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mardi 6 février 2024

Forcer l'adhésion ?

Je me souviens d'une conférence devant une académie des sciences où j'avais - naïvement, je le concède- exposé mes travaux (j'avais été invité pour ce but) avec beaucoup d'enthousiasme. A la pause, le vice-président était venu me voir et m'avait dit "Je vous ai détesté dès que je vous ai entendu parler". Comment cela était-il possible ? Interrogé, notre homme me répondit que je "forçais l'adhésion", et qu'il n'aimait pas qu'on lui dise comment penser, s'il fallait aimer une matière ou pas... Bref, il aurait fallu que je garde mon feu pour moi, et -sans doute- que j'expose mes travaux avec beaucoup de froideur, sans enthousiasme. 

Que l'on ne compte pas sur moi pour cela, car l'enthousiasme est une maladie qui se gagne, et je ne désespère pas convaincre la terre entière que les sciences de la nature, la rationalité, sont choses merveilleuses ! 

 

De même, je me souviens de comités où, ayant proposé une expertise avec aplomb, mes amis qui siégeaient avec moi avec repoussé ma proposition... pour la même raison : je ne les laissais pas juger par eux-mêmes. 

 

A propos de la cuisine note à note, j'observe le même phénomène : quand je la présente en disant "que vous la vouliez ou pas, vous l'aurez, parce qu'il faudra bien nourrir dix milliards d'êtres humains", j'ai à coup sûr le résultat attendu, à savoir que mes interlocuteurs se raidissent, refusent l'idée. Inversement, si je leur dis que nous avons là une possibilité (j'insiste sur le mot), et que cette possibilité est merveilleuse, et qu'ils ont le choix d'aller plus loin dans la découverte de la chose, alors l'acceptation est plus facile. 

On observera que, dans ces discussions (inutiles, me dit un ami maçons "Ils causent, je bétonne"), ce n'est pas l'objet discuté qui compte, mais seulement la façon dont on le présente à nos amis. C'est un peu dommage, mais cela est ainsi depuis longtemps. On n'oublie pas le Gorgias, de Platon, et je vous invite à ne pas manquer la belle leçon d'éloquence de Marc Bonnant : https://www.youtube.com/watch?v=PslBw8QyK1I. 

Evidemment, certains détesteront ses blasphèmes, ses provocations... mais quel est l'objet ? L'importance de la parole, notamment dans les questions de conviction. Finalement, je ne suis pas certain de vouloir passer beaucoup de temps à vouloir proposer à mes amis de l'eau tiède... puisque Dieu, dit-on, vomit ceux qui ont la même température.

jeudi 11 mars 2021

La représentation des données



Des amis en stage m'interrogent sur la représentation des données, puisqu'ils en sont à ce stade de leur travail de recherche. Doivent-ils faire des courbes ? des histogrammes ? quels textes faut-il porter sur les images ? de quelles couleurs ? dans quelle taille ?

La première réponse à faire, la plus importante, c'est celle de l'objectif : toujours commencer par l'objectif ! Que veut-on faire et pourquoi ?


Et, d'autre part, quand il est question de communication (à soi-même ou aux autres), je ne saurais trop conseiller de distinguer la composante intrinsèque de la question, de la question extrinsèque et des questions concomitantes.
J'explique en prenant une comparaison (utile par ailleurs) : l'intérêt intrinsèque d'une profession, c'est combien l'exercice de ce métier nous intéresse ; l'intérêt extrinsèque, c'est de savoir combien on va gagner ; et l'intérêt concomitant, c'est par exemple la reconnaissance sociale. A vous de transposer, maintenant, en revenant à la question des affichages de données ;-).

Ca y est ? Non ? Alors je vous invite à chercher d'abord pourquoi on affiche des données. Et cela nous impose de nous remettre dans le fil de la recherche scientifique : cette recherche consiste à suivre des étapes qui sont :
1. identifier un phénomène
2. le caractériser quantitativement
3. réunir les données en "lois", c'est-à-dire en équations
4. induire une théorie, quantitativement compatibles avec les lois, et en introduisant des concepts nouveaux
5. chercher des conséquences logiques, testables, de la théorie
6. tester expérimentalement ces prévisions théoriques.

Ici, nous en sommes au point (3), à savoir que nous avons des données, et nous voulons des équations.

Et c'est un fait que, de surcroît, on se repère très difficilement dans d'immenses tableaux de nombres (les résultats des mesures de caractérisations quantitatives).

Autrement dit, ce que l'on voudrait, avec cet affichage, c'est avoir une idée de la formes des équations : proportionnalité, augmentation exponentielle, que sais-je.

Et évidemment, pour cette recherche,  il y a  lieu de faire des représentations les plus simples possibles.
Notamment des représentations dans un espace à deux dimensions (ce qui est une "coupe" d'un espace qui aurait possiblement plus de dimensions).

Par exemple, considérons  une série de spectres d'absorption UV-visible : là, les données sont des courbes... et s'il a plusieurs courbes, on peut les superposer,  et regarder l'ordonnée des diverses courbes  a une valeur particulière de l'abscisse (une longueur d'onde particulière, choisie pour de vraies raisons scientifiques).
On peut aussi -mais c'est plus compliqué- dessiner une sorte de paysages, avec toutes les courbes, car si ces courbes s'ordonnent, pourquoi ne pas les faire apparaître comme des coupes de l'espace ?
Après tout, les deux dimensions de l'espace des courbes, plus une dimension pour la succession des courbes, cela fait trois dimensions, n'est-ce pas ?

Ou encore,  imaginons que l'on ait des données colorimétriques, par exemple dans un espace nommé L*a*b*. Pour cette mesure, on a des triplets de points, c'est-à-dire en réalité des points dans un espace à trois dimensions. Si l'on a plusieurs mesures, on aura plusieurs points dans cet espace. Comment représenter s'il y a un ordre pour les points ? Car ici, il faudrait un espace à quatre dimensions ? Une couleur peut être ajoutée, par exemple.

Et ainsi de suite  : ce que l'on cherche à ce stade,  ce n'est pas d'épater la galerie, de faire du "beau", de l'extrinsèque, mais de l'intrinsèque, de l'efficace du point de vue de la production scientifique.

C'est seulement plus tard, quand le travail scientifique aura été fait, que l'on pourra se préoccuper de produire de belles représentations. Là, tel le génial mathématicien Carl Friedrich Gauss, on pourra effacer les traces de ses propres hésitations, et   afficher  un travail d'orfèvre, superbe, ciselé... mais cela ne doit venir que quand le contenu aura été parfaitement déterminé :  on ne peut pas mettre des habits mêmes superbes sur un corps inexistant.

 

D'abord le message, le contenu, avant sa forme.

PS. Connaissez vous le livre The quantitative display of scientific information ? 

mercredi 7 octobre 2020

Making a scientific oral presentation

All what follows is based on mistakes that my young colleagues make almost always!
The goal, here, is to help you avoiding them, and this is simple: yo will usimply need to
- read slowly what I am explaining
- follow the rules one by one.

Let's begin now:

1. You have to make an oral scientific presentation. Don't dive into the ppt immediately !

2. Because there is a difference to make between:
- the content of the talk (science, technology)
- the way the content is communicated.

3. And you cannot make a good communication if what you have to tell is not well defined, if the scientific/technologic content is not clear.
In other words, you CANNOT explain what you don't understand yourself.

4. This is the major mistake usually done: too many people just copy and paste information that they found, and when it is done, they don't ask themselves what it means really, so that when they are lecturing, the describe something that they don't understand.
Let's put it this way: describing something vaguely is not understanding it, and even less explaining it to others.

5. A second pitfall is when there is too much to say in too short a time: to take comparisons, don't try to put 1 L of water into 1 cm3, because it will not fit; don't try to go through the wall, because you will hurt yourself...

6. This is why a rule is  often given (I am sure that you heard it before): 20 minutes, 20 slides including the title, the table of content, and the reference list in the end.
Please, don't try to escape this rule, and do not apply it is a bad way, i.e., in putting too many things in each slide (we shall see later that each slide should contain only one title, and one graph or picture).

7. But when I say that, I am slightly misleading you, because it is in the communication domain.
 The idea is simply that, BEFOREHAND, you have to decide ONE idea that you are going to develop.
Hence a good advice: why wouldn't you simply ask ONE question ?  (for example: how to increase the viscosity of oil using polyphenols (answer: make a gel)? Or why does stale bread soften when heated in an oven (glassy state, crystallization, ...)  And your talk would be organized around answering this question.

8. By the way,  a good advice is to make the oral presentation using FIRST a doc file, with 20 lines (numbered 1 to 20): you write in each what will be the content of the slide (and this will make the title of the slide).
I show how it has to be done :

 

Slide
Content
 

 1
titre of the presensation, logos, authors, date
 

 2
table of content : tell how the question will be discussed
 

 3
The question given (if it is not the title of the ppt), or explained
 4

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19
Conclusions and perspectives :
1. for conclusions, very few, but strong ; it can be the answer to the question given in the introduction, the most important ideas/concepts to remember
2. Prefer Perspectives to  conclusions: you have to open, not to close !
And please, no "thank you for your attention" (they were sleeping and you will make them uncomfortable)
 

20
References : please be sure that you give only good references !
In the alphabetical order
And of course all with the same format :
Author I. Year. Title of the paper, Title of the journal, 5(2), 23-29.

9. Now, of course, in a scientific presentation, one has to explain results only for experiments that are given before, for example. In other words, nobody can understand results of an experiment that is not given.

10. Keep in mind the simple presentation:
- one (structuring) question
- the context : why it is interesting to consider this question; here you will probably have to explain what are the objects that you are discussing (for example, if you speak of gels, why not giving the IUPAC definition of a gel? of if you speak of surface tension, give the definition very clearly... to the others and to yourself)
- how it was studied experimentally (the general strategy of the study)
- the Materials and Methods (the detailed experiments)
- the results
- the discussion of the results

11. Now, also positively, a good advice : don't try to be too general at the beginning, because your audience will not understand anything. Begin with one  good example, and give the generalities later.
For example, if you have to deal with surface tension, take the example of a board (area A) at the surface on a liquide (viscosity η) of thickness e, with an applied force F.

12. Be quantitative, fix ideas with equations and numerical applications (the equivalent of small exercises to test the theoretical knowledge after learning a general important law; e.g. calculating the force needed to move a board 1 m2 at the surface of water, by 1 m in 1 s).
And remember that in science, adjectives and adverbs are "forbidden": they should be replaced by the answer to the question "how much?"

13. Start from the known before moving toward the unknown: remember that discovering a new field of knowledge (your audience) is like discovering a new country: you have to follow a way (or road, lane...) without jumps. In other words, you and your audience will have to make all steps (I mean, putting one foot in front of the other and again).
 
14. Let's now move to the communication part.
Please DO NOT use the templates given by the ppt software, because they are pushing you to the mistake, containing unsignificant objects, such as colored bars that prevent you to put the references at the bottom, large colored area that takes space that you need for your own content !
For each slide, make simply:
- one title (at the top of the slides, always in the same position, at the left or at the center)
- one picture (photo, graph, equation, sequence of equations...)
- a reference in small letters at the bottem of the slide, in small size, either in full or abbreviated  (in this second case, write simply "Author, year", or "Author1 and Author2, year", or "Author1 et al., year").

15. About the characters : please, only one type (font) ! And only two sizes: one for the title of the slide, and one for comments.

16. NEVER write sentences that you would have to say (your audience will try to read it, and when they read, they will not be able to hear you).
If you really need to have text that can help you to present orally, put it in the "comments" part below (not displayed)... but then, no full sentences, only keywords to guide you.

17. Of course, the graph should have the axes given: what it is, units, etc.
The size of the objects that you describe has to be given, and, more generally, numerical information can be given (for example, in a microscopic picture).
Don't add a caption since it  should be the title of the slide (only the reference from the graph/picture is compulsory).

18. If you take a picture from someone (and you have to), it should:
- be from a good paper (please see "How to recognize bad from good papers")
- be along with a credit ("From Author, year", if it was modified, or simply "Author, year" if it unchanged).

19. In order to make the discussion/questions easier,  number the slides at the bottom right...

20. Because remember (and apply) this rule: everybody reads from left to right, and from top to bottom.

21. Don't forget to always show the chemical formulas of compounds of which you say the name (and discuss the reactivity of the compounds)

22. For definitions, use always the internationally accepted one (or say that this is very idiosyncratic from the author of an article that you quote).

23. The next seems a detail, but it is indeed very important, because one recognizes the scientific quality after details: remember that oils and fats are not made of fatty acids, but of triglycerides; and proteins are not made of amino acids, but of aminoacid residues; don't speak of glucose, but of D-glucose ; and when you draw chemical formula, use always the same representation.

24. Be sure that your audience knows enough mathematics: gradient, for example. Don't hesitate to explain them.

25. No vague sketch when discussing chemistry: we need the exact object, with all atoms (except perhaps some H), so that we can see the electrons in excess).

26. References should ALWAYS be  good ones. And from scientific journals, not popularization internet sites, for example. And figures as well.

27. Details about layout :
- Spelling !
- Alignments
- Turning spaces (the same space around an object such a a logo in a corner)
- remember the 2/3-1/3 rule : twice the space over a title than between the title and the text to which it corresponds
- make a pdf and not only ppt, because in the past, there were problems.

28. When showing the slides, don't move your hands erratically. Instead put your fingers  on each object that you are describing verbally. Yes, touch the board, putting your finger on each object that you discuss (and please don't move it while you remain on the same object; also if using a pointer, avoid absolutely moving it around, swirling! You can also hold a pen, for example, in order to avoid making unsignificant gestures).

29. Be SLOW, and even better, be EVEN SLOWER than slow.
Nothing worse than people saying very difficult expressions ( > 3 syllabes) such as "complexe polydispersed interconnected moving systems" : you can say that at ordinary speech velocity... but it will take dozens of seconds before your audience can understand what it means: they will have to translate slowly, in their mind, what it means... so that they are lost because you moved in the meantime.
I insist: don't speak too fast : remember that we are all slow minds,  and it is useless to make fast speech that nobody understand.
And I insist again : go SLOWLY: remember that clarity (i.e. being able to understand, on the other side) is the politeness of who speaks in front of an audience ; be polite !

30. And this leads me to this main advice: remember the "being clear is the POLITENESS that you should have when you speak in front of an audience".

31. I insist: you don't speak to yourself, but to others.  We don't care that you speak; on the other hand, the main point is that THEY HAVE to understand... otherwise your speech is a failure. Assume the audience knows nothing about the topic.

32. In view of being clear, explain slowly all what we see in the figures.

33. I was ready to write "Don't read text on the slides: comment it, explain it"... but if you applied one of the above rules, there is nothing to read !

34. In the slide, but also in your speech, chase adverbs and adjectives because this is unscientific: instead, answer to the question "how much"

35. Finally, remember that your duty is to make your friends happy, not boring. If you are positively interested in what you show, it's better.



vendredi 7 février 2020

C'est important, pour les professeurs


Je vois aujourd'hui deux questions  :
(1) comment bien écouter et conserver des traces de ce que l'on entend, ce que l'on comprend ?
(2) comment se fait-il que des informations qui sont donnés explicitement ne soient pas reçues ?

La première question est ancienne, et elle se pose pour tous les cours, de tous les temps. On comprend que des étudiants attentifs, qui veulent retenir des points importants d'un discours oral, veuillent noter quand ils ne peuvent tout enregistrer. Mais notant, ils perdent le fil et  le contenu de ce qui suit leur échappe. Je caricature évidemment, mais c'est une très vieille question, qui a été souvent discutée, et que j'ai rencontrée personnellement sous une autre forme dans des amphithéâtres que je donnais pour les universités de l'Université Paris 6 : il y avait dans le groupe deux étudiants qui se parlaient, ce qui gênait l'ensemble du groupe... mais il est apparu que ces deux étudiants avaient été particulièrement intéressés par un point du cours, et qu'ils le discutaient en vue de mieux le comprendre. C'était donc le zèle qui les faisait apparaître cancres !
Cela étant, la possibilité d'enregistrer ce que l'on entend nous permet aujourd'hui d'y revenir... ce qui doit d'ailleurs changer le discours qui est délivré. Mais il faudra y revenir.
D'autant que tout est en ligne : faut-il alors écouter, prendre du temps pour enregistrer ce que l'on trouvera en ligne ? Les étudiants doivent-ils aller en cours ? Pas sur ! Et, en tout cas, si l'on  veut éviter des redondances, il faudra que les cours soient autre chose.
D'ailleurs, cours profonds ou cours feux d'artifices ? Les derniers donnent de l'enthousiasme.
Et dans tous les cas, il reste que le temps d'étude s'impose.

Pour la deuxième question, je suis plus dubitatif mais très intéressé de voir que depuis deux jours, dans un groupe de gens de bonne volonté, il y a eu, soit par autre que moi, soit  par moi-même, des informations qui on été donnés et qui n'ont absolument pas été comprises.
On  peut bien sûr imaginer des causes. Par exemple, des différence de niveaux de langue :  il est vrai que si l'on s'adresse à quelqu'un qui ne parle pas notre langue, qu'il s'agisse d'une langue étrangère ou d'un vocabulaire différent de celui qui est connu, alors l'incompréhension est quasi certaine.
Mais quand les termes sont tous simples, pourquoi ne comprendrait-on  pas ? Il peut y avoir  une question de rapidité  : si les informations sont données trop vite,  alors le temps que l'on passe à la première ne permet pas d'accéder à la deuxième si celle-ci arrive tant qu'on a pas fini de digérer le premier morceau. Ici  le remède est simple : il s'agit d'aller beaucoup plus lentement.
Mais il y  a sans doute d'autres causes : lesquelles ?

vendredi 22 mars 2019

N'est pas "scientifique" quelqu'un qui ne pratique pas la recherche scientifique


Qui est scientifique ? La question semble simple : un scientifique, c'est quelqu'un qui fait un travail scientifique. Pour les sciences de la nature, cela signifie chercher le mécanisme des phénomènes à l'aide d'une méthode que j'ai décrite déjà plusieurs fois. Autrement dit, toute personne qui cherche les mécanismes des phénomènes à l'aide de cette méthode a une activité scientifique, et est donc un(e) scientifique.
A côté de ce noyau fait d'individus, qui, seuls, méritent  le nom de "scientifiques", il y a tout une constellation de personnes...  qui ne sont pas scientifiques. Il y a par exemple des journalistes scientifiques,  qui ne font pas un travail scientifique, mais un travail de journaliste. Il y a des administrateurs, qui ne font pas un travail scientifique, mais un travail d'aministration. Il y a des auteurs, des communicateurs variées, qui ne sont pas scientifiques mais qu'ils font un travail de communication.
Certains de mes amis sont un peu perdus, et c'est  la raison pour laquelle je mets les choses au point.

Dans certains cas, la question est bien plus intéressante que celle avec laquelle je commence ce billet. Par  exemple,  Léonard de Vinci était-il un scientifique ? Ou bien était-il peintre et dessinateur ? Ou bien était-il ingénieur ?
La définition que je viens de donner permet de regarder posément les choses, clairement. Quand on examine en détail le travail de Léonard de Vinci, on voit par exemple de remarquables descriptions anatomiques ou physiologiques, qui valaient largement celles qui étaient faites de son temps par des anatomistes ou par des physiologistes plus patentés. De ce point de vue, Léonard de Vinci n'a pas démérité. On pourrait dire la même chose à propos de physique, mais évidemment, Léonard de Vinci n'est pas le géant qu'était Galilée et qui su créer la science moderne, en mélangeant  le calcul et l'expérience.
On sait que Léonard de Vinci était intéressé par les mathématiques, mais il ne fuit pas à la hauteur d'un Galilée ou d'un Huygens par exemple. Les compétences en mécanique ou ou en ingénierie ? Là, la question est résolue facilement,  puisque la technologie n'est pas la science.
Finalement, on voit clairement que Léonard de Vinci n'a pas démérité, mais qu'il est resté à une science assez naturaliste et non pas moderne, puisque cette science moderne qui repose sur l'expérience et le calcul n'avait pas encore été inventée. Léonard de Vinci était donc une sorte de scientifique d'avant la science moderne,  ce qui doit nous conduire quand même à faire cette différence essentielle  : il y a la science, d'une part, et la science moderne, d'autre part, cette dernière ayant été véritablement inventée, avec le calcul qui lui donne toute sa puissance, tout son intérêt, toute sa beauté.

 PS. Je renvoie ceux qui sont intéressés vers le dossier Léonard de Vinci dans la série "Les génies de la science" de la revue Pour la science.

samedi 27 janvier 2018

Comment aider des enseignants qui ne "passent pas" alors que ce sont des personnes de qualité ?

Comment aider des enseignants qui ne "passent pas" alors que ce sont des personnes de qualité ?
Cette question se pose souvent, notamment dans les systèmes d'enseignements supérieurs, et elle s'apparente à la question que j'avais quand j'étais directeur scientifique des émissions Archimède, sur Arte, ou Pi=3.14... sur la Cinquième. Dans les deux cas, on demande à des personnes qui ont une bonne compétence professionnelle de partager des connaissances, soit avec des étudiants, soit avec des téléspectateurs. Et, dans les deux cas, il se trouve des personnes, pourtant remarquables, qui ne parviennent pas à capter l'attention, à la conserver. Pourquoi ? Comment les aider à y parvenir ?

 Les possibilités de bien faire  ou de mal faire étant sans doute infinies, une possibilité consiste à analyser des cas désastreux, ou, au contraire, des cas merveilleux.


Pour les cas désastreux, je vois plusieurs façons de ne  pas enthousiasmer un auditoire :

- tout mettre sur le même plan : lors que le discours est monocorde, il faut beaucoup d'efforts pour ne pas laisser son esprit dériver... tant il est vrai que notre cerveau a sans doute été forgé par l'évolution pour détecter des variations, des contrastes, raison pour laquelle notre oeil est capté par des images animées sur un écran d'ordinateur, de télévision ; à la base, nous devons reconnaître les proies et les prédateurs, toutes choses qui bougent dans notre environnement ;

- répéter sans varier (lire des diapos écrites, redire la même chose) : cette fois, on a très rapidement l'impression de perdre son temps, et l'on méditera certains cours d'interprétations musicale, qui recommandent que, lors de la répétition d'une structure musicale, il n'y ait pas de bégaiement, à savoir qu'il ne s'agit justement pas de répéter, mais de faire écho en donnant du sens, tout comme ce "Je te demande si... Hein ? Hein ?" S'il y a répétition, il diot y avoir un sens particulier à la répétition. Et l'utilisation de ce mot "répétition" doit évidemment nous faire souvenir que la répétition est considérée comme une faute en littérature... sauf quand elle est utilisée à bon escient, par exemple par un Molière avec son "Le poumon, vous dis-je", ou "Mais qu'allait-il faire dans cette galère"... qui moquent ceux qui les prononcent. D'ailleurs, pour en revenir aux enseignants qui passent mal, ils sont souvent moqués par les élèves les plus jeunes, qui les subissent, et ce sont précisément leurs "tics", leurs répétitions donc, qui sont ces accrochages qui servent à les dénigrer ;

- donner à son auditoire le sentiment qu'on le néglige, qu'on le méprise : bien sûr, il existe des professeurs qui méprisent effectivement les étudiants, mais ceux-là ne méritent pas que l'on s'y intéresse. Il vaut bien mieux s'interroger sur ceux qui ne méprisent pas leur auditoire, mais donne le sentiment d'un mépris. Pourquoi ? A l'analyse de quelques cas que j'ai ainsi rencontrés, il y a ceux qui croient naïvement que tous sont ou ont été des élèves merveilleux, bien dotés de bases solides, et pour qui certaines notions, certains concepts, certaines connaissances sont "évidentes". C'est une vraie difficulté, effectivement, que de se souvenir de toutes les étapes qui nous ont conduit jusque là où nous sommes, de nous souvenir de toutes nos difficultés du passé, surtout quand nous avons beaucoup travaillé, que nous avons fait beaucoup de chemin. Et, en conséquence, il y a toujours lieu de bien donner les bases qui nous conduiront à l'exposition du point que nous avons choisi de présenter... sans faire perdre de temps aux plus avancés : on voit la difficulté !

- jargonner (ce qui est une sorte de mépris) : certains se donnent de l'importance en jargonnant, en utilisant des termes techniques qui ne sont compris que par ceux de leur caste. Evidemment, tous les étudiants sont conduits à faire un effort considérable, pour essayer de deviner, et l'accumulation leur fait perdre pied. Mais il y a aussi tous les professeurs qui introduisent effectivement les abréviations, qui définissent des termes en début de discours, et qui les utilisent ensuite : là, c'est souvent trop difficile, quand on a une connaissance fraîche, de la manipuler comme si on la connaissait depuis longtemps.

- être inintelligent : dire des choses évidentes, faire du remplissage : terrible cas que celui-ci, qui veut que nous soyons "intelligents". Comment faire ? Comment produire ces petites étincelles intellectuelles qui séduiront nos amis ? L'humour ? Il y a un temps pour tout ? L'enthousiasme ? Pourquoi pas, mais il ne doit pas être forcé. Et puis, les maquillages ne pallieront pas la vraie beauté.

La liste des défauts étant donc infinie, ne pourrions-nous considérer utilement  quelques possibilités positives :
- diviser le discours en petits morceaux
- structurer
 - faire participer
- soigner les transitions
 - sourire
- aller lentement, sans redondance
- regarder l'auditoire, s'adresser à lui
- ne pas sauter d'étapes
- donner toutes les bases des raisonnements
- ne pas hésiter à s'assurer que l'on ne va ni trop vite, ni trop lentement
- quand on doit dire des choses élémentaires, chercher une façon originale, afin que les mieux sachants ne s'ennuyent pas, que même eux découvrent des aspects qu'ils ne connaissaient pas

Et ainsi de suite. Mais je suis certain que des gens intelligents, qui travailleront, saurer y arriver. On aura intérêt à s'intéresser aux explorations de Michael Faraday à propos de cette question !

mercredi 1 mars 2017

Intéresser ?

C'est d'abord en anglais, mais je traduis.

Ce matin, je reçois le message suivant, d'une ancienne étudiante (devenue doctorante, donc jeune chercheuse) :

As part of my application I also need to submit a 200-word scientific vulgarized abstract (also in french). As I have some of your books and know that this is something you are very used to doing, I would like to ask whether you have some tips?

Elle soumet en effet une candidature à un prix, et on lui demande de rédiger un texte clair et attrayant. Comment faire  ?

M'interroger me fait beaucoup d'honneur,, mais j'ai réfléchi, et voici ma réponse, d'abord en anglais, puis en français.

About the 200 word piece, I would certainly advise to ask first a question, then show how difficult it is... before giving an answer, plus a moral relief is possible ("catharsis"). Remember also that it shoulb be twice clearer than you think it has to be. Chose your words carefully (a writer is someone who does not find his.her words, so that he/she looks for them and finds better), and include a "magic sentence", ie a sentence that anyone should remember for the rest of his life.

Je propose de commencer par une question, parce que c'est une bonne façon d'inviter nos interlocuteurs à vouloir la réponse. Plus exactement, je propose une question aussi intrigante que possible, du style "Puisque l'estomac digère la viande, et que l'estomac est fait de viande, pourquoi ne se digère-t-il pas lui-même ?".
Evidemment, pour candidater à un prix, il faut que la question soit aussi très forte socialement, et il faut "faire monter la mayonnaise", je veux dire commenter la question pour montrer qu'elle est très importante, et que son exploration était indispensable. Puis, ayant ainsi "roulé des mécaniques", on donne la solution, et si possible avec un soulagement moral, ce qu'Aristote nommait la catharsis. Je ne fais pas la théorie de tout cela, puisque c'est en ligne, dans la Rhétorique (d'Aristote), que je vous invite à lire ou à relire.
J'invite aussi notre jeune amie à être deux fois plus claire qu'elle ne pense devoir l'être, parce que, avec des mots choisis, la pensée est plus juste.
C'est pour cette raison que je lui cite cette phrase : "Un écrivain est quelqu'un qui ne trouve pas ses mots, alors il cherche et il trouve mieux"... mais je ne me souviens plus qui a dit cela ?
Enfin, je lui propose de placer dans son texte une "phrase magique", une phrase mémorable, dont chaque membre du jury doit se souvenir après avoir lu le document.

Est-ce de bon conseil ?

samedi 6 août 2016


Un jour à dix heures, lors d'un de nos « bonheurs du matin » (je ne parviens pas à nommer « réunion » ce qui est une sorte de récréation… studieuse), une étudiante merveilleuse de notre groupe de recherche présente le début de la théorie de l'arc-en-ciel. La question est de comprendre pourquoi il y a parfois des arc-en-ciel, avec des couleurs séparées, et parfois des arc-en-ciel secondaires, les deux arcs ayant une forme d'arc de cercle.
Notre amie expose la trajectoire de rayons lumineux dans les gouttes d'eau à l'aide de lois physiques simples ; puis elle calcule l'angle entre un rayon qui arrive sur une goutte d'eau et un rayon finalement réfléchi ;  puis elle identifie des résultats de calcul qui  lui servent à expliquer pourquoi il y a  de la lumière à certains endroits du ciel et pas à d'autres.
Tout cela est très propre, très bien fait, et  je n'ai aucune critique… sauf contre moi-même qui n'ai cessé de perturber sa présentation avec des remarques.

Toutefois, j'ai des excuses. Par exemple, notre amie parle de rayons lumineux, mais...

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dimanche 29 novembre 2015

La communication, il y a du lien social, de l'art, de la technique

Hier, de jeunes amis sont venus me présenter un film qu'ils avaient produit, afin de faire la promotion d'un produit (pédagogique). Ils me demandaient ce que j'en pensais, et j'avais des raisons autres qu'esthétiques (au sens de la beauté des images ou du son) de critiquer leur travail : la critique essentielle portait sur le fait que le film restait à la surface des choses, et que le contenu n'était quasiment pas évoqué. Or je propose toujours de partie du contenu, et de faire l'habillage ensuite.

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samedi 4 avril 2015

Forcer l'adhésion ?

Je me souviens d'une  conférence devant une académie des sciences où j'avais - naïvement, je le concède- exposé mes travaux (j'avais été invité pour ce but) avec beaucoup d'enthousiasme. A la pause, le vice-président était venu me voir et m'avait dit "Je vous ai détesté dès que je vous ai entendu parler". Comment cela était-il possible ? Interrogé, notre homme me répondit que je "forçais l'adhésion", et qu'il n'aimait pas qu'on lui dise comment penser, s'il fallait aimer une matière ou pas... Bref, il aurait fallu que je garde mon feu pour moi, et -sans doute- que j'expose mes travaux avec beaucoup de froideur, sans enthousiasme. Que l'on ne compte pas sur moi pour cela, car l'enthousiasme est une maladie qui se gagne, et je ne désespère pas convaincre la terre entière que les sciences de la nature, la rationalité, sont choses merveilleuses ! 

De même, je me souviens de comités où, ayant proposé une expertise avec aplomb, mes amis qui siégeaient avec moi avec repoussé ma proposition... pour la même raison : je ne les laissais pas juger  par eux-mêmes. 

A propos de la cuisine note à note, j'observe le même  phénomène : quand je la présente en disant "que vous la vouliez ou pas, vous l'aurez, parce qu'il faudra bien nourrir  dix milliards d'êtres humains", j'ai à coup sûr le résultat attendu, à savoir que mes interlocuteurs se raidissent, refusent l'idée. Inversement, si je leur dis que nous avons là une possibilité (j'insiste sur le mot), et que cette possibilité est merveilleuse, et  qu'ils ont le choix d'aller plus  loin dans la découverte de la chose, alors l'acceptation est plus  facile. 

On observera que, dans ces discussions (inutiles, me dit un ami  maçons "Ils causent, je bétonne"), ce n'est pas l'objet discuté qui compte, mais seulement la façon dont on le présente à nos amis. C'est un peu dommage, mais cela est ainsi depuis longtemps. On n'oublie pas le Gorgias, de Platon, et je vous invite à ne  pas manquer la belle leçon d'éloquence de Marc Bonnant : https://www.youtube.com/watch?v=PslBw8QyK1I. Evidemment, certains détesteront  ses blasphèmes, ses provocations... mais quel est l'objet ? L'importance de la parole, notamment dans les questions de conviction. 

Finalement, je ne suis pas certain de vouloir passer beaucoup de temps à vouloir proposer à mes amis de l'eau tiède... puisque Dieu, dit-on, vomit ceux qui ont la même température. 


jeudi 11 juillet 2013

La communication ? La répétition



Je viens de relire à des lettres d'Albert Einstein adressé à Jacques Hadamard, mathématicien français. Nos deux hommes discutent de la question du pacifisme, alors que Hitler et les nazis menacent le monde de guerre. Au détour d'un paragraphe, je trouve cette extraordinaire remarque d'Albert Einstein, qui dit qu'il faudrait inonder l'Allemagne de ballons portant des messages de propagande inverse. Car c'est là la stratégie de Hitler : la répétition, la répétition, la répétition, litanique, la répétition ! Et l'on comprend bien que la folie de Hitler le conduisit effectivement à répéter le façon nauséeuse, à répéter, répéter, répéter...
Je ne peux m'empêcher de rapprocher cette observation de la phrase de Lewis Carroll, qui disait « Ce que je dis trois fois est vrai ».
Regardons le monde de communication, de démagogie, où nous vivons. N'est-ce pas cela que nous voyons : des répétions de messages, des décervelements par répétition ?
Les « sages » croient qu'en disant une fois un message rationnel, ils dispenseront une fois pour toute la « bonne parole »... mais ils sont fous : (1) de se croire sages ; (2) de croire qu'ils peuvent éviter de répéter, répéter, répéter.
Une conclusion : dans nos combats, répétons.

mardi 9 juillet 2013

Mardi 9 juilet 2013. L'évaluation des stages



De nombreux stagiaires sont venus dans notre groupe de gastronomie moléculaire, depuis de nombreuses années. Ils travaillent, et nous nous efforçons de les aider à apprendre le plus possible.

À la fin de leur stage, il y a trois évaluations. La première, c'est une fiche d'évaluation, que j'ai déjà discutée précédemment. Cette fiche est envoyée par l'institution dont relève les stagiaires, et elle vise, pour cette institution, à connaître la qualité du travail qui a été effectué. Il est donc légitime que cette évaluation soit faite par le maître de stage, qui, seul sait - parfois comprend-la nature des travaux effectués.

Le rapport de stage est une autre façon de valoriser pédagogiquement les stages. Cette fois, il s'agit de communication écrite. Là, les règles à mettre en oeuvre sont celles de la communication écrite, et les règles d'évaluation de ce second travail sont les règles d'évaluation de la communuication écrite.
Autrement dit, d'une certaine façon, ce travail n'a rien à voir avec le travail scientifique effectué lors des stages. Il s'agit d'un travail de communication, et il s'agit, pour les étudiants, de montrer à leurs professeurs qu'ils connaissent et savent mettre en oeuvre les règles de la communication écrite, dans le domaine scientifique et technique. En corollaire, les étudiants sont en droit de demander une formation spécifique, sur cette communication écrite, s'ils ne l'ont pas reçue (ou se former par eux-mêmes : apprenons à grandir!).

Enfin il y a la soutenance orale. Cette fois le travail est de communication orale, et là, il y a une technique différente à mettre en oeuvre, et une évaluation différente. Là encore, rien à voir avec le travail scientifique effectué pendant le stage.

Bref, un stage, c'est trois travaux : le travail scientifique et technique, la communication écrite, la communication orale.

samedi 6 juillet 2013

La communication... partout ?



Quand nous meublons notre appartement, c'est pour nous que nous le faisons : ce n'est pas tous les jours que l'on reçoit des amis, et les tableaux aux murs, les couleurs de ces derniers, les matières des sols... Tout cela vise à nous rendre la vie heureuse, parce que nous le percevons quand nous sommes chez nous. Autrement dit, meubler un appartement, c'est organiser une communication avec nous-même. 
 
De même, les livres que nous choisissons, les activités intellectuelles que nous avons, les conversations que nous menons, également, laissent des traces dans notre esprit, des souvenirs. 
Autrement dit, nos activités intellectuelles sont une façon de nous parler à nous-même. Nous nous "meublons" l'esprit. Cela a des conséquences : de même qu'une "croûte" sur les murs nous inflige la vision d'une horreur, augmentant notre inconfort, la contemplation de certaines émissions de la lucarne à décerveler nous abime l'esprit, nous salit... Il y a donc une responsabilité morale à bien choisir nos "consommations" (livres, émissions de radio ou autres, sites internet, journaux...) afin de nous élever l'esprit : souvenons-nous de Michael Faraday, l'un des plus grands physico-chimistes de tous les temps, qui allait le mercredi soir à son "club d'amélioration de l'esprit" (en plus du temple, mais c'est là une toute autre affaire, pour une autre fois). 
Tiens, tant qu'à me faire des ennemis : et si je signalais que le dernier numéro de la revue Pour la Science publie un article sur les arènes ? Aujourd'hui, il y a les stades. Hier comme aujourd'hui, le Prince donne au peuple (pour le calmer) du pain et des jeux. Voulons-nous vraiment tomber dans ce piège millénaire ?

 Mais la morale est ennuyeuse, et Aristophane semble du meilleur côté de la vie que Sophocle. Et puis, à quel titre pourrais-je me permettre d'ennuyer mes concitoyens, alors que ma vertu n'est certainement pas à la hauteur? 
Passons, donc, et revenons à la "communication", puisque c'est de cela dont ce billet discute. 
Nous "parlons" aux autres, et nous parlons à nous-mêmes. Une question, de ce fait : la communication serait-elle donc la totalité de la vie ? Y a-t-il autre chose que des actes de communication ?

vendredi 15 février 2013

Comment lire ?

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Apprenons à lire
Hervé This


Bien sûr, nous savons lire, sans quoi nous ne serions pas avec ce texte devant nous. Toutefois la question n'est pas là : elle est de savoir si nous savons assez planter les dents dans l'os, comme un pitbull, si nous savons comprendre ce que nous lisons, si nous savons transformer une connaissance (une idée lue, intégrée) en une compétence (une idée utilisable).

D'ailleurs, par « lire », je n'entends pas seulement « lire des phrases », mais lire un document, lequel, au XXIe siècle, peut comporter des images, des sons, des films, bientôt des odeurs, des saveurs peut-être...

En outre, si l'idée du pitbull est terrible, il n'en faut retenir que la capacité de ne pas « lâcher le morceau », car c'est ainsi seulement que nous parvenons à l'avaler, en toutes circonstances, sans sauter un mot, une phrase ou une idée quand ils nous échappent. Il existe en effet des mots, comme « gastronomie », dont nous ne faisons que supposer, parce que nous avons la paresse d'y voir plus loin. D'où la conséquence : lire, c'est aussi aller y voir de près, chercher au delà du texte. Lire, c'est un travail, une activité « active ».

Passons à l'intégration. Il semble dérisoire de recommander de lire tous les mots d'un texte, mais l'expérience de l'enseignement universitaire montre que là est l'une des principales difficultés : on lit trop vite... parce qu'on lit.
Expliquons : la lecture, généralement, pour un manuel comme pour un journal, se fait de façon quasi constante, à savoir que la lectrice ou le lecteur est devant le texte, et que ses yeux parcourent les lignes. Le cas idéal serait que chaque mot soit lu, mais l'expérience prouve que les lecteurs vont trop vite. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on dit qu'il faut apprendre sept fois pour savoir : puisqu'on a sauté un mot sur sept, il faudra sept lectures pour avoir tous les mots !
Bref, un bon conseil : lire tous les mots !

Une fois les mots « avalés », il y a le sens à faire. Là encore, il y a du travail, et c'est évidemment le lecteur qui fait le sens... dans l'hypothèse minimaliste où il ne décode pas :
  • les intentions de celui qui a écrit : pourquoi l'a-t-il fait ? Pourquoi l'a-t-il fait ainsi ? Pourquoi l'a-t-il fait à ce moment précis ? Qu'a-t-il voulu que je pense ? Qu'a-t-il écrit ? Pourquoi a-t-il voulu que je pense ce que je pense...
  • les intentions des vecteurs du document
  • etc.
Bref, une phrase n'est pas une phrase qu'on lit, mais une phrase que l'on comprend.

Pour autant, une phrase que l'on comprend n'est pas encore une phrase que l'on est capable de restituer : une connaissance n'est pas une compétence !
Ici, il faut à nouveau s'arrêter une seconde sur le mot « phrase » : à la lumière de ce qui précède, on a compris que je parle moins d'une phrase faite de mots que d'une phrase du XXIe siècle, avec des mots, des sons, des images, fixes ou animées, etc.
Même ainsi, il y a la question de la compétence. Comment s'assurer que nous l'avons ?

Tout cela est bien difficile, et l'on voit que lire prend du temps. Je me demande, d'ailleurs, si lire ne consiste pas à écrire, afin de poser devant nous des objets plus « matériels ». Certes, il y a dans le peuple des génies qui ont la capacité extraordinaire de manier les idées sans les voir, mais... quels génies !
Pour les autres, il y a la nécessité de poser tout cela, de le matérialiser, de faire retomber le soufflé de l'abstraction, afin de le déguster plus sûrement. Lire, c'est écrire, pour ceux-là, c'est dessiner, c'est modeler de la pâte, c'est sentir...

Au fait, comment pourrais-je diriger autrui moi qui ne me gouverne pas moi-même ? Je me vois sur une mauvaise pente, à dire positivement comment lire, à répondre à la question « Comment lire ? ».
Non, plutôt, je propose que nous nous posions la question : comment lire ?




http://sites.google.com/site/travauxdehervethis/

mardi 12 février 2013

Stratégie de communication

Lewis Carroll l'avait bien compris : "Ce que je dis trois fois est vrai".

Aujourd'hui, dans notre monde de la toile et de la communication, ceux qui ont une parcelle de vérité à opposer à des malhonnêtes (je nomme ainsi ceux dont le discours n'est pas conforme aux actes) doivent éviter d'être naïfs : il ne s'agit pas de dire une fois les faits, mais, au contraire, de les répéter, afin que le public n'entende pas seulement les incantations malhonnêtes, mais reçoive un discours qui, pour être juste, n'en doit pas moins être répété.

Bref, soyons largement présent et actif !