samedi 23 octobre 2010

Une langue pour penser

La Délégation générale à la langue française présente un rapport pour l'emploi de la langue française, mais ce rapport, qui revendique que les publicités soient clairement exprimées en français sur des produits vendus en France (un minimum, non?), appelle la réponse suivante :

Merci pour votre rapport, qui est très intéressant.
Je crois toutefois qu'il manque un paragraphe très offensif, sur la capacité d'une langue à penser.

Le grand Antoine Laurent de Lavoisier a écrit, suivant en cela Condillac, que l'on ne pourra perfectionner la science sans perfectionner la langue, et vice versa.
On disait de Pérec qu'il révisait les traductions de l'anglais sans connaître l'anglais, en repérant les structures bancales. Je crois que l'on peut dire assez justement que l'on peut corriger un devoir de science, voire un projet de publication scientifique dont on est rapporteur, simplement en lisant.

Ce qui pose d'ailleurs la question terrible suivante : si l'on entend un personnage politique ou un journaliste (ou tout autre personnage public) proférer des discours mal construits, peut-on supposer qu'il pense mal? Le physicien François Arago disait que la clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public, mais je crains que ce soit bien plus : la preuve d'une pensée maîtrisée !

Vive la langue française pour penser... et toute langue appropriée à son interlocuteur pour parler : l'allemand pour parler à des Allemands, l'anglais pour parler un vague charabia au monde, etc.

jeudi 21 octobre 2010

Juge et partie

Oui, il ne faut pas être juge et partie.

Conseiller scientifique de cette merveilleuse revue que j'ai construite pendant 20 ans et qui a pour nom "Pour la Science", je ne dois pas en faire la réclame (d'autant que j'y tiens une chronique mensuelle, intitulée "Science et gastronomie"), et pourtant...
Et pourtant, le dernier numéro spécial, consacré au temps, est absolument merveilleux !

dimanche 10 octobre 2010

Les sciences de la nature

Des amis avec qui nous discutions la question de la dénomination des "sciences" s'élevaient contre la terminologie "science quantitative", pour désigner les sciences dures, par opposition aux sciences molles. Ils observaient notamment que l'économie est une "science" très quantitative, au sens de la description (pas toute l'économie, toutefois).

En réalité, la question n'est pas qu'il y ait des sciences humaines et sociales, opposées à des sciences de nature. D'ailleurs, la terminologie "science de la nature" ne convient pas non plus, parce qu'il y a ce mot terrible de nature ! Les phénomènes qui sont observés lors de la mise en oeuvre d'objets technologiques sont-ils vraiment des phénomènes de la nature?

Non, la question, c'est qu'il y a des choses plus ou moins rigoureuses que d'autres, et que le rêve serait d'opposer ce qui est rigoureux et ce qui ne l'est pas. D'une certaine façon, la question du champ disciplinaire semble ainsi s'effacer devant la question de la méthode. Et c'est donc la méthode "scientifique" qui doit faire l'objet d'un intérêt tout particulier. A ce jour, je ne vois pas mieux que la nommer quantitative, légalisante, réfutante, expérimentale.

On va finir par croire que je suis négatif...

Mais il est vrai qu'il y a des trucs qui m'énervent!!!!!!!!!!


Ce matin, je reçois un email d'un correspondant charmant qui m'écrit :

"J'ai lu dans un magazine féminin (au demeurant complètement inintéressant) l'interview d'une nutritionniste (Catherine S L) qui explique que faire chauffer le fromage dénature les protéines et les rend toxiques.
J'avoue être assez sceptique, et je me permets de vous demander votre avis.
(Elle déclare également que le croissant ordinaire contient à peine moins de beurre que le croissant au beurre... et là, je suis encore plus sceptique, car il me semble que le croissant ordinaire n'est fabriqué qu'avec de la margarine.)


Ma réponse :

Hélas, le monde est plein d'ignorants qui se prétendent savants. Il y a quelques années, j'ai pris un ponte de la diététique qui n'avais que le mot "oméga 6" à la bouche en flagrant délit (par moi) de ne même pas savoir ce que c'était!

En réalité, c'était un mot qu'il (en réalité elle) manipulait à tout bout de champ... en l'utilisant d'ailleurs pour dire des choses fausses.
Je rappelle ici que je fais une différence entre la nutrition, qui est une science, et la diététique, qui est idéalement l'application de la nutrition.

Le fromage chauffé toxique ? Les gratins seraient alors à proscrire immédiatement, tout comme les raclettes, les fondues, etc. Et l'on devrait voir en Suisse une surmotalité... que les épidémiologistes ne voient pas.
Les protéines dénaturées toxiques ? Alors on n'a plus le droit de manger ni oeuf ni viande ni poissons cuits... parce que la cuisson commence par la dénaturation des protéines.

Je vous invite évidemment à envoyer à la rédaction du journal en cause ce type de remarques.

Mais soyons positifs.
Selon un ami qui est compétent en nutrition, lui, la seule règle est d'éviter les toxiques les plus puissants, et de manger de tout en petites quantités, sans oublier de faire de l'exercice.

vendredi 8 octobre 2010

A hurler de rire

On savait que la médecine populaire avait des travers ridicules... mais je viens de trouver bien mieux :

Vous vous rendez compte : sur le visage ! Et bientôt de la limace, en vente dans toutes les bonnes pharmacies...

mercredi 6 octobre 2010

nouveauté

C’est avec grand plaisir que je vous annonce la parution de « La chimie et
l’alimentation, pour le bien-être de l’homme », 4ème livre dans la série
des « La chimie et… ».

Ce sont douze chapitres et 244 pages qui nous plongent au cœur de la
chimie de nos aliments, leur saveur, leur couleur, leur texture, leurs
transformations dans la nature, au laboratoire, dans l’industrie
agroalimentaire, lors de la cuisson, de la digestion,… à travers les
siècles d’évolution de l’homme, de nos cousins primates au consommateur et
gastronome moderne, en passant par ceux qui ont connu la famine,… et les
réponses de l’homme, qui a développé l’agriculture, devenue intensive
aujourd’hui, en même temps qu’une recherche scientifique et technologique,
impulsée par les progrès sans précédents de la chimie, avec le
développement de la toxicologie, tout comme la gastronomie moléculaire,
etc. Tout cela pour nous permettre de manger, de manger mieux, de manger en
sécurité, bien équilibré, et avec plaisir si possible !

samedi 2 octobre 2010

La gastronomie

J'y pense : je n'ai pas mis sur ce blog une définition bien utile, donnée par Jean-Anthelme Brillat-Savarin, en 1825, soit un demi siècle après que Joseph Berchoux avait introduit le mot "gastronomie" en français :


DÉFINITION DE LA GASTRONOMIE :
18. - La gastronomie est la connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à l'homme, en tant qu'il se nourrit.
Son but est de veiller à la conservation des hommes, au moyen de la meilleure nourriture possible.
Elle y parvient en dirigeant, par des principes certains, tous ceux qui recherchent, fournissent ou préparent les choses qui peuvent se convertir en aliments.
Ainsi, c'est elle, à vrai dire, qui fait mouvoir les cultivateurs, les vignerons, les pêcheurs, les chasseurs et la nombreuse famille des cuisiniers, quel que soit le titre ou la qualification sous laquelle ils déguisent leur emploi à la préparation des aliments.
La gastronomie tient :
A l'histoire naturelle, par la classification qu'elle fait des substances alimentaires ; A la physique, par l'examen de leurs compositions et de leurs qualités ; A la chimie, par les diverses analyses et décompositions qu'elle leur fait subir ; A la cuisine, par l'art d'apprêter les mets et de les rendre agréables au goût ; Au commerce, par la recherche des moyens d'acheter au meilleur marché possible ce qu'elle consomme, et de débiter le plus avantageusement ce qu'elle présente à vendre ; Enfin, à l'économie politique, par les ressources qu'elle présente à l'impôt, et par les moyens d'échange qu'elle établit entre les nations.