dimanche 31 décembre 2023

La formation par la recherche ?


Attirons les jeunes vers la technologie... par quelle formation ?     

A l'heure où commence à se faire sentir un déficit de personnel dans les industries alimentaires, la question du type de formation dispensée aux jeunes convient d'être posée. Connaissant mal l'agronomie ou l'élevage, notamment, je ne prétends pas que l'analyse suivante convienne à ces... champs ; la question est surtout posée pour ce qui concerne l'alimentaire (qui ne se résume pas à l'industrie, mais comprend un artisanat diversifié et nombreux : en 2006, plus d'un million d'actifs dans les métiers de l'hôtellerie, de la restauration et de l'alimentation), mais on pourrait supposer qu'il y a peu de différences, sinon de nature des travaux.    

 

 La question principale que l'on évoque ici est cette "formation par la recherche", que l'on évoque sans cesse (<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html</a>), mais n'avons-nous pas toujours intérêt de nous méfier des formules, qui font peser sur celui ou celle qui les reçoit le poids d'une "autorité" souvent indue ?   

Par exemple, serions-nous prêts à gober des "Tout est bien sortant de la Nature, tout dégénère dans les mains de l’homme" (Jean-Jacques Rousseau, qui eut hélas de l'influence) ? Et puis, "recherche" : de quoi s'agit-il exactement ? Si le scientifique fait de la recherche scientifique, le technologue fait de la recherche technologique... et l'artiste fait de la recherche artistique ; trois activités que l'on pressent bien différentes. Laquelle serait la bonne méthode pour former les jeunes esprits ? Et, même, l'une de ces trois méthodes serait-elle simplement utile ?   

Dans le passé, la formation des jeunes, et la sélection qui était assortie à cette formation a été le grec ou le latin (André Chervel, Marie-Madeleine Compère, "Les humanités dans l'histoire de l'enseignement français", Histoire de l'éducation, 1997, 74, 74, 5-38). Bonne méthode ?  Les deux disciplines ont eu leur heure, et rien ne prouve que l'enseignement de ces deux langues ne forme pas bien les esprits : il suffit de voir combien de grands Anciens furent formés à ces disciplines pour comprendre que la formation par le maniement du langage était légitime. Pourtant ce type d'enseignements a été balayé.   

La rhétorique ? Elle fut également employée, et il suffit de lire le manuel de Pierre Fontanier (Les figures du discours, 1818) pour mesurer combien nous sommes devenus des enfants... auprès des enfants qui bénéficiaient d'un tel enseignement. 

Les mathématiques ? Elles ont eu leur heure, qui n'est d'ailleurs pas entièrement terminée (Michèle Artigue et Hélène Gispert, Cent ans de réformes de l'enseignement des mathématiques, http://culturemath.ens.fr/histoire%20des%20maths/htm/ICMI/reformes.htm). La chimie ? Certains ont dit que son enseignement conduisait à bien appréhender les systèmes complexes. La biologie ? Elle est à la mode, et son argumentation est du même type que pour la chimie.   

Bref, chacun promeut sa discipline avec beaucoup d'aplomb, mais peu d'arguments quantitatifs.     

Et la "recherche", pour y revenir ? Là, la question est plus ambiguë, car, comme on l'a vu, le mot "recherche" est trop vague. 

Pour la recherche en sciences de la nature (pour des sciences de l'homme et de la société, c'est sans doute une autre affaire), la méthode enseignée, en vue de "structurer les esprits" (au fait, si un esprit peut effectivement apprendre ce qui lui est enseigné, peut-il vraiment être "structuré" par l'enseignement qu'on lui dispense ?) consiste en un objectif et une méthode. L'objectif est la recherche des mécanismes des phénomènes, et la méthode inclut : observation des phénomènes ; quantification de ces derniers ; réunion des données en lois synthétiques ; recherche de mécanismes quantitativement compatibles avec ces lois ; recherche d'une prévision expérimentale ; test expérimental de cette prévision en vue de la réfutation de la théorie proposée.   

Pour la recherche technologique, la question semble bien différente, puisque l'objectif de la technologie est l'amélioration de la technique, et que sa méthode est... Au fait, quelle est la méthode de la technologie ?   Dans un "manuel de technologie" (<em>Science, technologie, technique : quelles relations?</em>, Editions Quae/Belin), j'ai proposé qu'elle consiste en : (1) aller chercher des résultats des sciences de la nature ; (2) sélectionner des résultats pour leur potentiel applicatif, d'innovation ; (3) faire le transfert technologique, de la science vers la technique. Toutefois cette proposition de bon sens est bien insuffisante, et il conviendrait d'aller plus loin dans cette analyse.   

En attendant, la question se pose : notre société a-t-elle plutôt intérêt à former principalement des ingénieurs (on rappelle que la formation d'ingénieurs est l'objectif principal des écoles... d'ingénieurs, même s'il se glisse, dans les promotions, quelques personnes qui se destinent à la recherche scientifique) par la méthode scientifique, ou convient-il  de former des scientifiques par la technologie ?   

Le bon sens, encore, voudrait que des voies de formation soient séparées pour les deux types de métiers, que chaque groupe reçoive une formation spécifique, et certains ont proposé que les universités soient le lieu de formation des scientifiques, les écoles d'ingénieurs étant destinées à la formation d'ingénieurs.   

Toutefois les faits montrent que la "formation par la recherche" est proposée pour les deux cas... et que les promotions mêlent des étudiants qui visent les deux métiers. Ne serait-il pas dommage (pour la nation) que de bons esprits, sélectionnés par les concours d'entrée aux grandes écoles, ne puissent rejoindre les rangs de la recherche scientifique ? Ou que des étudiants de l'université ne puissent trouver du travail dans l'industrie ?   D'ailleurs, on ne saurait restreindre le panorama aux grandes écoles et aux universités : n'oublions pas les I.U.T, dont le nom comporte bien le mot "technologie"... alors que ces institutions forment souvent des techniciens, plutôt que des technologues, c'est-à-dire des ingénieurs;    

Dans l'hypothèse où l'enseignement dispensé "forme les esprits", la question s'impose : si un pays veut former des ingénieurs, ne semble-t-il pas préférable que ces derniers soient formés à leur méthode spécifique, au lieu d'être formés à un métier qu'ils n'exerceront pas ? Et vice versa pour les scientifiques ? D'ailleurs, il serait honnête d'observer que les sciences de la nature sont souvent "mieux  considérées" que la technologie,  par les étudiants comme dans l'enseignement primaire ou secondaire, où l'introduction de la technologie est un "marronnier", sans cesse repoussé par une partie du corps enseignant en "sciences". Certes, l'analyse de l'enseignement des sciences dans le Second Degré montre que l'on enseigne en réalité les résultats des sciences plutôt que leur méthode, de sorte que l'on n'est pas totalement hors sujet, mais, dans ces cours de "science", le mot "technologie" n'est pas prononcé, et l'on se raccroche au mot de "sciences", ces dernières étant une sorte d'objectif élevé, couronné, en vertu d'une détestable réminiscence d'Auguste Comte, par les mathématiques.   

Le résultat est connu : on récupère, en fin de licence, des étudiants qui rêvent de sciences, sans avoir la capacité de les exercer, au lieu de voir des étudiants briguer une saine technologie. 

Bref, ne faisons-nous pas une erreur sociale en montrant les beautés des sciences, au lieu de clamer "Vive la technologie ?". Ne faisons-nous pas une erreur sociale en plaçant la technologie au-dessus de la technique, au point de nommer "nouvelles technologies" ce qui n'est que nouvelle technique ? Le vulgarisateur Louis Figuier n'avait-il pas raison de publier ses Merveilles de l'industrie, en quatre tomes (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106079n/f1.image), afin d'attirer de jeunes esprits vers les secteurs qui font la prospérité des nations ?     

 

Pour conclure, nous ne pouvons rester sur l'idée du contenu, tant la forme des enseignements est appelée à changer, notamment avec l'usage de l'internet : dans de récents échanges pédagogiques, on a vu cette réflexion naïve d'un collègue enseignant, qui s'interrogeait sur la possibilité d'accès wifi aux étudiants, sachant que "ces derniers vérifiaient sur internet ce que l'enseignant leur disait" dans un de ces cours <em>ex cathedra</em> périmés qu'il donnait encore.   

Formation par la "recherche" ? Au XXIe siècle, la formation se fait par la recherche... d'informations, et s'impose alors d'aider nos successeurs à apprendre à chercher des sources fiables, à faire du tri dans l'infinité des sources... S'impose un nouvel exercice des métiers... avec des compétences que nous n'avons peut-être pas nous-mêmes.   Chers confrères, je vous offre donc la question : la formation par la recherche, de quoi s'agit-il ?

samedi 30 décembre 2023

Réfutable n'est pas falsifiable


Pour Karl Popper, la qualité essentielle de toute théorie scientifique est d'être "réfutable" : contrairement à la religion, qui admet l'existence du divin (c'est une question de foi, pas de preuves), la science veut dire des choses non pas "vraies", mais discutables autrement que par des sentiments. Popper, qui écrit en anglais, utilise le mot "falsifiability", mais il ne faut pas le traduire par "falsifiable", car toutes les théories scientifiques, modèles réduits de la réalité, ne peuvent prétendre à être vraies, de sorte qu'il serait idiot de chercher à montrer qu'elles ne sont pas vraies, qu'elles sont fausses. On ne dira jamais assez aux épistémologues médiocres (seulement ceux-là ; les autres sont de bons épistémologues) que la question de la science n'est pas la vérité, le vrai, le faux, mais que la seule question est l'adéquation des théories aux phénomènes. Ce que l'on cherche, c'est à réfuter les théories, les prétentions que nous avons à décrire le réel, et nous cherchons à réfuter non pas dans un esprit négatif, destructeur, mais parce que c'est la condition de proposer une théorie mieux appropriée. Toute théorie réfutée est alors éliminée, ou conservée seulement dans un champ d'application particulier. Par exemple, la loi d'Ohm, qui stipule la (fausse) proportionnalité de la différence de potentiel et de l'intensité du courant, entre les bornes d'une résistance électrique, est conservée quand la précision n'est pas grande, et elle ne cède la place à mieux, au deuxième ordre ce ce premier ordre, que si l'on a besoin d'une précision de l'ordre du deuxième ordre. Au total, on le voit, ce n'est une question de "falsifier" la science, ce qui laisse planer un doute sur l'honnêteté de l'entreprise ; non, "falsifiabilité" serait un anglicisme, et nous devons parler de "réfutabilité". Tiens, pour la bonne bouche, et si l'on allait y voir de plus près dans les acceptions de ce terme ? Voici ce que dit le Trésor de la langue française informatisé pour "réfutable" : Empl. pronom. réfl. Reconnaître ses erreurs, ses défauts ou ses fautes. M. de Lamartine, l'historien fascinateur des mêmes Girondins, annonce qu'il va se réfuter et se corriger à son tour, en revoyant après quinze ans d'épreuve ses éblouissants tableaux (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1862, p. 363).C. P. anal. [Le suj. désigne une chose] Infirmer, démentir ce qui était affirmé. Le temps qui passe réfute d'heure en heure nos pronostics (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 143).Empl. pronom. passif. Se démentir, se contredire. Une objection de ce genre se réfute elle-même (G. MARCEL, Journal, 1914, p. 102).REM. 1. Réfutable, adj. Qui peut être réfuté. Argument, raisonnement réfutable. Tout ce qui est réfutable est cent fois réfuté (ALAIN, Propos, 1929, p. 861). 2. Réfutateur, -trice, subst. Celui, celle qui réfute. S. Jean n'est ni un plagiaire de Platon, ni un réfutateur de ce même Platon. Il ne réfute pas Platon, il le continue (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 821).Prononc. et Orth.: [], (il) réfute [-fyt]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 « repousser, renvoyer une personne qui vient d'exprimer un fait, une opinion, contester » (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Vie hum., V, 1856 ds T.-L.); 1694 refuter un Autheur (Ac.); 2. a) 1546 « repousser, détruire une chose », refuter l'injure (Palmerin d'Olive, 176a, d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 148); b) 1559 « id. en démontrant qu'elle n'est pas fondée » refuter ce point (AMYOT, trad. de PLUTARQUE, Hommes illustres, Compar. Démosthène-Cicéron, éd. G. Walter, t. 2, p. 797). Empr. au lat. refutare « refouler, repousser; réfuter »; cf. l'hapax refuded, parfait 3 sing. (fin Xe s. Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 147) qui est à rapprocher de l'a. prov. refudar « refuser, rejeter » (av. 1150 MARCABRU, Œuvres, éd. J. M. L. Dejeanne, V, 4; XL, 10). Fréq. abs. littér.: 433. Fréq. rel. littér.: a) 925, b) 419; XXe s.: a) 380, b) 594. Bbg. GOHIN 1903, p. 266 (s.v. réfutateur).

vendredi 29 décembre 2023

Mon invention des sauces confortables

Un grand confort


Ce mois-ci, c’est une merveilleuse histoire que je vous propose. Et, puisque c’est une histoire vraie, je vous propose de vous la raconter telle qu’elle s’est passée, sans modification.

Tout a commencé au restaurant de Pierre Gagnaire, il y a plusieurs mois, quand j’ai entendu un chroniqueur gastronomique dire que la cuisine de Pierre était devenue plus « lisible », plus confortable. Des mots ? Pas seulement. Lisible signifie que l’on y trouve du familier, que les plats ne sont pas des objets extraterrestres, où nous sommes au bord de nos références culturelles. Confortable ? Certains plats ne sont pas un choc de goût nouveaux, mais, là encore, des valeurs d’enfance, peut-être…

D’où la question : comment, à volonté, faire des plats confortables ? Question difficile, car il n’est pas question de retomber dans la béarnaise, la béchamel et toutes ces sauces si classiques qu’elles ne peuvent tenir qu’une partie mesurée dans une cuisine vraiment moderne.


Le déclic est venu de la cuisine de Pierre, mais quelques mois plus tard. Plus exactement, un groupe de plat nommé « le cochon », au milieu de son histoire à la carte (j’explique : presque chaque semaine, des modifications sont faites, parce que, apparemment, Pierre Gagnaire cherche à s’approcher de l’idée quasi platonicienne qu’il a de ses créations), comportant une raviole au centre de laquelle figurait une tranche de sabodet, dans une sauce… extrèmement confortable ! Pourquoi l’était-elle ?


A l’analyse, cette sauce contenait du beurre, un jus de viande, aussi. Pour la physico-chimie, le jus de viande et la sauce évoquent aussitôt l’opération d’émulsification, les gouttelettes de matière grasse fondue venant se disperser dans l’eau de la sauce, grâce à des molécules dites « tensioactives ». Par exemple, ce sont les protéines du jaune d’œuf qui permettent de confectionner les émulsions froides que sont les sauces mayonnaises, et ce sont les lécithines du chocolat qui permettent de mêler le chocolat fondu à de l’eau, pour faire une sauce au chocolat chaude qui est une émulsion.

Dans la sauce de la raviole ? Le fond utilisé s’approchait de la demi glace. Or cette dernière est une sauce obtenue par cuisson longue dans l’eau, la viande libérant de la gélatine, qui se dissout progressivement. Oui, de la gélatine : c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les bouillons où cuisent les viande gélifient quand ils refroidissent.

Cette analyse m’a alors remémoré des expériences anciennes, où j’avais testé l’ajout de gélatine dans les sauces, quand je croyais que ce composé était responsable de la viscosité des sauces, avant de découvrir que c’était en fait le beurre émulsionné grâce à la gélatine qui venait de donner de la consistance.


Ah ! mais alors, pour faire une sauce émulsionnée, il fallait de l’eau, de la gélatine, et de la matière grasse. Le voilà, le dénominateur commun ! De surcroît, il semblait conduire à des sauces confortables, le beurre émulsionné donnant ce sentiment d’enrobage prolongé de la bouche, la gélatine venant asseoir la durée. Hypothèse : pour faire une sauce confortable, il faut de l’eau, de la gélatine et du beurre.


L’hypothèse fut transmise à Pierre… qui vérifia qu’elle était exacte. Chacun peut facilement faire le test, même avec de l’eau pure. Du coup, l’hypothèse testée permet de créer de nouvelles sauces confortables… peu classiques, car si l’eau des sauces classiques est celle du jus de viande, pourquoi ne pas la changer pour un bouillon de légume, de fruits, que sais-je ?


Pierre, à toi !


Mon invention des "parés"

 Voici comment j'ai proposé à Pierre Gagnaire mon invention des "parés" : 


Ambroise Paré et les émulsions


Hervé This


Non, il ne s’agit pas ici d’une biographie du père de la chirurgie moderne ! Il s’agit, dans la ligne de nombreuses propositions faites sur cette partie du site, d’un type de plats nommé en son honneur.



Mon cher Pierre

Tu te rappelles (évidemment, mais c’est une formule rhétorique pour tous nos amis qui nous lisent et à qui je fais ce clin d’œil) des gibbs, préparations sur lesquelles nous avions travaillé il y a plusieurs années : il s’agit d’abord de confectionner un « geoffroy », en émulsionnant de l’huile dans un blanc d’œuf, exactement comme l’on fait une mayonnaise, puis de passer cette émulsion au four à micro-ondes, pleine puissance, jusqu’à ce que l’on observe un gonflement. A ce stade, on retire aussitôt la préparation du four à micro-ondes… et l’on sert, une sorte de « mayonnaise cuite », de « gâteau d’huile », parfaitement stable.

Mayonnaise cuite ? Ce n’est pas exactement cela, puisque nous sommes partis d’un geoffroy et non pas d’une mayonnaise (où la loi impose, très justement, au moins huit pour cent de jaune d’œuf). Gâteau d’huile ? Même s’il est exact que la préparation est composée de beaucoup de matière grasse, qui est stable (les gouttelettes d’huile sont piégées dans le réseau du gel que forment les protéines chauffées de l’œuf), le terme manque pour le moins d’élégance.

D’où le nom de Gibbs, d’après le physico-chimiste américain Josiah Willard Gibbs. A noter que l’ « huile » peut être remplacée par du chocolat fondu (le chocolat « fait huile »), du fromage fondu, du beurre fondu, du beurre noisette fondu, du foie gras fondu… pour faire des gibbs de chocolat, de beurre, de fromage, de beurre noisette, de foie gras… en sucré, comme en salé : de cela, je ne me mêle pas !


Une nouvelle généralisation


Dans tous les cas précédents, le procédé consiste à faire d’abord une émulsion, puis ensuite une émulsion gélifiée chimiquement (à opposer aux liebig, qui sont des émulsions gélifiées physiquement). Dans les gibbs, ce sont les protéines de l’œuf qui font tenir le gel chimique. Aurions-nous d’autres façons ?

Oui, il est important de comprendre que les terrines, pâtés, quenelles… sont des préparations où la coagulation des protéines de la viande ou du poisson coagulent, comme un œuf qui cuirait.

D’où l’idée toute simple d’utiliser ces protéines pour faire des gibbs. En pratique, c’est donc tout simple : on prend de la chair de poisson, par exemple. On la broie avec de l’eau (la chair de poisson contenant 60 pour cent de protéines, environ, on peut ajouter deux ou trois fois la masse d’eau pour retrouver des concentrations en protéines analogues à celles du blanc d’œuf), puis on émulsionne de l’huile, ou un autre corps gras à l’état liquide. Enfin, on passe la préparation au four à micro-ondes, comme pour un gibbs.

Évidemment, cela fait beaucoup de variations : si l’on considère que la base du gibbs est l’œuf, et que l’on change la matière grasse, il faut un autre nom pour des « gibbs à la chair des poisson », ou des « gibbs à la chair d’animaux terrestres ». Pour ces deux cas, je propose le nom de « paré », d’après Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne. Ne s’agit-il pas de celui qui a introduit en français le mot « émulsion », en 1560 ?


Des tas de possibilités


Je suis passé rapidement sur les réalisations possibles, et il faut que je prenne un peu plus de temps.

Par exemple, partons d’un filet de turbot (je dis n’importe quoi : je ne suis pas cuisinier !). Pour le physico-chimiste, c’est une matière faite d’environ 40 pour cent d’eau (qui a du goût), et de 60 pour cent de protéines. On peut donc diluer six fois par de l’eau qui a du goût pour obtenir une solution à dix pour cent de protéines, comme le blanc d’œuf. Quelle eau qui a du goût ? Moi qui ne suis pas cuisinier (on le saura !), j’aurais utilisé un fumet de poisson, ou une bisque, ou, puisque je suis à bonne enseigne, un thé fumé, un bouillon de poule…

Dans la solution de protéines diluée qui est alors obtenue, il s’agit d’émulsionner la matière grasse. Quelle matière grasse ? Comme précédemment, tout est possible : chocolat, beurre, beurre noisette, fromage, huile d’olive, de noix, de pistache, la crème…

Puis vient la dernière étape, de « cuisson » de l’émulsion. Je pressens les difficultés techniques, et je sais que l’écueil est l’insuffisance du broyage de la chair : les protéines ne seraient pas assez relâchées par la chair, et l’émulsion ne gélifierait (« coagulerait ») pas bien.

Oui, il faut bien broyer, pour réussir cette préparation.

Pour de la viande, la préparation est analogue… parce que, au fond, il s’agit d’une généralisation des quenelles, mais, au lieu de faire des quenelles par des méthodes compliquées par l’empirisme culinaire, on va directement à l’objectif, et l’on sait ce que l’on peut faire : le geste n’est plus guidé par la tradition, mais par l’objectif physico-chimique qui a été déterminé.

Pierre, tu fais quoi, avec tout cela ?






Une de mes inventions : l'oeuf brouillé parfait, ici proposé pour réalisation à Pierre Gagnaire

 

L’œuf brouillé parfait


Mon cher Pierre, tu as acclimaté l’œuf à 65 degrés ; tu l’as mis « à ta sauce », et grâce à ton travail et, notamment, à ce site, cet œuf se répand dans le monde gourmand comme une traînée de poudre : après toi, il paraît sur des tables étoilées du monde entier !

Mais nous n’avons pas achevé d’explorer les beautés du phénomène physico-chimique qui est mis en œuvre : la formation d’un réseau délicat, ce que les physico-chimistes nomment un gel.

Je te propose aujourd’hui l’expérience qui consiste à battre du blanc et du jaune d’œuf, à ajouter éventuellement de l’eau (pas trop : nous y reviendrons), puis à mettre l’ensemble au four, à couvert. Le four sera réglé à la température la plus proche possible de 61 degrés, à partir de laquelle le blanc d’œuf commence à coaguler. Tu obtiendras en une heure ou deux… un œuf brouillé parfait : délicate texture que tu pourras ensuite parfumer à ton goût. Qu’ai-je écrit ? Parfumer à ton goût ? Le parfum, l’odeur, n’étant qu’une des composantes du goût, il vaudrait mieux dire assaisonner à ton goût.


L’explication du phénomène, avant d’en venir aux applications


Pourquoi ce résultat, tout d’abord ? Parce que le blanc d’œuf contient diverses sortes de protéines, et que, à la température de 61 degrés, une seule sorte de ces molécules, les molécules d’ovotransferrine, se lient en un réseau : pensons à un filet de pécheur qui piège les poissons, c’est-à-dire tout ce qui se trouve dans le récipient : eau, autres protéines, graisses, morceaux de diverses denrées que tu auras dispersés dans l’œuf battu. Comme une seule sorte de protéines aura ainsi « gélifié », le filet de pécheur sera ténu, et la texture sera remarquablement tendre, délicate. En outre, comme tu auras chauffé doucement, tu auras un gel pris de façon homogène.

La quantité d’eau ajoutée pourra être considérable, mais c’est une autre histoire, sur laquelle je me promets de revenir une autre fois.

Enfin, avec une cuisson à basse température comme je te la propose, tu n’auras pas à redouter ce verdissement de blocs d’œuf cuit que l’on aperçoit dans certains de ces hôtels internationaux, où les œufs brouillés sont mis sous des cloches et chauffés pendant des heures. Note que ce verdissement, que présente des œufs durs trop cuits, s’accompagne d’une épouvantable odeur de soufre ! Un avant-goût de l’enfer.


Le goût à ta guise


Eau, eau, j’y reviens… Observe que je n’ai pas empiété sur ton art ; d’ailleurs, j’en serais bien incapable ! Quand j’écris « de l’eau », je pense évidemment à de l’eau qui a du goût. Tu mettras donc l’eau que tu voudras : jus de cuisson de champignons, bouillon, fumet, fond, avec ou sans graisse émulsionnée dedans. Et j’ai aussi évoqué des « morceaux de diverses denrées : tu pourras aussi bien disperser des petits pois que des dés de coquille Saint Jacques, ou des amandes grillées. Je te laisse faire… et j’attends avec impatience tes recettes qui font usage de ces œufs brouillés parfaits !

Et voici comment j'ai proposé le "constructivisme culinaire" :

 Le construit est  « beau ».

Une  apologie du constructivisme.

Mon cher Pierre,
Je t’invite à regarder avec moi ce poisson :

Pas de doute, il est beau. Ton œil exercé reconnaît un filet de turbot, avec ses faisceaux bien visibles. On le sent sous la dent sans avoir besoin de le mettre en bouche. Il y a donc une construction visible, et perceptible gustativement..
Regardons maintenant ce plat que tu m’as servi :

Là encore, il y a de la beauté. Pourquoi est-ce beau ? Je préfère observer qu’il y a de la construction. Cette fois, on sait qui a organisé la chose, et cette organisation visible est la promesse d’une sensation gustative, comme précédemment. Et si l’art tenait des racines dans la construction, dans l’élaboration, dans le soin que l’on met à tendre à autrui une organisation qui a un sens compréhensible pour tous ?
Nous avons souvent discuté de « constructivisme culinaire », et, jusque ici, il s’agissait de faire pleurer d’émotion, ou rire, ou mettre en colère… Difficile programme !

Le nouveau projet du constructivisme culinaire

Mettons-nous un pas en arrière de notre discussion, et regardons l’histoire de la cuisine. Le projet de la construction a surtout été promu par un grand Ancien : Marie-Antoine Carême, qui avait introduit la « cuisine monumentale ». Il s’agissait alors de construire, mais comme en architecture : des palais, des pagodes, des grottes… Et pourquoi pas des bateaux, des oiseaux, des marteaux ou des lampes ? A la réflexion, le projet avait peu de sens gustatif.
A tout le moins, il s’agirait aujourd’hui de le rénover, en proposant de construire des Arches de la Défense, ou des Beaubourg… mais à quoi bon ? Le sens gustatif manquerait toujours.
Je préfère te remémorer notre discussion, autour d’un médaillon de saumon fumé, sous une couche de gelée d’agrumes : on sentait d’abord l’agrume, puis le poisson ; on finissait dans une certaine vulgarité gustative. Nous avons retourné l’objet, et cette fois, tout était en place : on sentait d’abord le poisson, l’objet affiché, puis on terminait sur de la fraîcheur un peu amère et fraîche.
Le voilà, notre projet de « constructivisme culinaire » : il s’agit de construire, ancien ou moderne, peu importe, mais il nous faut un effet gustatif. La construction du constructivisme, c’est la recherche d’effets gustatifs, pas d’effets visuels. La cuisine n’est pas de l’architecture, comme le pensait Carême ; c’est d’abord de la cuisine.
Et quand nous admirons la construction, promesse d’effets gustatifs, nous ne manquons pas de dire « c’est beau ! ».
Pierre : ton sentiment sur cette entreprise rénovée ?

Quand j'ai introduit le "constructivisme culinaire"

 Le construit est  « beau ».

Une  apologie du constructivisme.

Mon cher Pierre,
Je t’invite à regarder avec moi ce turbot.

Pas de doute, il est beau. Ton œil exercé reconnaît un filet de turbot, avec ses faisceaux bien visibles. On le sent sous la dent sans avoir besoin de le mettre en bouche. Il y a donc une construction visible, et perceptible gustativement..
Regardons maintenant ce plat que tu m’as servi :

Là encore, il y a de la beauté. Pourquoi est-ce beau ? Je préfère observer qu’il y a de la construction. Cette fois, on sait qui a organisé la chose, et cette organisation visible est la promesse d’une sensation gustative, comme précédemment. Et si l’art tenait des racines dans la construction, dans l’élaboration, dans le soin que l’on met à tendre à autrui une organisation qui a un sens compréhensible pour tous ?
Nous avons souvent discuté de « constructivisme culinaire », et, jusque ici, il s’agissait de faire pleurer d’émotion, ou rire, ou mettre en colère… Difficile programme !

Le nouveau projet du constructivisme culinaire

Mettons-nous un pas en arrière de notre discussion, et regardons l’histoire de la cuisine. Le projet de la construction a surtout été promu par un grand Ancien : Marie-Antoine Carême, qui avait introduit la « cuisine monumentale ». Il s’agissait alors de construire, mais comme en architecture : des palais, des pagodes, des grottes… Et pourquoi pas des bateaux, des oiseaux, des marteaux ou des lampes ? A la réflexion, le projet avait peu de sens gustatif.
A tout le moins, il s’agirait aujourd’hui de le rénover, en proposant de construire des Arches de la Défense, ou des Beaubourg… mais à quoi bon ? Le sens gustatif manquerait toujours.
Je préfère te remémorer notre discussion, autour d’un médaillon de saumon fumé, sous une couche de gelée d’agrumes : on sentait d’abord l’agrume, puis le poisson ; on finissait dans une certaine vulgarité gustative. Nous avons retourné l’objet, et cette fois, tout était en place : on sentait d’abord le poisson, l’objet affiché, puis on terminait sur de la fraîcheur un peu amère et fraîche.
Le voilà, notre projet de « constructivisme culinaire » : il s’agit de construire, ancien ou moderne, peu importe, mais il nous faut un effet gustatif. La construction du constructivisme, c’est la recherche d’effets gustatifs, pas d’effets visuels. La cuisine n’est pas de l’architecture, comme le pensait Carême ; c’est d’abord de la cuisine.
Et quand nous admirons la construction, promesse d’effets gustatifs, nous ne manquons pas de dire « c’est beau ! ».
Pierre : ton sentiment sur cette entreprise rénovée ?

La science enchante le monde

 La science enchante le monde !
De nombreux journalistes m'ont posé cette même question : ne pensez-vous pas que l'explication des mystères de la cuisine fassent perdre de la beauté à la chose ? Jusqu'à présent, j'ai toujours répondu, métaphoriquement, que si vous allez au clair de lune avec votre amoureuse/x, savoir pourquoi la lune brille ne rend pas le moment moins merveilleux. C'est juste... mais je crois que ma réponse aurait dû être meilleure... et cela a à voir avec l'enchantement du monde. Oui, nous nous blasons à vivre dans la technique, laquelle est le fruit des études scientifiques. Un enfant des villes ne s'interroge pas, quand il fait du vélo, sur l'intelligence, le travail, qu'il a fallu pour construire son vélo. Des enfants devant des ordinateurs les utilisent, en ne cherchant même pas à savoir comment ces ordinateurs fonctionnent, et le moindre adulte peut conduire une voiture sans en connaître les principes pourtant simples. Faites donc l'expérience d'interroger, dans la rue ? De même, nous ne cherchons généralement pas à savoir comment poussent les carottes que nous mangeons, les arbres dont le bois font nos meubles... La technique que nous utilisons fait partie de notre "nature", ce qui, dit en passant, doit nous pousser à renouveler le merveilleux questionnement de John Stuart Mills (un de ceux qui ne tombent pas dans la désolante naïveté de ce Jean-Jacques Rousseau que j'aime de moins en moins, et notamment parce qu'il critiqua Denis Diderot - que j'aime plus chaque jour : une valeur sûre). Alors, finalement, la science qui explique les mécanismes, détruit-elle l'enchantement du monde ? Avons-nous besoin d'ajouter des fées, des lutins, des esprits des lieux, des... dieux ? Je crois, au contraire, que la volonté de comprendre le monde, dans la mesure où elle nous met le nez sur les phénomènes, est la garantie d'un enchantement incessant ! Une plante pousse : pourquoi ? Comment fonctionne un roulement à billes ? Et une dynamo ? D'ailleurs, rien ou presque rien n'est compris. Oui, un champ magnétique qui varie dans une bobine de fil conducteur engendre un courant électrique... mais pourquoi ? Oui, il y a les équations de Maxwell, qui relient l'électricité et le magnétisme. Oui, il y a la relativité qui relie le mouvement des charges électriques et le champ magnétique, mais pourquoi ? La science est dans le "comment", et non le "pourquoi" métaphysique, lequel sort intouché des explorations scientifiques. De sorte que non seulement nous pouvons aller du phénomène au mécanisme, mais, de surcroît, nous gardons notre question essentielle. Décidément, non, la science ne désenchante pas le monde. Au contraire !

Mon invention nommée "linnés"

 

Les linnés : des préparations avec colonne vertébrale et exosquelette



Mon cher Pierre


T’écrivant cette nouvelle idée, je me détecte un mécanisme technologique, qui est d’allier les contraires, de marier la carpe et le lapin…

Tiens, tu sais que certains animaux sont des vertébrés, avec un squelette interne, qui comporte une colonne vertébrale. Ils s’opposent aux invertébrés, qui ont un exosquelette : la carapace du crabe, de la langoustine, de la crevette, du grillon… Le rapport avec la cuisine ? Parfois, la chair est autour de l’  « os », mais parfois, il y a une coque dure, comme dans un bonbon de chocolat, ou comme dans une croquette, notamment cet extraordinaire « bâton royal » d’Edouard Nignon, où une coque de panure à l’anglaise était farcie d’une purée de fois gras.

Mais je m’égare : dans le principe, on rencontre donc le dur dedans, ou le dur dehors. Et pourquoi pas dans les deux ? Le brave Carl von Linné, père de la systématique moderne, pour classer les êtres vivants, en aurait été bouleversé, et voilà pourquoi je propose de nommer en son honneur ces préparations que je te propose aujourd’hui.


Un exemple


Je sais que mes généralités sont parfois difficiles à avaler pour mes amis, qui veulent du tangible, des exemples. Alors lançons-nous, même si ces idées culinaires ne valent rien artistiquement parlant.

Partons d’une amande, qui fera une colonne vertébrale, et mettons là au centre d’un petit cube de geoffroy, cette émulsion que l’on obtient en fouettant, par exemple, de l’huile d’olive dans un blanc d’oeuf. Puis cuisons au four à micro-ondes juste le temps de faire coaguler les protéines, ce qui engendre un « gibbs ». Enfin, passons alternativement, deux fois de suite, ce gibbs dans la panure et dans de l’oeuf battu, et faisons frire : nous formons une coque croustillante autour du tendre gibbs, lequel sera structuré par l’amande.

Un autre ? Cette fois, je m’inspire d’une idée de ton livre La cuisine des cinq saisons : on prend des zestes de citrons, de pamplemousses ou d’oranges, et on les taille en julienne que l’on fait sécher quelques heures à four doux. On met ces zestes dans un gel de gélatine : je te laisse décider du goût. Enfin, après avoir refroidi ces gels à colonne vertébrale de citrus, on les trempe dans du chocolat fondu pour faire prendre une coque, autour du gel.

Et ainsi de suite : le principe est toujours le même, avec un croustillant dans du tendre, lequel est dans du dur. Je suis bien certain que cela sera plus intéressant que ces croquettes, délicieuses certes, mais qui sont un peu décevantes, une fois l’effet de contraste initial passé.

Voilà pour les « linnés » : tu feras quoi de l’idée ?

Mes inventions : würtz et debye

 

La grande famille des würtz et des debyes  : comme chaque fois, je proposais à Pierre Gagnaire d'être le premier à les tester :

 

 

Mon cher Pierre

Il y a déjà bien longtemps, j'avais inventé les « würtz ». Puis j'ai inventé les debyes. Et voici, aujourd'hui, que je te propose des tas de mélanges, avec des tas de consistances différentes ! 

 

Les würtz ? On les obtient en foisonnant une solution de gélatine dans l'eau : on part d'eau (ou d'un liquide qui a du goût, tel que vin, bouillon, jus de fruit ou de légumes, fumets, fond…) et l'on dissout d'abord de la gélatine, puis on fouette pendant plusieurs minutes, alors que l'on refroidit. Ca mousse, ça mousse, ça mousse… Et l'on met la mousse au formée au froid : elle gélifie. C'est cela, le würtz initial. 

 

Mais je sais que tu préfère le würtz battu : au lieu de stocker la mousse au froid, afin que le liquide entre les bulles puisse gélifier, tu le bats très longuement, afin de briser le gel, pour obtenir une consistance bien plus souple. 

 

Dont acte… mais alors, tu te rapproches des « debyes », qui sont des gels broyés, comme tu en as utilisés dans le plat note à note qui a été nommé « chick corea ». Cette fois, le gel se forme, mais il est divisé mécaniquement en minigels, qui, surtout si l'on a ajouté un liquide pour le broyage, se retrouvent dispersés dans ce liquide. Avec plus ou moins de liquide, plus ou moins de broyage, on obtient des consistances différentes… qui ne sont toutefois pas foisonnées. 

 

 

 

Vers une autre solution 

 

 

En réalité, le würtz broyé ne s'obtient facilement que si l'on broye jusqu'au moment du service, et cela n'est pas très pratique, mais raisonnons : ce qui est visé, c'est un « système dispersé » avec des minigels ou des microgels, et des bulles de gaz. Pourquoi ne pas plutôt mêler, en proportions bien choisies, des debyes et des mousses ? 

 

Par exemple, au jus de framboise : 

1. dissolvons de la gélatine, ou de l'agar-agar, ou un autre gélifiant dans du jus de framboise, puis faisons gélifier. 

2. en ajoutant un liquide (du jus de framboise ou un autre liquide : jus de menthe, vin, etc), broyons le gel obtenu pour faire un debye 

3. à part, battons un blanc en neige, ou de la crème, ou faisons une meringue italienne, ou toute autre mousse 

4. puis mêlons la mousse au debye : soit tant pour tant, soit plus de la mousse, soit plus du debye : on obtient l'équivalent du würtz battu, mais bien plus rapidement, surtout si la mousse a été produite à l'aide d'un siphon, en quelques secondes ! 

 

Mais je veux aussi évoquer les « debyes hydrophobes », que l'on obtient en broyant le gel non pas dans une solution aqueuse, mais dans une matière grasse liquide (une « huile »). Par exemple, si tu broyes le gel dans une belle huile d'olive, ou de pistache, par exemple, tu obtiendras des résultats merveilleux. Sans compter que tu peux avoir infusé des produits dans l'huile, pour lui donner un goût sur mesure. 

 

Et c'est ainsi que tu obtiendras les souples consistances que tu cherches, en quelques instants ! 

 

 

 

Que feras tu de tout cela ? Finalement, combien de debye et de mousse décideras-tu  de mélanger, pour avoir le résultat que tu veux ? J'ai hâte de le savoir ! 


Oui, c'est bien moi qui ait inventé les "priestley"

 Et voici le texte que j'avais proposé à Pierre Gagnaire, et qui figurait sur son site : 


Les Priestley

Des « crèmes anglaises » de poisson ou de viande.


Priestley ? Un chimiste et théologien anglais qui isola de nombreux gaz, tel l’oxygène.

Joseph Priestley (1733 - 1804) avait été encouragé dans ses études scientifques par Benjamin Franklin, qu'il avait rencontré en 1766. C’est ainsi qu’il publia son Histoire de l'électricité, et qu’il découvrit notamment que le charbon de bois conduit l'électricité. En 1767, il observa que l'électrisation des corps conducteurs reste superficielle, alors qu’il devenait pasteur à Leeds, dans le Yorkshire.

Là, il commença l’étude de la nature chimique des gaz. Il faut ainsi un des pionniers de la « chimie pneumatique ». En raison de travail expérimental novateur, il fut élu à la Royal Society en 1772, année où il publia ses Observations sur différentes espèces d'air. Au moyen d'une cuve à mercure, Priestley isola des gaz, comme l'ammoniac, l'oxyde d'azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone. En 1774, il produisit pour la première fois de l'oxygène et comprit également son rôle dans la combustion, ainsi que dans la respiration des végétaux (1775). Cependant, partisan de la théorie du phlogistique, il nomma ce nouveau gaz l'air déphlogistiqué et ne comprit l'importance de sa découverte.


La classique crème anglaise


Ouf ! Mon cher Pierre, ne juges-tu pas « raisonnable » que je dédie un plat à un tel homme ? Il était anglais ; je te propose d’associer son nom à une « crème anglaise ».

Une crème anglaise, oui, mais pas une simple crème anglaise. Une préparation analogue, mais où l’œuf est remplacé dans sa fonction par des protéines différentes : de viande, de poisson !

La préparation ? Reprenons la recette de la crème anglaise pour bien comprendre. Il s’agit classiquement de battre du jaune d’œuf avec du sucre, jusqu’à ce que la préparation prenne une consistance lisse, plus blanche : on dit que la préparation doit « faire le ruban ». Puis on ajoute du lait et toutes sortes de produits qui contribuent au goût de la préparation, et l’on cuit, en faisant des huit au fond de la casserole jusqu’à ce que la crème épaississe.

Longtemps, la crème anglaise a été fautivement décrite comme une émulsion chaude… alors qu’il s’agit d’une « suspension ».

Suspension ? C’est le nom que les physico-chimistes donnent à des systèmes physiques faits d’une phase liquide, où sont dispersés des solides de très petites tailles, ce que l’on nommait naguère des dispersions « colloïdales » (de kolla, la colle). Bref, ce sont nombre de pâtes, par exemple, mais aussi des systèmes plus fluides, comme la classique crème anglaise. Parce que l’œuf coagule quand on le chauffe : la raison pour laquelle la crème « prend », c’est précisément que l’œuf coagule, et l’on voit d’ailleurs, au microscope, une myriade de petits agrégats solides, dans le liquide. Autrement dit, une crème anglaise réussie est pleine de grumeaux microscopiques. Le grumeau n’est dérangeant que lorsqu’il est perceptible.


De la crème anglaise aux Priestley


Que faire de cette connaissance ? De nouveaux mets. Pour faire une crème anglaise, il faut de l’œuf (le sucre est là pour donner une consistance sucrée, mais guère plus) et du liquide (le lait, classiquement, mais tout autre liquide convient.

Des protéines ? Les viandes en sont plein ! Les poissons aussi. Apprenons à broyer finement ces tissus musculaires, et nous récupérerons des protéines en solution. Plus exactement, la quantité de protéines récupérables dans un tissu musculaire broyé sera six à huit fois plus concentrée que dans un blanc ou que dans un jaune d’œuf.

A cette chair broyée, ajoutons un liquide : celui qui te convient, en salé ou en sucré. Puis un peu de matière grasse que tu émulsionnera pour retrouver celle de la crème anglaise, qu’elle soit apportée par l’œuf ou par le lait.

Puis chauffons, doucement : les protéines coaguleront et la crème prendra.

Est-ce une crème anglaise ? Je me suis souvent fait reprendre pour donner des noms classiques à des préparations modernes. Qu’à cela ne tienne. Introduisons un nouveau nom : ce sera de Priestley !




Mon invention des cristaux de vent : j'avais proposé à Pierre Gagnaire de la mettre en cuisine

 

Les cristaux de vent

Hervé This


Mon cher Pierre,

Je te prie d’accepter mes excuses : j’ai oublié de te décrire un résultat important, parce que j’en avais fait une expérience pour des enfants. Or je m’aperçois que ce résultat peut être utile à ta cuisine !

L’idée de base était de chercher pourquoi les blancs en neige blanchissent, pourquoi ils deviennent fermes et, surtout, combien de blanc en neige on peut faire avec un seul blanc d’œuf. Questions simples, dont j’ai fait le protocole d’un « Atelier expérimental du goût », à la demande de Jack Lang, quand il était ministre. Tout est sur le site du Centre de recherche et de documentation pédagogique (http://crdp.ac-paris.fr/artsculture/gout.htm) : protocoles, documents pédagogiques pour ceux qui voudront mettre les protocoles en œuvre avec des enfants des écoles, films montrant les expériences.

Le premier de protocole, donc, est un concours de blanc en neige : tous les enfants d’une classe, par binômes, doivent battre un blanc d’œuf, afin d’obtenir le plus possible de blanc en neige. Et je sais bien que les résultats de tous les groupes seront du même ordre : un petit quart de litre, guère plus.

En conclusion de ce protocole, j’invite à réfléchir à l’idée suivante : pourquoi n’obtient-on pas plus de mousse ? Si ça ne mousse pas plus, c’est qu’il manque quelque chose, mais quoi ? Pour répondre, il suffit de savoir que le blanc d’œuf est fait surtout de protéines et d’eau. Donc le blanc battu en neige est fait d’air, de protéines et d’eau. Il manque quelque chose pour obtenir plus de mousse : c’est donc soit d’air, soit de protéines, soit d’eau. L’air ne manque pas : la preuve en est que, quand on double le volume initial de blanc d’œuf (donc de protéines et d’eau), on obtient deux fois plus de blanc en neige. Donc on manque soit de protéines, soit d’eau, soit des deux à la fois.

De quoi manque-t-on ? Quand on ne sait pas, rien ne vaut une expérience bien pensée. Comme il est plus facile d’ajouter de l’eau que des protéines, je te propose d’ajouter de l’eau à un blanc battu en neige, et de continuer de battre. Le volume de mousse augmente ! Et un calcul simple montre que l’on peut ainsi obtenir plus d’un mètre cube de blanc en neige avec un seul blanc d’œuf !

Sans aller à cet excès, tu vois que l’ajout d’eau à un blanc battu permet de faire un volume de blanc en neige… qui tient un peu moins bien que du blanc classique, sauf si l’on ajoute du sucre, auquel cas on obtient un « appareil » à meringue française.


Bref, j’arrive à l’idée de ces meringues parfumées et allégées : tu bats un blanc en neige ; puis, quand il est monté, tu lui ajoutes un liquide parfumé et tu continues de battre. Quand tu juges le volume suffisant, ou la texture suffisamment légère, tu ajoutes du sucre (force la dose, pour que tout tienne bien) en continuant de battre. Enfin, en formant délicatement des tas de cet appareil sur un papier sulfurisé, tu cuis pendant 40 minutes à 120 degrés, puis tu sèches en réduisant la température à 100°C, houras ouverts. Tu verras : quelle légèreté, ces « cristaux de vent » !


Mon invention de l' "oeuf mi-cuit"

 Et voici le texte que j'avais envoyé à Pierre Gagnaire pour l'inviter à mettre mon invention en cuisine : 


Mi cuit !



Mon cher Pierre,

La cuisine a des mots qui invitent à l'invention. Par exemple, par ces temps de généralisation de mes œufs à basse température, sous la terminologie fautive (c'est ma faute!) d' « œuf parfait », il y a cette appellation que j'ai entendue : « mi cuit ».

En réalité, le « mi » fait penser à la moitié, mais la commande précise des températures permet d'obtenir des œufs « quart cuits », ou « tiers cuits », et ainsi de suite. De sorte que le mi-cuit n'est qu'une façon imprécise de parler. Or tu sais combien l'imprécision me gêne : autant j'aime la poésie, qui ne cherche pas la précision, et veut le sentiment, autant, quand il s'agit de faits, je réclame de la justesse.


Mi cuit, donc : de quoi s'agit-il ? Tu sais combien je m'amuse de ces propositions enfantines qui veulent nous cantonner dans les alternatives inévitables : « Papa, tu préfères les bananes ou les poires ? » (et je réponds : « les cassis »). Surtout, je cherche à ne jamais me laisser enfermer dans ces choix qui n'ont pas lieu d'être, ou, du moins, que je ne veux pas faire.

Mi cuit ? Puisque ce n'est pas cuit à moitié, pourquoi cela ne pourrait-il pas le devenir ?


C'est l'idée que je te propose. Prends un œuf, et mets-le dans une casserole, coincé par des fourchettes, de sorte qu'il ne puisse pas rouler. Puis met de l'eau dans la casserole, jusqu'à atteindre la mi hauteur. Et chauffe le tout pendant une bonne dizaine de minutes.

Laisse refroidir, puis, en conservant l'oeuf dans sa position, écalle-le : tu obtiens un œuf véritablement mi cuit, à savoir que la partie inférieure est celle d'un œuf dur, tandis que la partie supérieure est encore quasi crue, parfois cuite à basse température. Un bel objet.

T'inspirera-t-il ?

On connaissait quelques cuissons ; j'ai inventé les autres

 

Les doubles cuissons



On connaît les cuissons simples : la chaleur apportée aux aliments est communiquée par contact avec un solide, un liquide, un gaz, par rayonnement, par voie chimique, etc.

Douze sortes sont ainsi répertoriées


1. Deux cuissons par contact avec un solide chaud. La cuisson d’un steak s’apparente à cette technique : la cuisine classique ne mentionne-t-elle pas qu’un steak ne doit être retourné qu’une fois ? Il y a alors deux contacts avec le solide.

Mais on pourrait aussi varier les contacts, ou varier les températures des solides en contact. Par exemple, un premier contact avec un solide à température comprise entre 60 et 100°C ferait une cuisson à coeur, et un second contact ferait une croûte goûteuse (nommons ce procédé « double grillade »).

2. Première cuisson par contact avec un solide chaud, puis cuisson dans l’eau frémissante. Si le premier contact forme des arômes grillés, le second contact peut servir soit à cuire à coeur, avec diffusion de ces arômes, véhiculés par le liquide, soit à parfumer la sauce d’accompagnement, qui termine la cuisson (« grillade pochée »).

3. Contact avec un solide sec et cuisson dans l’eau bouillante : le procédé s’apparente au précédent, tout comme une daube s’apparente à un ragoût. Ce pourrait être une « grillade bouillie ».

4. Contact avec un solide chaud, puis cuisson dans un air tiède : pour voir l’intérêt d’un tel procédé, on remarquera que, souvent, les procédés de conservation des viandes ou des poissons éliminent l’eau de surface afin d’éviter la prolifération bactérienne. Ici ce n’est pas le sucre ou le sel qui fait cet effet, mais une cuisson de surface. On nommera ce procédé « grillade séchée » ou « grillade fumée ».

5. Par contact avec un solide chaud, puis cuisson dans de l’air très chaud : le premier contact crée des arômes de grillé, puis le second parachève la cuisson. C’est un moyen de limiter la carbonisation de surface. Il s’agit d’une sorte de « grillade rôtie au four».

6. Par contact avec un solide chaud, puis cuisson à l’air chaud humide : il y a plusieurs façons de s’y prendre, pour la premier partie de l’opération comme pour la seconde partie. Pour la première, on pourra effectuer soit une cautérisation au fer rouge, soit une cuisson sur une plaque de fonte. Puis on pourra enfermer dans une papillote, ou faire une cuisson en four vapeur. La première cuisson fera des arômes caractéristiques, et la seconde parachèvera la cuisson en limitant les pertes de matière. Ne s’agit-il pas d’une « grillade à la vapeur» ?

7. Par contact avec un solide chaud, puis par friture. C’est un bon procédé pour limiter la quantité d’huile qui entre dans les pièces frites. Une « grillade frite».

8. Contact avec un solide chaud, puis rayonnements infrarouges. Le solide fait des arômes de surface, et les rayonnements terminent la cuisson. Une « grillade rôtie ».

9. Contact avec un solide chaud, puis cuisson aux micro-ondes : les micro-ondes savent cuire à coeur, mais elles ne brunissent pas. Voici donc un premier moyen de faire cette couche de surface qui donne du goût. Il s’agit d’une sorte de « grillade micro-ondes».

10. Contact avec un solide chaud, puis cuisson par un acide : une intéressante variation du poisson à la tahitienne, qui ne cuit qu’à coeur, et de façon homogène. Je propose le nom de « grillade tahitienne».

11. Contact avec un solide chaud, puis cuisson par précipitation des protéines à l’alcool, au sucre ou au sel. Étrange procédé, que l’on pourrait nommer « grillade précipitée». C’est sans doute une façon de conserver moderne.

12. Contact avec un solide chaud, puis cuisson sous pression : un tel procédé aurait l’intérêt de créer des arômes puissants en surface, et de cuire à coeur sans perdre de jus. Hélas les cuisiniers n’ont pas (encore) d’appareils pour cuire par la seule application de la pression.


13. Cuisson dans l’eau frémissante, puis contact avec un solide chaud : cette fois, on parfume à coeur avec le liquide, puis on parachève la cuisson, en faisant une croûte sèche. Il s’agit d’un « pochage grillé»

14. Cuisson dans l’eau frémissante, puis eau frémissante : Pour que l’opération ait de l’intérêt, il faut sans doute que les deux liquides soient différents, et que l’opération évite le mélange des arômes dus aux deux liquides. Par exemple, on pourrait faire frémir une viande dans un vin, de sorte que ce dernier parfume à coeur, puis plonger la viande ainsi cuite dans un liquide dans un bouillon d’herbes corsé, afin de donner un goût de surface. Je propose le nom de « double pochage».

15. Cuisson dans l’eau frémissante, puis eau bouillante : pour trouver de l’intérêt à une telle opération, il faut sans doute, comme pour la précédente, que les deux liquides soient différents. Ici, de surcroît, l’eau bouillante durcirait la surface. Nommons l’opération « pochage bouilli».

16. Cuisson dans l’eau frémissante, puis friture : une cuisson à coeur, puis une friture, après une immersion éventuelle dans de la chapelure. L’intérêt est cette fois évident pour ce « pochage frit».

17. Cuisson dans l’eau frémissante, puis air tiède: ce sera sans doute un procédé de conservation. La cuisson dans l’eau frémissante sert à parfumer l’intérieur de la pièce ; elle doit durer longtemps. Puis la seconde opération est un séchage ou un fumage. Au total, je propose le nom de « pochage séché », ou « pochage fumé ».

18. Cuisson dans l’eau frémissante, puis dans l’air chaud : l’air, ici chaud, permet une cuisson sèche de la surface, qui recouvre un intérieur qui aura été précuit, éventuellement avec une aromatisation par le liquide de cuisson. Il s’agit d’un véritable « pochage rôti au four ».

19. Cuisson dans l’eau frémissante puis dans l’air humide : une sorte de « pochage à la vapeur».

20. Cuisson dans l’eau frémissante, puis rayonnements infrarouges : ce procédé s’apparente au précédent, tout comme la cuisson au four chaud s’apparente au rôtissage. Cette fois, c’est le « pochage rôti».

21. Cuisson dans l’eau frémissante, puis micro-ondes : analogue au procédé de double daube croûtée, il s’agit d’une «pochage aux micro-ondes ».

22. Cuisson dans l’eau frémissante, puis acidité : ce « pochage à la tahitienne » aura l’intérêt que l’acidité ne touche que les couches superficielles, et que le coeur aura cuit.

23. Cuisson dans l’eau frémissante, puis précipitation à l’alcool, au sucre ou au sel : ce « pochage précipité» servira pour des mets à conserver.

24. Cuisson dans l’eau frémissante puis application d’une pression : ce « baropochage » m’intrigue, et j’aimerais voir des résultats avant d’imaginer des applications culinaires.


25. Cuisson dans un liquide bouillant, puis contact avec un solide sec : un bien mauvais principe, sauf si la première cuisson est rapide, si elle s’effectue dans un liquide corsé, et si la seconde est plus lente. Un « bouilli grillé ».

26. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson dans un liquide frémissant cette fois, le principe est plus acceptable : c’est un « bouilli poché ».

27. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson dans un liquide bouillant : ce « double bouilli » ne peut avoir d’intérêt que si les deux liquides sont différents. Je propose une première ébullition, puis un repos, de sorte que la chaleur pénètre lentement et durablement à coeur, à la façon d’un gigot de onze heures. La seconde cuisson aurait ensuite la possibilité de parfumer en surface.

28. Cuisson dans un liquide bouillant, puis friture : ce « bouilli frit » est déjà pratiqué dans certaines recettes de frites. Mais on pourrait également le pratiquer pour de la viande, à condition que la première cuisson soit brève et que, comme dans le double bouilli, elle soit suivie d’un long repos.

29. Cuisson dans un liquide bouillant, puis séchage ou fumage : ce procédé de « bouilli séché» ou de « bouilli fumé» aurait l’intérêt de tuer les bactéries de surfaces, et de précuire la viande. La cuisson en liquide bouillant, en réduisant la jutosité, permet une conservation supérieure.

30. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson dans l’air très chaud : c’est le vieux procédé de « rôtissage médiéval» (voir le numéro 29) adapté pour le four, une sorte de « rôtissage médiéval au four ».

31. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson dans l’air humide : pour que ce « bouilli à la vapeur » soit intéressant, il faut que le liquide de la première cuisson soit corsé.

32. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson par des rayonnements infrarouges : cette fois, c’est le vieux procédé de « rôtissage médiéval ».

33. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson aux micro-ondes : encore une fois, le liquide bouillant de la première cuisson doit être très parfumé, afin qu’un échange ait lieu entre le bouillon et la viande ; puis la cuisson aux micro-ondes parachève la cuisson à coeur. Une sorte de « bouilli aux micro-ondes».

34. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson par un acide : une bonne façon de stériliser la surface, mais la première cuisson doit être rapide. Nommons-le « bouilli tahitien ».

35. Cuisson dans un liquide bouillant, puis cuisson au sucre, au sel, à l’alcool : sans doute un « bouilli précipité ».

36. Cuisson dans un liquide bouillant, puis application d’une pression : ce serait un barobouillii »


37. Friture, puis cuisson par contact avec un solide chaud : cette « friture grillée » est une façon d’obtenir une texture originale en surface,

38. Friture, puis cuisson dans un liquide frémissant : cette fois, c’est bien la viande qu’il s’agit de préparer, en récupérant des arômes de friture. Une sorte de « friture pochée».

39. Friture, puis cuisson dans un liquide bouillant : ce « friture bouillie» aurait l’avantage de dissoudre dans un bouillon les arômes de friture initialement formés : ce serait utile pour la confection du bouillon plus que pour la préparation de la viande.

40. Friture, puis friture : c’est un procédé qui existe déjà, par exemple pour la cuisson des pommes de terre frites. On le nomme « friture à deux bains ».

41. Friture, puis cuisson dans l’air sec tiède : pour cette « friture séchée », on donne un goût de fumé, par exemple, à une pièce frite.

42. Friture, puis cuisson dans l’air sec chaud : une « friture rôtie au four» pour un nouveau goût de rôti.

43. Friture, puis cuisson à la vapeur : le croustillant formé à la friture serait perdu, mais les arômes de friture seraient récupérés et répartis, lors de la cuisson à la vapeur. Au total, il s’agirait d’une « friture à la vapeur».

44. Friture, puis cuisson par rayonnement infrarouges : un excellent moyen pour obtenir à coup sûr une couche superficielle croustillante, le véritable « friture rôtie».

45. Friture, puis cuisson aux micro-ondes : ce procédé a l’inconvénient d’amollir le croustillant dû à la friture, mais il en récupère les arômes. Une « friture aux micro-ondes».

46. Friture, puis cuisson à l’acide : de nouveaux arômes en perspectives, pour cette « friture exotique ».

47. Friture, puis cuisson au sel, au sucre ou à l’alcool : encore des arômes, pour un moyen de conservation original, une « friture précipitée ».

48. Friture, puis application d’une pression : une « barofriture ».


49. Cuisson dans un air sec tiède, puis contact avec un solide chaud : ce « séchage grillé » donnerait un goût spécifique, alliant celui du séchage ou du fumage, et celui du grillé.

50. Cuisson dans un air sec tiède, puis contact avec un liquide frémissant : un « séchage poché » comme on le fait avec certaines saucisses fumées dans la choucroute, par exemple.

51. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson dans un liquide bouillant : pour la préparation d’un bouillon, ce « séchage bouilli » permettrait de récupérer un goût de fumé dans un bouillon.

52. Cuisson dans un air sec tiède, puis friture : un « séchage frit » qui procurerait sans doute des goûts nouveaux.

53. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson à l’air sec tiède : on pourrait imaginer un «séchage fumage », ou bien un « fumage séchage ».

54. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson à l’air sec chaud : ce « séchage rôti au four » ou ce « fumage rôti au four » se comprend bien surtout dans le second cas, à condition que le fumage initial ait été léger, et qu’il ait épargné le coeur.

55. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson à la vapeur : un « séchage cuit à la vapeur ».

56. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson par rayonnements infrarouges : un véritable « séchage rôti », ou un « fumage rôti ».

57. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson aux micro-ondes : un « séchage micro-ondé » pour une cuisson à coeur de pièces préfumées, par exemple.

58. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson à l’acide : un « séchage exotique » qui allierait le goût de fumé et le goût de cuisson à la tahitienne, à tester.

59. Cuisson dans un air sec tiède, puis cuisson par du sucre, du sel ou de l’alcool : un « séchage précipité ». C’est l’inverse de ce que l’on fait d’habitude pour la conservation des viandes. Je n’en vois pas l’intérêt.

60. Cuisson dans un air tiède, puis application d’une pression : un « baroséchage » qui pourrait assainir bien des produits de charcuterie (l’application d’une pression tue les micro-organismes).


61. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson par contact avec un solide chaud : un « rôti grillé ».

62. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson dans un liquide frémissant : c’est le « braisé à l’ancienne ».

63. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson dans un liquide bouillant : un rôti que l’on fait bouillir, c’est généralement pour en récupérer les arômes. Nommons le « rôti au four bouilli »

64. Cuisson dans l’air sec chaud, puis friture : une bonne façon d’avoir un bon croustillant, nommé un « rôti au four frit »

65. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson dans l’air sec tiède : un « rôti au four fumé » ou un «rôti au four séché ».

66. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson dans l’air sec chaud : un « double rôtissage au four »

67. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson à la vapeur : un « rôtissage au four et à la vapeur ».

68. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson par rayonnement infrarouges : un « double rôtissage mixte »

69. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson aux micro-ondes : un « rôtissage au four micro-ondé »

70. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson à l’acide : un « rôtissage four mariné » qui semble se rapprocher du procédé inverse. Les goûts seront-ils identiques ? Ici on ne peut toutefois pas attendre de croustillant.

71. Cuisson dans l’air sec chaud, puis cuisson au sel, au sucre ou à l’alcool : un « rôtissage four précipité » pour une conservation nouvelle.

72. Cuisson dans un air sec et chaud, puis application d’une pression : un « barotorissage ».


73. Cuisson à la vapeur, puis cuisson par contact avec un solide chaud : une « cuisson vapeur grillée » pour cuire la viande ou le poisson, en respectant ses arômes, puis en superposant des notes grillées qui ne diffuseront pas dans la pièce.

74. Cuisson à la vapeur, puis cuisson dans un liquide frémissant : une « cuisson vapeur pochée » qui n’aurait d’intérêt que si le liquide est corsé.

75. Cuisson à la vapeur, puis cuisson dans un liquide bouillant : une « cuisson vapeur bouillie » pour que le bouilli fasse une couche dure en surface.

76. Cuisson à la vapeur, puis friture : une « cuisson vapeur frite » afin de cuire à coeur et de frire. La cuisson à la vapeur permettrait d’avoir des arômes vrais à coeur, et la friture ferait un croustillant.

77. Cuisson à la vapeur, puis cuisson dans l’air sec tiède : une « cuisson vapeur séchée » qui serait sans doute un moyen de conserver les poissons ou les viandes.

78. Cuisson à la vapeur, puis cuisson dans l’air sec chaud : une « cuisson vapeur rôtie au four » afin de faire des notes de rôti après la cuisson à coeur.

79. Cuisson à la vapeur, puis cuisson à la vapeur : une « double cuisson vapeur »qui n’a d’intérêt que si les cuissons atteignent des profondeurs différentes, avec des parfums différents.

80. Cuisson à la vapeur, puis cuisson par rayonnement infrarouges : une « cuisson vapeur rôtie » afin d’obtenir, comme en 72, des notes rôties en surface.

81. Cuisson à la vapeur, puis cuisson aux micro-ondes : une « cuisson à la vapeur micro-ondée ». Je ne vois pas encore l’utilité.

82. Cuisson à la vapeur, puis cuisson à l’acide : une « cuisson à la vapeur exotique » pour obtenir des arômes exotiques dans la partie périphérique, tout en ayant une pièce bien cuite à coeur.

83. Cuisson à la vapeur, puis cuisson au sel, au sucre ou à l’alcool : une « cuisson à la vapeur précipitée » pour sécher la couche superficielle, après avoir cuit.

84. Cuisson à la vapeur, puis application d’une pression : une « barocuisson à la vapeur ».


85. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson par contact avec un solide chaud : un « rôtissage grillé » qui devrait procurer des arômes légèrement différents de ceux qui sont connus dans le rôtissage.

86. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson dans un liquide frémissant : un « rôtissage poché » pour disperser dans la viande les notes rôties formées lors du rôtissage.

87. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson dans un liquide bouillant : un « rôtissage bouilli » pour récupérer un bouillon au goût nouveau.

88. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis friture : un « rôtissage frit » serait une façon d’obtenir une bonne cuisson, et des goûts spécifiques.

89. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson dans l’air sec tiède : un « rôtissage séché » pour conserver les viandes ou les poissons.

90. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson dans l’air sec chaud : un « rôtissage rôti au four » dont je ne vois pas clairement l’intérêt.

91. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson à la vapeur : un « rôtissage à la vapeur » pour achever une cuisson en dispersant les arômes.

92. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson par rayonnement infrarouges : un « double rôtissage » qui ne se comprend que si la viande est différemment placée dans les deux cas : loin d’abord, puis près, ou l’inverse.

93. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson aux micro-ondes : un « rôtissage micro-ondé » pour parachever une cuisson, mais on perd le croustillant de surface.

94. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson à l’acide : un « rôtissage exotique » pour des goûts à découvrir.

95. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis cuisson au sel, au sucre ou à l’alcool : un « rôtissage précipité » pour les goûts spéciaux.

96. Cuisson par rayonnements infrarouges, puis application d’un pression un « barorôtissage », qui donnerait une croûte goûteuse et un coeur tendre.


97. Cuisson aux micro-ondes, puis contact avec un solide chaud : une « cuisson micro-ondes grillée » qui serait une bonne façon d’obtenir un croustillant de grillé, avec un coeur cuit.

98. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson dans un liquide frémissant : une « cuisson micro-ondes pochée » qui serait une façon d’accélérer un pochage dans un liquide parfumé.

99. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson dans un liquide bouillant : une « cuisson micro-ondes bouillie » : à tester pour savoir si le goût d’un bouillon serait différent du goût classique.

100. Cuisson aux micro-ondes, puis friture : une « cuisson micro-ondes frite »

101. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson dans un air tiède sec : une « cuisson micro-ondes séchée » pour cuire la viande à coeur avant de la sécher ou de la fumer.

102. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson dans un air sec chaud : une « cuisson micro-ondes rôtie au four » qui accélère le rôtissage au four.

103. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson à la vapeur : une « cuisson micro-ondes à la vapeur » pour personnes pressées. Pour que l’opération ait vraiment de l’intérêt, il faudrait que la vapeur soit parfumée.

104. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson aux infrarouges : une « cuisson micro-ondes rôtie » telle qu’on le fait quand on est pressé.

105. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson aux micro-ondes : pour que cette « double cuisson micro-ondes » ait de l’intérêt, il faut imaginer que les deux opérations aient des effets différents.

106. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson à l’acide : une « cuisson micro-ondes exotique » qui s’apparente à la cuisson des choux rouges ou des pommes de terre en salade. Dans le cas des choux rouges, il est dit que la marinade rend le légume plus digeste.

107. Cuisson aux micro-ondes, puis cuisson au sucre, au sel ou à l’alcool : une « cuisson micro-ondes précipitée » pour une conservation d’un type nouveau.

108. Cuisson aux micro-ondes, puis application d’une pression : une « barocuisson aux micro-ondes ».


109. Cuisson à l’acide, puis cuisson par contact avec un solide chaud : une « cuisson à la tahitienne grillée » pour obtenir des notes grillées. S’imagine facilement avec des viandes ou avec des poissons.

110. Cuisson à l’acide, puis cuisson dans un liquide frémissant : une « cuisson à la tahitienne pochée » qui impose un bouillon frémissant qui s’harmonise avec l’acide utilisé dans la première opération.

111. Cuisson à l’acide, puis cuisson dans un liquide bouillant : une « cuisson à la tahitienne bouillie » pour récupérer dans un bouillon le goût particulier de la cuisson à la tahitienne.

112. Cuisson à l’acide, puis friture : une « cuisson à la tahitienne frite » pour des arômes intéressants et nouveaux.

113. Cuisson à l’acide, puis cuisson dans un air sec tiède : une « cuisson à la tahitienne séchée » pour obtenir une bonne conservation, l’acide s’ajoutant à la déshydratation.

114. Cuisson à l’acide, puis cuisson dans un air sec chaud : une « cuisson à la tahitienne rôtie au four » déjà pratiquée par certains chefs qui ajoutent des notes rôties.

115. Cuisson à l’acide, puis cuisson à la vapeur : une « cuisson à la tahitienne et à la vapeur » pour être certain de la cuisson. Notons que les marinades sont accélérées à chaud, ce qui peut être le cas ici.

116. Cuisson à l’acide, puis cuisson aux infrarouges : une « cuisson à la tahitienne rôtie » telle qu’en font déjà certains chefs. Le rôtissage apporte des arômes de rôti appréciable.

117. Cuisson à l’acide, puis cuisson aux micro-ondes : une « cuisson à la tahitienne micro-ondée » qui serait parachevée par une cuisson à coeur.

118. Cuisson à l’acide, puis cuisson à l’acide : pour que cette « cuisson à la tahitienne double » ait de l’intérêt, il faudrait que les deux acides soient différents, et que la chair macère des temps différents, afin que les liquides atteignent des zones distinctes.

119. Cuisson à l’acide, puis cuisson au sucre, au sel, ou à l’alcool : une « cuisson à la tahitienne précipitée » : une façon de cuire à la tahitienne à coeur, puis de raidir l’extérieur.

120. Cuisson à l’acide, puis application d’une pression : une « barocuisson à la tahitienne ».


121. Cuisson par précipitation, puis cuisson par contact avec un solide chaud : une « précipitation grillée ». Le séchage superficiel au sucre aurait l’intérêt de provoquer, ensuite, une caramélisation avec les résidus de sucre, par exemple.

122. Cuisson par précipitation, puis cuisson dans un liquide frémissant : une « précipitation pochée », afin de faire une croûte de surface et une cuisson douce à coeur.

123. Cuisson par précipitation, puis cuisson dans un liquide bouillant : une « précipitation bouillie ». Je ne vois pas bien l’intérêt de l’opération.

124. Cuisson par précipitation, puis friture, une « précipitation frite ». La précipitation aurait l’intérêt de sécher la surface, ce qui faciliterait la friture.

125. Cuisson par précipitation, puis cuisson dans un air sec tiède : une « précipitation séchée » : c’est une façon traditionnelle de séchage ou de fumage, des jambons par exemple.

126. Cuisson par précipitation, puis cuisson dans un air sec chaud : une « précipitation rôtie au four » qui s’apparenterait à la cuisson du canard laqué.

127. Cuisson par précipitation, puis cuisson à la vapeur : une « précipitation à la vapeur » qui bénéficierait de la saveur sucrée ou salée de surface. On obtiendrait une croûte sur une chair délicatement cuite.

128. Cuisson par précipitation, puis cuisson aux infrarouges : une « précipitation rôtie » qui aurait l’avantage de faire une couche superficielle bien croustillante. D’ailleurs le procédé s’apparente à la cuisson du canard laqué.

129. Cuisson par précipitation, puis cuisson aux micro-ondes : une « précipitation micro-ondée ». Une façon de cuire à coeur après avoir fait une couche de surface. Pour une conservation ?

130. Cuisson par précipitation, puis cuisson à l’acide : une « précipitation à la tahitienne ». Une façon d’obtenir une couche de surface dure, et une cuisson à coeur par le procédé à la tahitienne.

131. Cuisson par précipitation, puis cuisson au sucre, au sel, ou à l’alcool : une « précipitation double ». Pour qu’elle ait de l’intérêt, on pourrait alterner les modes de précipitation. Il s’agit apparemment d’une conservation, plutôt que d’une cuisson.

132. Cuisson par précipitation, puis application d’une pression : une « baroprécipitation ».


133. Cuisson par application d’une pression, puis contact avec un solide chaud : une « barogrillade »

134. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson dans un liquide frémissant : un «baroétuvage »

135. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson dans un liquide bouillant :un « barobouilli »

136. Cuisson par application d’une pression, puis friture, une « barofriture »

137. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson dans un air tiède : un « baroséchage »

138. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson dans un sec chaud : un « barorôtissage »

139. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson à la vapeur : une « barocuisson à la vapeur ».

140. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson aux infrarouges : une « barogrillade »

141. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson micro-ondes : une « barocuisson aux micro-ondes ».

142. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson à l’acide : « baroprécipitation »

143. Cuisson par application d’une pression, puis cuisson au sucre, au sel, ou à l’alcool : une « barocuisson à la tahitienne ».

144. Cuisson par application d’une pression, puis par application d’une autre pression : une double « barocuisson ».