vendredi 23 décembre 2011

Un débat

Dans L'art de bien traiter, de L.S.R., on trouve ce passage remarquable, à propos d'un pâté de perdrix froid :
"Remettre par dessus les têtes de chacune, ce sont des grimaces de pâtissier, et c'est un ornement extérieur qui me paraît si bourgeois qu'à mon égard, je n'en puis souffrir la coutume ; à bon vin point de bouchon, c'est assez bien que le dedans soit bon sans le marquer par le dehors ; je trouve même qu'il y a plus de plaisir à être surpris par ce que souvent on n'attend pas".

C'est là un grave débat. Un vin blanc est blanc, et n'affiche-t-il pas son goût avec sa couleur ? Et pourquoi serait-il vulgaire d'afficher le contenu ? Ne peut-on au contraire revendiquer que l'apparence soit conforme au contenu ?

Dans les débats de ce type, il faut surtout agiter le drapeau "Mauvaise foi", et s'interroger, en prenant du recul. Comment faire nos travaux ? Comment les cacher, ou, au contraire, les afficher ? 

1 commentaire:

  1. Et pourtant en matière de peinture comme de vin, la réputation de l'artiste ou du cru joue un rôle capital dans l'appréciation du spectateur ou du consommateur :
    http://www.wired.com/wiredscience/2011/12/how-does-the-brain-perceive-art/
    J'ai bien compris en vous lisant dans Pour la Science qu'un noël de tendresse se prépare longtemps à l'avance pour donner à la dinde toute la consistance et le goût souhaités..
    En sommes en cuisine comme dans beaucoup d'activité visant à donner du plaisir, le temps doit être le juste temps adapté à notre attente faite de souvenir, du plaisir de la découverte, du partage avec des êtres chéris mais aussi du prix au sens propre comme au sens figuré que l’on est prêt à mettre pour l’obtenir.
    D'ailleurs le plaisir n'est-il pas souvent dans l'attente autant que dans la jouissance?
    L’attente déçoit rarement alors que la jouissance peut s’avérer très décevante…
    C'est peut-être pour cela qu’avant de déguster une bouteille de grande réputation, il n’est pas sans intérêt d’écouter patiemment et religieusement les explications du maître de chais, du sommelier ou de l’œnologue distingué, de sentir les délicates effluves de son bouquet et de deviner la variété de ses arômes, d’apprécier sa couleur, son intensité et ses nuances, d’admirer la brillance, la limpidité et la transparence de sa robe…
    Ces préliminaires, comme d’autres, attisent notre désir et nous prépare au plaisir de la de dégustation avant même que la première goute caresse notre palais.
    On pourrait facilement continuer la démonstration en parlant du rôle de la décoration d’une table de fête, de l’aspect d’un plat dans une assiette, de la présentation d’un dessert délicat et de bien d’autres exemples que certains esprits coquins ne manqueraient pas d’évoquer en matière de plaisir…
    Rien d'étonnant donc que nous soyons si mauvais juge en dégustation aveugle puisqu'on nous prive ainsi d'une grand partie du plaisir ....
    Joyeux Noël!

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