre as saccharide (they say “carbohydrate” but this word should be avoided, as saccharides are no hydrates, chemically speaking) polymers with three or more monomeric units (to exclude mono- and disaccharides, simple sugars of one or two molecules). These polymers are neither digested nor absorbed in the small intestine.

Dietary fibre consists of one or more of:

- edible carbohydrate polymers naturally occurring in the food as consumed;

- carbohydrate polymers that have been obtained from food raw material by physical, enzymatic or chemical means and which have a beneficial physiological effect demonstrated by generally accepted scientific evidence;

- synthetic carbohydrate polymers which have a beneficial physiological effect demonstrated by generally accepted scientific evidence.

With the exception of non-digestible edible carbohydrate polymers that occur naturally in foods, the definition states that there should be evidence of a beneficial physiological effect of any other material captured by the definition. Any beneficial physiological effect of other material needs to be supported by generally accepted scientific evidence.

Discussions about how best to measure dietary fibre so as to enable consistent applications of the new definition are now underway at a European level.

What difference does the new definition make? Up until the recent EC definition was published, fibre intakes in UK have typically been expressed as non-starch polysaccharides (NSP). NSP is broadly the cell wall compartments of plants and include cellulose, hemicelluloses, pectins, gums, mucilages and beta-glucans.

The CODEX and EC definitions recognise there are other compounds that are not digested nor absorbed within the human digestive tract. For example, resistant starch and oligsaccharides based on fructose, galactose or maltose are all included within the CODEX dietary fibre definition. Micro components such as waxes, cutin and suberin are also included. However, the UK food composition dataset and the National Diet and Nutrition Survey continue to use NSP as a measure of dietary fibre.

There are various types of fibre, some of which are almost completely fermented by gut bacteria, whereas others are less fermentable. These less fermentable fibres are present for example in cereal grains including wheat, rye, barley and oats and bind water, increasing faecal bulk, and reducing transit time. These fibres can be helpful in reducing constipation.


Fermentable fibres are present in fruits, vegetables, nuts and oats and provide fuel for bacteria, which may encourage a healthy microflora in the gut. Some fermentable fibres, e.g. beta glucan, in oats have other health benefits including helping to maintain healthy cholesterol levels and moderating blood glucose levels.


For the criteria, the first goal of competitors is to produce dishes that :

1. include fibers and savoury dice

2. are as close as possible to pure note by note cooking (i.e., using pure compounds)

3. are good!

3. are original.


About the first criterion, one has to make a difference between “pure note by note cooking”, and “practical note by note cooking.

- the “pure note by note cooking” technique means using only perfectly pure compounds,

- “practical note by note cooking” technique allows the use of mostly pure fractions: for example, oil is a mixture of triglycerides, or corn starch is only 80 % pure amylopectin, but it would not change much if one particular triglyceride were used, on pure amylopectin. And, of course, why not mix the new ingredients and old ones (meat, fish, egg, vegetable and fruits)… but the closest to the pure note by note technique the better.

The participants will be free to purchase the ingredients or to product them by themselves. For example, lixiviation of flour can product gluten and starch, and storing oils in the fridge or in the deep freeze can make various fat fractions, with different properties.

For odours, they can be extracted by various means (storing a raw material in oil, distillation, etc.), but odorant compounds can now be found on line, in companies such as Iqemusu (www.iqemusu.com).


For the contest, participants have to apply in various categories


(1) Professional chefs: they will be judged on their skills to produce a recipe using pure compounds or a mixture of pure compunds and designing the shape, colour, texture etc. This group have access to specific note by note ingredients and specialized equipment in professional kitchens and should have a good skills level.


(2) Students: depending on the applications, there can be two groups, those that are culinary arts students and those that are science students.

Like the professional chefs, the former most likely have access to specific note by note ingredients and special equipment. The other students may or may not not have access to these ingredients or equipment. In the case of the culinary student the judging criteria is similar to that for the professional chefs but the level of skills of culinary arts students may be less. If the other students have a science background, the judging criteria could include the use of scientific knowledge to maximise the use of ingredients which were available.


(3) Amateurs - the best use of ingredients which were available.





Where can you find the ingredients?


For cooking Note by Note, you simply need your kitchen, kitchen cupboards and supermarket. Below, you can find pure compounds e.g. water, sugar, salt, xanthan gum, lecithin etc.

Some can be extracted. For example, if you acidify milk and extract curds (mostly casein), you prepare the whey. Or from wheat flour, if you make a dough and wash starch off to, you can separate gluten (that can also be bought at bakers).


There are other cheap ways to get ingredients:

- look for deals on the internet through companies such as Amazon

- email suppliers and ask for free samples (small amounts)

- ask supplier companies for free samples.



Examples of suppliers


Iqemusu (2017). The 24 Notes. [online]. Available at: https://iqemusu.com/en/the-24-notes-note-by-note-cooking/


Louis François (2019). Louis François- Food Ingredients Since 1908. Available at: http://www.louisfrancois.com/index_en.html


MSK (2019), MSK catalogue. [online] Available at: http://msk-ingredients.com/msk-catalogue-2019/?page=1.


Sosa (2019). Sosa Catalogue. Available at: https://www.sosa.cat/


Texturas (2012). Texturas Albert y Ferran Adria. Available at: http://albertyferranadria.com/eng/texturas.html




Each proposed dish will have to be :

  1. described in a .doc file by a recipe (Roman 12) giving

    1. the ingredients, including quantities

    2. the process

  2. shown by photographs.


The candidates will have to accept that their recipes and pictures can be used (with their name) by the organizers and the partners of the contest (see authorization of use in the bottom of this document).




Evaluation :

Include dice and fibres

Feasibility, reproducability

Originality of the work.

Using pure compounds will be preferred to using fractions.

Of course, the productions should not be toxic.

The flavour complexity will be appreciated : dishes have a shape, consistency, odor, taste, trigeminal sensation, temperature…



Who can participate?
The contest is free, open to all. But there will be different categories:

- culinary professionals (chefs),

- students,

- amateurs.




How to participate?

For applying, it is enough to send an email to icmg@agroparistech.fr with post address, phone number, signed authorization of diffusion of the contest material.


Then, for proposing the result, one has to send a file (fichier .doc) to icmg@agroparistech.fr describing the recipe in details, with a powerpoint document (fichier .ppt) showing the various steps and the final result, with high resolution pictures 300 dpi.



Dates :

- application at any time before 20th of August 2022.

- document being sent before the 25th of August 2022.



Evaluation:

The evaluation will be performed in two stages:

1. display of all recipes, and preselection by a jury, with possible votes by the public

2. evaluation between preselected recipes by a Jury composed of:

Yolanda Rigault (organizer)

Pierre Gagnaire

Pierre-Dominique Cécillon (Toques Blanches Internationales)

Jean-Pierre Lepeltier (Toques Blanches Internationales)

Patrick Terrien (Toques Blanches Internationales)

Sandrine Kault-Perring (Louis François Inc)

Michael Pontif (www.iqemusu.com)

Eric Briffard (Cordon bleu)

Philippe Clergue (Cordon bleu)

Heinz Wuth (Chile)



Prize Event:

AgroParisTech, Paris (Friday 2 September 2022)



Prizes will be given by the partners. The best results will be displayed on various internet sites (Forum Note à Note d'AgroParisTech...). They will be shown on posters during itinerary exhibitions.






Thanks to our partners


Iqemusu, Louis François, Belin, Pour la Science










Autorisation de diffusion



Je sous-signé ……………….. demeurant ……………………….. autorise les organisateurs et les partenaires du Troisième Concours International de Cuisine Note à Note à diffuser les recettes et les images soumises pour participation au concours.





Fait à ………………………….. le …………………………………..



Signature :

Annexe :

From Molecular Gastronomy to its applications :

« Molecular Cuisine » (it is over)

and « Note by Note Cuisine» (don't miss this next world

culinary trend!)


Hervé This




1. The scientific work


In 1988 Nicholas Kurti and I created the scientific discipline that we called « Molecular

gastronomy» (remember that the word « gastronomy » means « knowledge », and not cuisine, even haute cuisine ; in the same way, Molecular Gastronomy does not stand for cooking!).

The aim of Molecular Gastronomy was, is and will be forever : looking for the mechanisms of

phenomena occcuring during dish preparation and consumption.



2. An application in the kitchen


In the beginning of the 80's, we introduced also «Molecular Cuisine », whose definition is :

« Producing food (this is cuisine) using « new » tools, ingredients, methods ».

In this definition, the word « new » stands for what was not in kitchens of the western countries in 1980.

For example : siphon (to make foams), sodium alginate (to get pearls with a liquid core, spaghettis of vegetables, etc.) and other gelling agents (agar-agar, carraghenans, etc.), liquid nitrogen (to make sherbets and many other innovative preparations), rotary evaporator, and more generally, the whole set of lab's equipment when they can be useful. For methodes, you will easily find on line recipes for “chocolate chantilly, beaumés, gibbs, nollet, vauquelins, etc. ( Cours de gastronomie moléculaire n°1 : Science, technologie, technique (culinaires) : quelles relations ?, Ed Quae/Belin)


Of course all these items are not completely new (many gelling agents are used in Asia for millenia, and many tools are used daily in chemistry labs), but the goal was to modernize the technical component of cuisine.


Yes, the expression « Molecular Cuisine » is poorly chosen, but it had to be introduced at some time... and it is not within the Encyclopedia Britannica Dictionnary. And Molecular Cuisine will disappear... because of... see below !



3. The next culinary trend : Note by Note Cuisine !


The next proposal is much more exciting, and its name is NOTE BY NOTE CUISINE.


It was first proposed in 1994 (in the magazine Scientific American) at a time when I was playing at using compounds in food, such as paraethylphenol in wines and whiskeys, 1-octen-3-ol in dishes, limonene, tartaric acid, ascorbic acid, etc.

The initial proposal was to improve food... but the next idea was obvious, it is to make dishes

entirely from compounds.

Let's say it differently. Note by Note Cuisine is not using meat, fish, vegetable or fruits, but rather compounds, either pure compounds or mixtures, such as electronic music is not using trumpets or violins, but rather pure waves which are mixed in sounds and in music.

Here, for Note by Note Cuisine, the cook has to :

design the shapes of the various parts of the dish

design the colours

design the tastes

design the odours

design the temperatures

design the trigeminal stimulation

design the consistencies

design the nutritional aspects

etc.


The feasability of this new cuisine was already shown by many meals :

first Note by Note meal (called Note by Note N°1) shown to the international press in Hong

Kong by Pierre Gagnaire in April 2009

two dishes shown at the French-Japanese Scientific Meeting (JSTS) in Strasbourg, in May

2010

whole Note by Note Meal served by the chefs of the Cordon bleu School in Paris in

October 2010

Note à Note meal served the 26th of January 2011, as a launching event of the International

Year of Chemistry, at UNESCO, Paris, by the team of Potel&Chabot

Note by Note cocktail serve in April 2011 to 500 French chefs freshly starred at Michelin,

in Espace Cardin, Paris

Note by Note Meal served in October 2011 by the team of the chefs of the Cordon bleu

Schools Paris

Note by Note dishes made by chefs of the Toques Blanches International Association, in

Paris, 3 Decembre 2011

And many others !


Many questions arise from this new cuisine:

land development

economy

sensorial

technique

art

politics

nutrition

toxicology

etc.


But:


1. humankind is facing an energy crisis : it is not sure that traditional cuisine is sustainable (it

is not!)

2. the New will always beat the Old

3. cracking products from agriculture and farming is already done for milk and wheat ; why

not carrots, apples, etc. ?

4. The objections made to Note by Note cuisine were done half a century ago against

electronic music, and guess what you hear at the radio today ?

In other words, are not we at the equivalent of 1947, when musicians such as Varèse and some

others were investigating electronic music ?



lundi 5 juillet 2021

À quelle température ajouter du lait à une farce pour faire un boudin blanc



Un boudin blanc, c'est de la chair de volaille et de porc broyée parfois avec de la mie de pain, de l'oeuf et du lait. L'appareil est travaillé, puis  il est mis dans un boyau et il est ensuite poché.
Parmi les critères de qualité du boudin blanc,  il y a notamment le fait que,  à la cuisson,  le boudin se tient : il est considéré comme une faute qu'il s'émiette.

Bref, on part  d'une farce avec de la viande, de l'oeuf, de la mie de pain,  et on ajoute du lait qui,  pour des raisons de sécurité sanitaire,  peut-être bouilli. Se pose la question de la température maximale à laquelle on peut mettre le lait dans la farce.

La farce c'est  d'abord de la chair,  c'est-à-dire du tissu musculaire, lequel est constitué de fibres musculaires, sortes de tuyaux avec une gaine de tissu collagénique (la protéine qui fait la gélatine quand la chauffe longtemps) et un intérieur analogue à du blanc d'oeuf, avec de l'eau et des protéines qui ont pour nom actines et myosines. Quand on coupe les fibres musculaires, on libère l'intérieur des tuyaux en partie,  c'est-à-dire qu'on libère dans la mêlée de l'eau et des protéines.
D'autre part les oeufs sont essentiellement faits d'eau et de protéines, avec un peu de matière grasse pour le jaune.
La mie, elle est une matière un peu inerte, qui est déjà empesée, et peut continuer de se défaire, en faisant du moelleux.
Si l'on ajoute du gras, il est dispersé dans la phase aqueuse apportée par la viande et par les oeufs.

Quand on chauffe la mêlée avec du lait chaud, ce dernier fait coaguler localement les protéines, de sorte que, si l'on embosse, on détruit le gel, et l'intérieur ne se tient plus, et ne pourra plus gélifier (par coagulation des protéines) à la cuisson des boudins.
Il faut donc que la température du lait ne fasse pas coaguler les protéines présentes, soit  40 degrés pour la viande, et environ 62 pour les oeufs.
Bref, c'est du 40 degrés au total qu'il faudra viser. Inversement, pas d'inconvénient à mettre du lait froid.

Puis, lors de la cuisson, les protéines dispersées coaguleront, donnant de la cohérence à l'ensemble. Et plus on chauffera, plus les boudins blancs seront fermes, pour les mêmes raisons que les oeufs à basse température deviennent de plus en plus durs à mesure que la température augmente... mais c'est là une autre histoire que j'ai déjà racontée plusieurs fois. Je vous y renvoie.